Plaignant
Pierre Bourgeois
Mis en cause
Gilles Bordonado, journaliste, et La
Revue (Mascouche) (M.-F. Despatis, dir. générale)
Résumé de la plainte
Pierre Bourgeois porte plainte
contreLa Revue de Terrebonne et son rédacteur en chef Gilles
Bordonado à propos de deux articles parus dans l’édition du 10 novembre 1999.
Les articles traitaient des résultats des élections municipales de Mascouche.
Pierre Bourgeois était lui-même candidat dans le quartier 6 pour la formation
Vision Mascouche.
Griefs du plaignant
Le plaignant adresse trois
critiques à l’endroit du journaliste Gilles Bordonado. Il lui reproche tout
d’abord d’être en conflit d’intérêts dans le traitement de la nouvelle car sa
mère, Louise Bordonado, était l’une des candidates (élue) dans le quartier 7.
Par ailleurs, il réprouve l’utilisation du mot
« pulvérisé » que Gilles Bordonado a utilisé pour décrire
sa défaite. Il considère que ce terme porte atteinte à ses droits humains.
Enfin, il dénonce la chronique intitulée « Ouf la la … »,
dans laquelle le journaliste n’aurait pas fait preuve d’impartialité compte
tenu de son lien de parenté avec l’une des élues.
Commentaires du mis en cause
Gilles Bordonado, rédacteur en
chef, reconnaît effectivement que la candidate de Ralliement Mascouche dans le
quartier 7, Louise Bordonado, est bel et bien sa mère. Mais il ajoute que
« toutes les parties en présence étaient bien au courant de cette
situation, comme la directrice générale et éditrice de La Revue, Mme
Marie-France Despatis ». Il précise également qu’il n’a pas aidé sa
mère dans cette campagne, mais lui a plutôt indirectement nui eu égard à son
métier.
Le mis-en-cause explique également
que le journal avait établi une politique éditoriale claire dans la couverture
de cette campagne; « Je ne couvrais pas les conférences de presse de
Vision Mascouche, formation politique dont faisait partie M.
Bourgeois[mais] limitais mon travail aux conférences de presse de
Ralliement Mascouche et au déclenchement officiel de la campagne
électorale à la fin de septembre, je ne traitais plus d’élections dans ma
chronique commentaire « Libre opinion » ».
Le journaliste fait valoir que La
Revue ne dispose que de deux journalistes à temps plein sur la route. C’est
ce qui l’aurait obligé à suivre la campagne malgré tout. Il affirme également
que les deux formations politiques de Mascouche « ont eu droit à des
espaces semblables au cours de la campagne électorale ». De plus,
Pierre Bourgeois aurait été le seul candidat (des deux formations)
« à profiter d’une couverture individuelle » dans La
Revue (il joint l’article sur Pierre Bourgeois du 6 octobre 1999).
Enfin, le journaliste se justifie
quant à l’utilisation du verbe « pulvériser ». Il rappelle
à ce propos que « M. Bourgeois a été le candidat qui a été défait par
la plus grande proportion de vote (70.3 % contre 29.7 %) ». Le terme
employé servait selon Gilles Bordonado à » imager la défaite qu’il a
subie » et n’était pas une attaque personnelle à son endroit, à sa
réputation et « à ses droits humains », comme il le dit dans sa
lettre ».
Réplique du plaignant
Le plaignant n’a formulé aucune
réplique.
Analyse
Gilles Bordonado, chroniqueur et rédacteur en chef à La Revue de Terrebonne, se retrouve dans une situation délicate lorsque sa mère, Louise Fourtané-Bordonado, décide de se présenter comme conseillère aux élections municipales de Mascouche. Il est compréhensible que le caractère réduit de l’équipe journalistique de La Revue l’ait contraint à rechercher un compromis honorable plutôt qu’à renoncer totalement à traiter l’actualité politique. La plainte de Pierre Bourgeois, candidat battu à ces élections, met le doigt sur une situation qui a l’apparence d’un conflit d’intérêts. Or, par principe, les entreprises de presse et les journalistes doivent éviter non seulement les conflits d’intérêts, mais aussi toute situation qui risque de les faire paraître en conflit d’intérêts ou sembler avoir partie liée avec quelque pouvoir politique, financier ou autre. Dans le cas présent, l’examen des articles soumis par le plaignant fait apparaître que le journaliste a respecté l’éthique journalistique en s’abstenant de donner son avis sur les élections dans la rubrique libre opinion, jusqu’aux résultats du scrutin.
Par ailleurs, Pierre Bourgeois reprochait à Gilles Bordonado l’utilisation du terme « pulvérisé » pour décrire sa défaite en estimant que cela portait atteinte à sa réputation et à ses droits humains. Après analyse de l’article, il ne fait pas de doute que le journaliste a utilisé cette image pour illustrer la nette défaite du candidat et cela ne constitue en rien une attaque personnelle.
Le Conseil rappelle que les entreprises de presse doivent veiller, entre autres, à ce que, par leurs affectations, leurs journalistes ne se retrouvent pas en situation de conflit d’intérêts. Les journalistes, aux yeux du Conseil, doivent toujours tendre à éviter tout conflit d’intérêts, réel ou apparent, quelles que soient les conditions locales ou la taille du journal. Cependant, compte tenu de la situation de La Revue de Terrebonne et des précautions prises par le journaliste, le Conseil de presse rejette la plainte à l’endroit de Gilles Bordonado.
Analyse de la décision
- C17E Attaques personnelles
- C22F Liens personnels