Plaignant
Jean-Guy Desponts
Mis en cause
Dan Rosenburg,
journaliste et Le Soleil du Saint-Laurent
(Michel Thibault, rédacteur en chef )
Résumé de la plainte
M. Jean-Guy Desponts,
conseiller municipal de la ville de Châteauguay, porte plainte contre
Le Soleil du Saint-Laurent et le
journaliste Dan Rosenburg pour l’avoir discrédité en s’attaquant à sa personne
et à certains de ses confrères dans quatre articles parus le 11 mars et le 22
avril 2000.
Griefs du plaignant
Dans sa plainte, M. Desponts reconnaît qu’étant
l’un des cinq conseillers municipaux opposés au nouveau maire de Châteauguay,
M. Pavone, il a tendance à participer aux nombreux débats qui secouent la
ville. Toutefois, il assure que ces discussions houleuses ne font que prouver
le bon fonctionnement de la démocratie. Or, pour le plaignant, le journal prend
position en faveur du maire. Sans s’y opposer, le conseiller municipal déplore
que le quotidien exprime ses opinions politiques en l’attaquant personnellement
et non pas en critiquant ses idées. Il pense que ces accusations gratuites
peuvent le discréditer auprès de l’opinion publique.
Dans son article du 11 mars 2000, le journaliste
Dan Rosenburg ne se serait pas seulement contenté de commenter l’actualité
municipale, il aurait aussi formulé des critiques non pertinentes sur le
plaignant. Dans deux articles parus le 22 avril, le journaliste se serait
encore attaqué à la personne et même au physique de M. Desponts. En effet, M.
Rosenburg aurait traité le sujet différemment du journaliste M. Thibault, dans
un article qui n’était qu’une traduction du texte de son confrère.
Le conseiller
municipal de Châteauguay reproche aussi au journaliste du
Soleil du Saint-Laurent d’avoir ridiculisé ses collègues et
lui-même, en les surnommant les « Infamous Five » et en raillant les
positions prises par son collègue, M. Daoust.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de Dan Rosenburg, journaliste
M. Rosenburg dit
essayer de retranscrire au mieux les débats mouvementés qui secouent le Conseil
municipal de Châteauguay. Or, selon lui, ce travail est difficile car les
conseillers municipaux opposés au maire, auxquels appartient M. Despont,
bloqueraient systématiquement la prise de décision.
De plus, le
journaliste nie avoir attaqué les idées, la personne ou même l’intégrité de M.
Desponts. Dans son article du 11 mars, il affirme n’avoir rapporté que les
faits. Alors que M. Dion critiquait M. Desponts, ce dernier se serait défendu
d’avoir été mal interprété par les médias.
Pour M. Rosenburg,
l’utilisation de l’humour avait pour but de calmer la situation. Il se défend
aussi d’avoir donné un sobriquet à M. Desponts et ses collègues. Ce surnom ne
se voulait être qu’un diminutif, définissant bien le fait que les cinq
conseillers s’étaient rendus impopulaires par leurs actions. Le journaliste
tient à faire remarquer que jusqu’à maintenant M. Desponts est le seul à s’être
plaint de ce surnom, ainsi que de l’article concernant M. Daoust. Il ajoute que
tous les termes dénoncés sont en fait des expressions idiomatiques anglaises,
que le conseiller municipal aurait mal traduites.
Enfin, M. Rosenburg
assure qu’il n’a jamais ridiculiser M. Desponts, puisque ce dernier s’en chargerait
très bien tout seul. Le journaliste affirme que le but de cette plainte est de
l’intimider et de museler la liberté de presse. Le journaliste conclut en
affirmant que toutes ses remarques étaient justifiées par les paroles et les
actions de M. Desponts.
Commentaires de Michel Thibault, rédacteur
en chef
Pour M. Thibault, la plainte de M. Desponts contre M.
Rosenburg n’est pas fondée. Le rédacteur en chef du
Soleil du Saint-Laurent affirme en effet que le journaliste aurait
respecté l’éthique dans tous ses articles, et cela même en y ajoutant de
l’humour. La plainte ne serait donc basée que sur la mauvaise interprétation
par M. Desponts d’expressions idiomatiques anglaises.
Réplique du plaignant
Le plaignant considère que les explications fournies par
messieurs Thibault et Rosenburg sont insultantes pour le Conseil de presse et
lui-même. M. Desponts répète que le journaliste n’aurait pas fait preuve
d’humour dans ses articles, mais qu’il l’aurait attaqué personnellement. De
plus, M. Rosenburg aurait continué ses attaques dans les commentaires fournis
et ferait ainsi preuve d’un manque de respect évident.
Analyse
En ce qui a trait à la nouvelle, au reportage et à l’analyse, les médias et les professionnels de l’information doivent s’en tenir à rapporter les faits et à les situer dans leur contexte sans les commenter. Ils doivent respecter l’authenticité de l’information afin de ne pas induire le public en erreur sur la vraie nature des situations, ou encore sur l’exacte signification des événements.
Le plaignant reprochait aux mis-en-cause de l’avoir attaqué personnellement ainsi que ses collègues afin de défendre les idées politiques du maire en fonction. Il apparaît, en effet, au Conseil que M. Rosenburg a employé à plusieurs reprises des expressions humoristiques discutables à l’endroit de M. Desponts, termes qui n’ont pas lieu d’être dans un reportage puisqu’il s’agit ici de journalisme d’information. Par exemple, les conseillers municipaux opposés au maire sont surnommés les « Infamous Five » ou encore il est écrit que la seule chose qui manquait à M. Desponts était une pomme dans la bouche.
Le Conseil ne peut que reprocher au journaliste l’usage d’un ton aussi familier dans des reportages rapportant les discussions du Conseil municipal. Ces expressions relevant du journalisme d’opinion, M. Rosenburg aurait pu, à la limite, les utiliser dans le cadre d’un commentaire, d’une chronique ou encore d’un éditorial. Le Conseil est d’avis que la direction du journal aurait dû relever ses écarts au lieu de les approuver.
Le Conseil tient aussi à rappeler qu’un journaliste n’a en aucun cas dans un reportage le droit de prendre position en faveur d’une tendance politique, ce qu’avait relevé, sans le prendre en compte, M. Desponts. Ici, toutefois, le Conseil ne peut, sans faire de procès d’intention, reprocher au journaliste d’être en conflit d’intérêts.
Par conséquent, le Conseil reproche au Soleil du Saint-Laurent et au journaliste Dan Rosenburg d’avoir utilisé des termes qui n’ont pas leur place dans un reportage.
Analyse de la décision
- C13C Manque de distance critique
- C15I Propos irresponsable
- C17D Discréditer/ridiculiser
- C17E Attaques personnelles
- C17G Atteinte à l’image
- C20A Identification/confusion des genres
- C22B Engagement politique