Plaignant
Mai Nguyen
Mis en cause
Mike King, journaliste et The Gazette (Raymond Brassard, directeur de l’information) et National Post (Ken Whyte, rédacteur en chef)
Résumé de la plainte
La plainte porte sur des articles parus les 11 septembre et 9 novembre 1999 dans The Gazette et dans le National Post le 9 novembre 1999.
Mme Nguyen reproche principalement au journaliste et aux médias concernés d’avoir publié le nom de personnes impliquées dans une procédure judiciaire de matière matrimoniale.
Griefs du plaignant
Selon la plaignante, le journaliste et les médias ont mentionné le nom de Mme Nguyen de même que le fait qu’elle travaillait pour sa sŒur dans un cabinet de dentiste. à la suite de quoi la plaignante aurait eu à vivre des moments désagréables alors que ses patients la questionnaient sur les informations publiées. Mme Nguyen croit même qu’elle aurait ainsi perdu des patients et elle trouve inconcevable que les noms de personnes impliquées dans une procédure judiciaire de matière matrimoniale aient été publiés.
La plaignante estime qu’il s’agissait d’une recherche de sensationnalisme en même temps que d’une atteinte aux principes du respect de la vie privée et du respect de la réputation, et plus spécialement de la sienne qui n’avait rien à voir dans le dossier.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de Mike King, journaliste, The Gazette :
Le journaliste signale, d’entrée de jeu, que son article ne portait pas sur la plaignante, Mai Nguyen, mais bien sur sa sŒur, Linh Khan Nguyen qui jusque-là n’avait déposé aucune plainte.
M. King indique que, d’après ses souvenirs, les mis-en-cause ont fait vérifier l’article par leurs avocats avant publication. De plus, les avocats des intimés, Me André Legault et Me Andrew Heft, avaient tous deux donné l’autorisation de publier les noms des personnes impliquées.
Commentaires de Raymond Brassard, directeur de la rédaction, The Gazette :
M. Brassard répond d’abord que selon le journaliste Mike King, celui-ci a spécifiquement demandé aux avocats des plaignantes, comme à celui de la partie défenderesse, s’ils avaient des problèmes avec l’identification des personnes et « aucun des deux n’avaient de problèmes ». Il précise qu’en ce qui concerne The Gazette, les avocats ont renoncé au droit de cette personne à l’anonymat, ajoutant qu’il n’est pas rare qu’une telle situation survienne.
Le directeur de la rédaction rappelle ensuite que la plaignante au présent dossier n’était pas la personne poursuivie devant les tribunaux. Il se demande pourquoi huit mois plus tard il n’y a pas eu de plainte de la part de Mme Linh Khan Nguyen ou de son ancien mari. Il en conclut que tous deux savaient pertinemment que leurs avocats avaient déjà renoncé à leur droit à l’anonymat.
Commentaires de Mike King, journaliste. National Post :
Le journaliste fait une réponse identique à celle qu’il a faite pour The Gazette.
Réplique du plaignant
Mme Nguyen demande à M. Brassard du quotidien The Gazette de produire l’autorisation ou la renonciation à l’anonymat des parties plaignantes et défenderesses concernées.
De plus, elle s’explique mal que M. Brassard ait de la difficulté à comprendre qu’en identifiant sa sŒur, Mme Linh Khanh Nguyen, sa profession et mentionnant le fait qu’elle travaille dans le cabinet dentaire de la plaignante, elle était de facto identifiée.
Analyse
Le cas soumis à l’examen du Conseil de presse mettait en opposition deux principes :celui du droit du public à l’information et celui du droit au respect de la vie privée reconnu aux citoyens.
Le Conseil de presse reconnaît l’intérêt public que pouvait présenter un sujet comme celui faisant l’objet de la présente contestation, étant donné son caractère d’exemplarité.
Toutefois, la déontologie du Conseil a déjà précisé que dans les causes familiales, la presse doit s’abstenir de publier toute mention propre à permettre l’identification des personnes.
Le journaliste et les médias mis en cause avaient la possibilité de présenter les faits à la population sans faire mention de l’identité des personnes impliquées et tout en conservant au sujet tout son intérêt.
Décision
Le Conseil de presse du Québec reconnaît donc que les griefs de la plaignante sont fondés, en regard de l’éthique journalistique et, dans la circonstance, se doit de retenir la plainte contre le journaliste Mike King et les quotidiens The Gazette et National Post.
Analyse de la décision
- C16B Divulgation de l’identité/photo
- C16D Publication d’informations privées
- C17G Atteinte à l’image
- C23M Violation d’un interdit de publication