Plaignant
Jean-Paul
Paquette
Mis en cause
La
Presse (Marcel Desjardins,
vice-président et éditeur adjoint)
Résumé de la plainte
Jean-Paul Paquette porte plainte contre le journal
La Presse pour sa publication du 30
décembre 1999. La une de cette édition contiendrait des «allégations à
caractère politique présentées comme de l’information».
Griefs du plaignant
Jean-Paul Paquette considère que le quotidien
La Presse se fait régulièrement
«agent de désinformation». Il accuse la rédaction de «faire
dire à l’information ce qu’elle veut lui faire dire». Le plaignant
prétend même qu’«en comparant l’information produite par La Presse
Canadienne à celle de la rédaction de
La Presse, l’évidence saute aux
yeux». Il prend pour exemple «l’affaire Lebel» mise à la
uneet conteste sur le fond le traitement qui en est fait par le journal.
D’une manière générale, quand il s’agit d’information politique,
La Presse jouerait selon Jean-Paul
Paquette, les rôles de «témoin, d’avocat et de juge». Enfin, le
plaignant qualifie de «déplorable et nuisible à l’intérêt public le
marketing politique auquel La Presse se
livre».
Commentaires du mis en cause
Marcel Desjardins, vice-président et éditeur adjoint,
explique que ce qui est demandé «aux préposés au pupitre qui titrent les
articles de
La Presse», c’est «de faire en sorte que les
titres qu’ils choisissent reflètent le contenu des articles». Selon lui,
ce fut le cas pour la une mise en cause par le plaignant. Par ailleurs, il
dément l’accusation faite contre sa rédaction d’«avoir essayé de faire
dire à l’information autre chose que son sens le plus strict»; pour
prouver ses dires, Marcel Desjardins joint deux articles de
La Presse Canadienne sur ce que le
plaignant appelle «l’affaire Lebel» et sur les dépenses du
gouvernement du Québec pour les soins de santé.
Réplique du plaignant
Jean-Paul Paquette précise que sa plainte «ne portait
pas sur le contenu des articles publiés par
La Presse[…] mais sur le
traitement dont ladite information est l’objet, principalement celle publiée en
page une». Ce qu’il qualifie de « traitement», c’est «le fait
qu’une certaine information soit sélectionnée pour être publiée en page une;
que les titres, les sous-titres et l’entrée en matière des articles visent à
orienter le lecteur vers une conclusion déterminée». Selon le plaignant,
«ce qui relève de l’éditorial devrait être laissé aux
éditorialistes».
Analyse
Jean-Paul Paquette accuse la rédaction du quotidien La Presse de se faire «agent de désinformation». Pourtant, l’analyse de la une du 30 décembre 1999, particulièrement critiquée par le plaignant, ne laisse apparaître aucun manquement à l’éthique journalistique. Deux articles mis en cause, l’un sur le rapport de la Commission Moisan au sujet de Me Charles Chevrette, l’autre sur les dépenses du Québec pour les soins de santé, ont été comparés à ceux émis sur les mêmes sujets par La Presse Canadienne. Aucune divergence significative de traitement, tant sur le fond que sur la forme, n’a été mise au jour lors du parallèle.
Selon le plaignant, c’est le traitement du journal, soit «le fait qu’une certaine information soit sélectionnée pour être publiée en page une» qui serait critiquable pour sa partialité. Dans cette optique, il est important de rappeler qu’il appartient aux médias et aux professionnels de l’information d’évaluer ce qui est d’intérêt public. Pour cela, ils doivent faire abstraction de leurs intérêts personnels, de leurs préjugés. Les choix au niveau rédactionnel relèvent de leur jugement, ils doivent être faits en toute indépendance et demeurer libres de toutes contraintes.
Or, la crédibilité de la rédaction de La Presse n’est pas remise en cause par les articles examinés. Il en va de même pour l’ensemble de la une, contrairement aux appréciations du plaignant. Les accusations exprimées par celui-ci ne sont d’ailleurs accompagnées d’aucun élément tangible.
Pour toutes ces raisons, le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de Jean-Paul Paquette à l’égard de La Presse.
Analyse de la décision
- C03 Discrétion rédactionnelle
- C11 Exactitude de l’information
Date de l’appel
31 August 2000
Décision en appel
Après examen du dossier, les membres de la Commission rejettent
unanimement l’appel de M. Paquette.
Griefs pour l’appel
M. Paquette interjette appel à la décision du Conseil de
presse.