Plaignant
Jean-Paul Paquette
Mis en cause
La Presse (Marcel
Desjardins, vice-président et éditeur adjoint)
Résumé de la plainte
M. Paquette porte
plainte contre La Presse pour manipulation
de l’information, à la veille du Congrès du Québec et de la Jeunesse. Dans la
une datée du 22 février 2000, le journal aurait tenté de façonner l’opinion
publique.
Griefs du plaignant
Jean-Paul Paquette pense que le titre, « Le Sommet de la
jeunesse réglé au « souper des riches » », a participé au déclenchement
de la manifestation des jeunes, lors de l’ouverture du Congrès du Québec et de
la Jeunesse. En effet, il soutient que le journal a voulu influencer les
participants au Congrès ainsi que l’opinion publique. Le plaignant reproche
donc à La Presse de faire de la
propagande en poussant ses lecteurs à des conclusions prédéterminées.
Commentaires du mis en cause
M. Marcel Desjardins, vice-président et éditeur adjoint,
reconnaît qu’à la veille du Congrès, le titre du journal a eu un effet de
surprise. Toutefois, il réfute l’accusation d’orientation de l’information et
explique que sa nouvelle était fiable, puisque la rencontre, précédant le
Congrès et visant à créer un fonds partenariat-jeunesse, avait eu lieu en
l’absence des jeunes et des femmes. Pour le vice-président de
La Presse, les informations transmises
permettaient donc seulement de mieux appréhender la préparation du Sommet.
Réplique du plaignant
Le plaignant accuse le journal d’avoir sciemment omis
le fait que le Congrès était celui du Québec et de la Jeunesse, un carrefour
pédagogique pour les jeunes. M. Paquette pense que
La Presse a voulu encourager les jeunes à organiser un Sommet
parallèle afin qu’ils expriment leurs frustrations. Or, selon lui, cela était
inopportun puisque la société canadienne, bien que riche, ne peut résoudre tous
les problèmes.
Analyse
L’attention que les médias décident de porter à un sujet particulier relève de leur jugement rédactionnel. Le choix de ce sujet et sa pertinence, de même que la façon de le traiter, leur appartiennent en propre. Nul ne peut dicter à la presse le contenu de l’information sans s’exposer à faire de la censure ou à orienter l’information.
Dans le présent cas, le plaignant reproche au journal d’avoir tenté de façonner l’opinion publique. Selon lui, La Presse aurait encouragé les jeunes à manifester en leur affirmant que leur avis était mis de côté lors de leur propre Congrès.
Le Conseil ne saurait nier au journal et à son éditeur le droit de déterminer le contenu de ses pages, sans risquer de devenir un censeur de l’information. La Presse pouvait donc légitimement informer son lectorat que la création d’un fonds partenariat-jeunesse par le gouvernement s’effectuait sans la présence des jeunes et avant même l’ouverture du Congrès. Le lecteur avisé de ces dernières décisions pouvait alors se forger librement une opinion sur l’ambiance du Congrès.
Le Conseil ne peut pas non plus reprocher au quotidien, sans risquer de tomber dans le procès d’intention, un manque d’impartialité ou une tentative quelconque de manipulation de l’information dans le traitement journalistique effectué.
Pour toutes ces raisons, le Conseil rejette la plainte de M. Paquette à l’endroit de La Presse.
Analyse de la décision
- C03B Sources d’information
- C13A Partialité
- C13B Manipulation de l’information