Plaignant
Michel Gaudette
Mis en cause
Louise Davis et
Jacques Lavoie, animateurs et CHLT 630
/ Émission « Face à face » (Michel Lorrain, directeur de l’information)
Résumé de la plainte
M. Gaudette porte
plainte contre les animateurs Louise Davis et Jacques Lavoie pour avoir
véhiculé des propos diffamatoires à l’encontre de l’Armée du Salut, lors d’un
échange avec un auditeur dans l’émission « Face à face », diffusée le
16 mai 2000 sur les ondes de CHLT 630.
Griefs du plaignant
M.Gaudette explique
qu’il est intervenu dans le cadre de l’émission « Face à face » le 16
mai 2000, afin de répondre à la question du jour : Les gouvernements
doivent-ils s’impliquer face à des Églises au bord de la faillite à cause de
poursuites judiciaires? Suite à son intervention, dans laquelle il avait
déclaré être membre de l’Armée du Salut, un auditeur l’a attaqué et a proféré
des propos diffamatoires à l’égard de sa congrégation religieuse. Le plaignant
ajoute qu’aucun des animateurs n’a empêché l’auditeur d’émettre ces propos alors
que ceux-ci n’avaient strictement aucun rapport avec le sujet de l’émission. Il
reproche aussi à l’animateur Jacques Lavoie d’avoir appuyé les paroles de
l’auditeur par sa phrase : « Comme ça, l’Armée du Salut, c’est une secte! ». M.
Gaudette considère que ces propos ont causé du tort à une organisation reconnue
et explique qu’il porte plainte non pas personnellement, mais en tant que
membre de l’Armée du Salut.
Commentaires du mis en cause
M. Lorrain
, directeur de l’information et de la
programmation rappelle que l’émission « Face à face » est une
tribune libre, dans laquelle les auditeurs sont appelés à donner leur avis sur
le sujet du jour. Lors de l’émission du 16 mai, M. Gaudette a eu l’occasion
d’exprimer son point de vue même si, comme le soutient le mis-en-cause, son
opinion contenait des « propos tendancieux à l’égard des Églises anglicanes et
catholiques ». Le même droit a été accordé à l’autre auditeur.
Le directeur de la
programmation et de l’information de CHLT
630 affirme que M. Gaudette n’a pas aimé que l’auditeur utilise le mot «
secte » pour définir l’Armée du Salut. Or, M. Lorrain rappelle que ce terme
désigne d’abord « un ensemble de personnes professant la même doctrine ». Il
tient aussi à faire remarquer que l’animateur Jacques Lavoie a coupé
l’intervention de l’auditeur en question, lorsqu’il s’est aperçu que la
discussion ne menait nulle part.
De plus, M. Lorrain remarque que tous les aspects d’un sujet
d’intérêt public doivent être présentés et que «la saine controverse est
essentielle au maintien des institutions démocratiques». Cependant, il
reconnaît qu’il est parfois difficile de contrôler les interventions faites en
direct dans une tribune téléphonique. Mais il assure que M. Gaudette aurait pu
rappeler pendant l’émission et tenter de répondre à l’attaque, ce qu’il n’a pas
fait.
Réplique du plaignant
Aucune réplique.
Analyse
Les émissions d’affaires publiques, les tribunes téléphoniques et les émissions de variété à contenu informatif sont des genres assimilables à l’information. Lorsqu’elles font appel à la participation du public, ces émissions comportent des difficultés particulières. Celles-ci découlent principalement du caractère de spontanéité de ces émissions et du fait que les animateurs sont souvent dépendants des interventions du public. Ces émissions confèrent aux animateurs une grande latitude qui leur permet de faire appel à la polémique, ce qui les oblige d’autant plus à respecter l’éthique journalistique.
Le plaignant reprochait aux animateurs de l’émission « Face à face » d’avoir laissé un auditeur proférer des propos diffamatoires sur l’Armée du Salut. Le Conseil comprend que le plaignant ait pu être désagréablement surpris par l’utilisation du mot « secte » à l’encontre de l’Armée du Salut, étant donné la connotation négative de ce terme.
Cependant, à l’écoute de l’enregistrement de l’émission, ces propos, aussi déplacés soient-ils, ont été exprimés dans le cadre d’une tribune téléphonique, par un auditeur. Dans une telle émission, la déontologie veut que les animateurs laissent les auditeurs s’exprimer tout en veillant à ce que des propos outranciers ne soient pas véhiculés. Or, Jacques Lavoie et Louise Davis ont accordé la parole à M. Gaudette, ainsi qu’à l’auditeur suivant, mais ils ont aussi su endiguer un échange qui dérapait.
Les animateurs ont donc joué leurs rôles en s’ouvrant aux différentes opinions des auditeurs et en gardant la maîtrise du débat. Le Conseil ne peut seulement que déplorer l’utilisation des tribunes téléphoniques par les auditeurs pour régler sur les ondes des différends de longue date.
Il apparaît aussi au Conseil, que l’animateur Jacques Lavoie a manifesté du scepticisme face aux accusations de l’auditeur concernant l’Armée du Salut. Enfin, le Conseil n’est pas d’avis que les propos de l’auditeur aient pu nuire à l’Armée du Salut, une organisation ayant une réputation internationale.
En conséquence, le Conseil de presse rejette la plainte de M. Gaudette contre les animateurs Jacques Lavoie et Louise Davis ainsi que la radio CHLT 630.
Analyse de la décision
- C15H Insinuations
- C15I Propos irresponsable
- C17F Rapprochement tendancieux
- C17G Atteinte à l’image