Plaignant
Pierre Pilloud
Mis en cause
Le Journal de Québec (Jean-Claude L’Abbée, éditeur)
Résumé de la plainte
Pierre Pilloud porte
plainte contre Le Journal de Québec
pour avoir fait paraître le 12 décembre 1999 une photo montrant une danseuse
nue devant un homme et ce, pour illustrer un article sur le traitement par la
Cour suprême de la question de la norme de tolérance de la société, notamment
sur les contacts pendant les « danses à 10 $ ».
Griefs du plaignant
Le plaignant aimerait « encourager la presse à promouvoir
des valeurs constructives pour notre société » et
regrette donc la parution d’une photo qu’il juge obscène dans un
journal accessible à tous. Il ajoute
aussi, que les lecteurs ne peuvent pas
s’attendre à trouver des photos de ce genre dans un journal à grande diffusion.
Commentaires du mis en cause
Pour Jean-Claude
L’Abbée, éditeur, la photo sert à illustrer l’article, qui aborde la question
de la décence des touchers effectués lors des danses contact. De plus,
l’éditeur du Journal de Québec
soutient que le rôle d’un média est d’être le témoin de la société, sans
toutefois dépasser les limites de la tolérance de celle-ci. Or, il estime avoir
utilisé des images moins frappantes que certains autres médias dans le
traitement du même sujet, et considère que c’est au lecteur de faire un choix
entre les différents journaux.
Réplique du plaignant
Pour le plaignant, la
responsabilité du journal n’est pas de décrire la société, mais plutôt de ne
pas causer de tort à autrui. Il regrette que le journal n’ait pas compris qu’il
était lu par un large public et donc que son rôle était de répondre aux
attentes de celui-ci, en évitant de publier des images pouvant déranger. Enfin,
il pense que la publication d’une photographie obscène n’apporte rien à la
compréhension de l’article.
Analyse
La liberté de la presse et le droit à l’information seraient compromis si, dans leur façon d’illustrer les événements, les médias et les journalistes devaient donner à ces derniers un sens qu’ils n’ont pas ou encore cacher images, commentaires et sons qui font partie intégrante de l’information, même si, ce faisant, les médias heurtent la sensibilité des personnes en cause et du public.
Le plaignant reprochait au mis-en-cause d’avoir accompagné d’une photographie très suggestive un article portant sur la norme de tolérance de la société en regard des danses contact, une question alors soumise à l’examen de la Cour suprême du Canada.
Or, si le Conseil de presse comprend que la photographie en cause ait pu choquer certains lecteurs en raison de son aspect à la limite du sensationnalisme, il considère, que le Journal de Québec pouvait librement, en vertu de la liberté rédactionnelle, illustrer son article de cette façon, tout comme l’ont fait d’autres médias. Aussi sensationnaliste soit-elle, la photographie incriminée n’en témoigne pas moins d’une réalité sociale.
Le Conseil rappelle que l’existence d’une presse libre et le droit à l’information seraient tout aussi gravement compromis si quelqu’un s’arrogeait le droit d’interdire aux médias de prendre et de diffuser les photos qu’ils jugent d’intérêt public.
Aussi, tenant compte de ces considérations, le Conseil de presse rejette la plainte de M. Pilloud contre Le Journal de Québec.
Analyse de la décision
- C11F Titre/présentation de l’information