Plaignant
Michel Gaudette
Mis en cause
Le Nouvelliste (Jean Sisto,
président et éditeur)
Résumé de la plainte
Michel Gaudette porte plainte
contre Le Nouvelliste à propos de sa chronique religieuse,
« Propos et réflexion », écrite par deux évêques. Le
plaignant considère que le journal devrait offrir le même type de tribune à la
confession protestante.
Griefs du plaignant
Michel Gaudette accuse la direction
éditoriale du Nouvelliste de manquer de neutralité journalistique.
« Des représentants de confession protestante ont [dit-il] adressé
officiellement à M. Jean Sisto [président et éditeur du quotidien] une demande
à l’effet de pouvoir à leur tour s’exprimer dans les pages du journal dans le
cadre aussi d’une chronique. Ils n’ont jamais eu de réponse. Michel Gaudette
qualifie de « favoritisme » l’attitude du journal.
Commentaires du mis en cause
Jean Sisto, président et éditeur,
juge la plainte de M. Gaudette « irrecevable ». Cette
plainte toucherait « à la politique éditoriale du Nouvelliste
qui n’est pas neutre ».
Réplique du plaignant
Selon le plaignant, si le choix
d’avoir une chronique catholique s’inscrit dans sa politique éditoriale,
« cela implique que Le Nouvelliste est en fait un journal
catholique ». Il interroge l’éditeur sur la « disposition
de sa politique éditoriale [qui] justifie son refus d’inclure dans son
quotidien les points de vue de confessions autres que catholiques ».
Analyse
Précisons à priori que le Conseil de presse ne partage pas ici l’avis du mis-en-cause quant à la présumée irrecevabilité de la présente plainte. Aussi le dossier a-t-il été étudié par les membres du Conseil.
Michel Gaudette reproche au Nouvelliste de ne pas offrir aux lecteurs protestants la possibilité de s’exprimer dans ses pages alors qu’il publie une chronique catholique romaine. D’autres plaintes similaires ont déjà été portées à notre attention par Michel Gaudette. L’une mettait en cause Le Journal de Montréal, l’autre, Le Devoir. À ces occasions, le Conseil de presse a déjà rappelé que l’attention que les médias décident de porter a un sujet particulier relève de leur jugement rédactionnel. Le choix de ce sujet et sa pertinence, de même que la façon de le traiter, leur appartiennent en propre. Nul ne peut dicter à la presse le contenu de l’information sans s’exposer à faire de la censure ou à orienter l’information.
Michel Gaudette prétend que si le choix du Nouvelliste d’avoir une chronique catholique s’inscrit dans sa politique éditoriale, « cela implique que Le Nouvelliste est en fait un journal catholique ». Or, le Conseil de presse estime qu’en matière d’éditorial et de commentaire, l’éditeur est libre d’exclure les points de vue qui s’écartent de la politique du média, sans qu’une telle exclusion puisse être considérée comme privant le public de l’information à laquelle il a droit.
Le Conseil de presse rappelle également qu’un journal a le droit de tenir compte de la composition de son lectorat pour adapter son contenu rédactionnel aux intérêts de celui-ci. Si son lectorat est catholique romain, en pratique ou par tradition, alors le journal est en droit d’accorder une couverture privilégiée à cette religion.
Pour toutes ces raisons, le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de Michel Gaudette contre Le Nouvelliste.
Analyse de la décision
- C12A Manque d’équilibre