Plaignant
J. J. Luc Monday
Mis en cause
Robert Desrosiers, animateur, et Corporation
de Télédiffusion Brandon (Gilles Comeau, président)
Résumé de la plainte
J. J. Luc Monday porte plainte
contre Robert Desrosiers, maire de la ville de St-Gabriel et animateur d’une
émission d’affaires publiques sur CTB-TV. Il s’agit de la deuxième
plainte de J. J. Luc Monday à l’endroit de Robert Desrosiers. La première a donné
lieu à un blâme du Conseil de presse le 15 mars 2000 contre l’animateur-maire
et la Corporation de télédiffusion Brandon. Le Conseil de presse a
invité la Corporation de Télédiffusion Brandon à redéfinir cette
émission, soit en une émission identifiée clairement comme la tribune du maire
Desrosiers, soit en une véritable émission d’affaires publiques présentée par
un animateur empreint d’objectivité. La première plainte portait sur des
émissions diffusées en mars et avril 1999, celle-ci porte sur une émission du
15 novembre 1999.
Griefs du plaignant
Les griefs de M. Monday sont
sensiblement les mêmes que lors de la première plainte. M. Desrosiers n’avait
pas encore été blâmé au moment de la diffusion de la seconde émission mise en
cause. Simplement, une plainte pour conflit d’intérêts avait déjà été déposée
par M. Monday qui attire l’attention sur ce point. Robert Desrosiers a, à
nouveau, interprété en ondes un conflit entre le plaignant et la ville de
St-Gabriel.
Robert Desrosiers aurait
« commenté de façon partielle et partiale une plainte
privée » que J. J. Luc Monday tentait de déposer contre la ville de
St-Gabriel à la cour municipale, la M.R.C. d’Aufrey. Les propos de l’animateur
auraient « un caractère libelleux ».
Commentaires du mis en cause
Commentaires des avocats de la
société Yanakis et Yanakis, représentant les intérêts de la Corporation de
Télédiffusion Brandon et monsieur Desrosiers:
Les mis-en-cause considèrent que
« le Conseil de presse ne saurait avoir juridiction en l’espèce
puisqu’il ne s’agit pas d’un acte de journalisme ». Considérant tout
de même les griefs qui sont émis à leur encontre, ils font valoir le fait que
« ce type d’émission confère à l’animateur une grande latitude qui
lui permet de faire appel à la polémique ». Ainsi, Robert Desrosiers
n’aurait pas manqué à l’éthique journalistique. Quant à l’accusation de conflit
d’intérêts, les mis-en-cause la désavouent en regard du respect du genre
journalistique approprié, le mode de traitement d’une émission d’affaires
publiques. Ce genre conférerait à l’animateur « une grande latitude
dans l’expression de son point de vue et de son jugement et dans le style qui
lui est propre ». Ils rappellent également que Robert Desrosiers agit
à titre purement bénévole.
Réplique du plaignant
J. J. Luc Monday insiste sur le
conflit d’intérêts dans lequel se trouve Robert Desrosiers. Il ajoute que le
maire est dans une situation d’autant plus contestable qu’il est également
secrétaire du conseil d’administration de CTB-TV.
Analyse
Le maire de la ville de St-Gabriel, M. Desrosiers, se place dans une situation de conflit d’intérêts en animant une émission d’information sur le réseau de la Corporation de Télédiffusion Brandon, parallèlement à sa fonction politique. Cette situation a déjà été dénoncée par le Conseil de presse le 15 mars 2000 suite à une plainte de M. Monday.
Bien qu’il ait eu connaissance de la plainte déposée contre lui, M. Robert Desrosiers a à nouveau commenté en ondes, de façon partiale et déséquilibrée, les conflits qui opposent M. Monday à la mairie de St-Gabriel. Après avoir analysé le contenu de l’émission « Affaires publiques » diffusée le 15 novembre 1999, le Conseil de presse retient à l’endroit de M. Desrosiers les griefs de partialité, de conflit d’intérêts et de manque d’équilibre. En effet, M. Desrosiers a insisté sur le cas de M. Monday sans jamais permettre à celui-ci de s’exprimer. Or, les émissions qui appartiennent à la fois à la catégorie des programmes d’affaires publiques et de service à la communauté sont astreintes aux mêmes exigences de rigueur et de qualité que tout autre émission d’information.
Le Conseil de presse enjoint à nouveau la Corporation de Télédiffusion Brandon à redéfinir cette émission, soit en une émission identifiée clairement comme tribune du maire Desrosiers, soit en une véritable émission d’affaires publiques présentée par un animateur empreint d’objectivité.
Parallèlement à ces recommandations, le Conseil adresse un second blâme à M. Robert Desrosiers et à la station CTB-TV.
Analyse de la décision
- C12C Absence d’une version des faits
- C13A Partialité
- C14A Sensationnalisme/exagération/insistance indue
- C15J Abus de la fonction d’animateur
- C17D Discréditer/ridiculiser
- C17E Attaques personnelles
- C22B Engagement politique
- C22H Détourner la presse de ses fins
Date de l’appel
31 August 2000
Décision en appel
Après examen, les membres de la
Commission, présidée par M. Michel Roy, ont conclu à l’unanimité de maintenir
la décision rendue en première instance et de rejeter conséquemment l’appel.
Dans son analyse, la Commission d’appel a tenu compte du contexte précis de
l’émission diffusée le 15 novembre 1999 sur les ondes de CTB, laquelle
transgressait les normes éthiques d’une émission dite d’affaires publiques,
principalement en regard de la notion de conflit d’intérêts. Voici ce qu’en
dit, à ce propos, la déontologie du Conseil:
Les entreprises de presse et les
journalistes doivent éviter non seulement les conflits d’intérêts, mais aussi
toute situation qui risque de les faire paraître en conflit d’intérêts ou
sembler avoir partie liée avec quelque pouvoir politique, financier ou autre.
Dans l’exercice de leur
fonction, les professionnels de l’information ne doivent pas se faire les
publicistes ou les promoteurs des mouvements dans lesquels ils militent […}.
Sans doute n’est-il pas superflu de
préciser ici que le cumul des fonctions de maire et de journaliste, par une
seule et même personne, est professionnellement – autant que sur un plan
éthique – incompatible.
En revanche, les membres de la
Commission ont pris bonne note de l’amendement apporté à l’identification de
l’émission – ou d’une partie de l’émission – animée par M. Desrosiers, en
» Chronique du Maire « , et encouragent la direction de Corporation de
télédiffusion Brandon à maintenir, voire même à raffermir cette distinction
essentielle au droit du public à une information impartiale et de qualité.
Griefs pour l’appel
Me Chantal Paquet de Yanakis 1/4
Yanakis interjette appel à la décision du Conseil de presse.