Plaignant
Michel Gaudette
Mis en cause
Le Journal de Montréal (Paule
Beaugrand-Champagne, rédactrice en chef)
Résumé de la plainte
Michel Gaudette porte plainte
contre Le Journal de Montréal au sujet de la publication de la chronique
de Mgr Jean-Claude Turcotte.
Griefs du plaignant
Selon le plaignant, « la
publication même de cette chronique constitue une atteinte au principe de
neutralité journalistique puisque la pareille n’est pas offerte aux représentants
d’autres dénominations, ce qui respecterait les nombreux lecteurs
non-catholiques du Journal ». M. Gaudette considère que
« l’exclusivisme romain constitue […] une insulte en regard des choix
injustes du journal ».
Commentaires du mis en cause
Mme Beaugrand-Champagne, rédactrice
en chef, articule ses commentaires autour de trois arguments. Premièrement,
elle rappelle que « chaque média d’information est libre de […]
choisir quelles chroniques il publie, […] en fonction des désirs et des besoins
de son public lecteur ». Deuxièmement, Mme Beaugrand-Champagne fait
remarquer que Le Journal de Montréal « compte environ
un million de lecteurs et choisit de répondre à certains de leurs besoins mais
certainement pas à tous ». Enfin, la rédactrice en chef du Journal
de Montréal signale que selon le dernier recensement disponible,
« le Québec comporte 5 861 200 personnes se déclarant catholiques,
sur une population de 6 810 300″. Voilà pourquoi la chronique du
Cardinal Jean-Claude Turcotte répond « à des attentes d’une majorité
de […] lecteurs ».
Réplique du plaignant
Le plaignant souhaite préciser
qu’il ne veut pas « dicter au journal ce qu’il doit publier ou
non ». Il insiste sur le fait que ce qui est en cause dans sa
plainte, « c’est que la perspective de traitement en matière de
religion ou d’actualité religieuse ne reflète en rien la pluralité
confessionnelle [des] lecteurs du journal ». Michel Gaudette ne
désire pas voir la chronique de Mgr Turcotte disparaître mais juge que le
journal devrait offrir « la possibilité occasionnelle à des
représentants d’autres confessions […] de s’exprimer « .
Analyse
L’attention que les médias décident de porter à un sujet particulier relève de leur jugement rédactionnel. Le choix de ce sujet et sa pertinence, de même que la façon de le traiter, leur appartiennent en propre. Nul ne peut dicter à la presse le contenu de l’information sans s’exposer à faire de la censure ou à orienter l’information.
Dans le cas soumis à l’attention du Conseil de presse du Québec, la légitimité d’une seule chronique religieuse, en l’occurrence catholique, dans les pages du Journal de Montréal était remise en question, au nom de la neutralité journalistique.
Il est pratiquement impossible de définir l’intérêt public d’une façon précise. Cependant, tous conviennent qu’il se distingue de l’intérêt particulier, qu’il ne se limite ni au présent ni à l’immédiat et qu’il change selon les individus et les groupes, les lieux et les temps. Compte tenu de la proportion de Québécois qui se reconnaissent comme catholiques, il est légitime qu’un journal national leur propose dans ses colonnes une chronique.
Il est tout à fait fondé pour Le Journal de Montréal de chercher à rejoindre son lectorat, en choisissant de s’intéresser principalement à la religion majoritairement présente chez ce dernier, que ce soit en pratique ou par tradition.
Pour toutes ces raisons, le Conseil de presse rejette la plainte à l’endroit du Journal de Montréal.
Analyse de la décision
- C12A Manque d’équilibre