Plaignant
N. Bulette
Mis en cause
Diane Tremblay et
Le Journal de Québec ( Serge Côté,
rédacteur en chef )
Résumé de la plainte
M. Bulette reproche au
Journal de Québec d’avoir fait preuve d’intolérance envers les
homosexuels en publiant le 19 août 2000 une couverture et un article en page 3
intitulé « St-Apollinaire troublé par des naturistes gais ».
Griefs du plaignant
Selon le
plaignant, l’article suggèrerait que les homosexuels auraient des relations
sexuelles en plus de faire du nudisme à Saint-Apollinaire. En effet, même si à
la fin du texte la journaliste Diane Tremblay a inscrit que « Personne dans le
secteur n’a eu connaissance d’acte indécent », le reste de l’article
soutiendrait le contraire :
Ainsi,
l’utilisation du terme « ébats » sur la page de couverture insinuerait
que les homosexuels nudistes installés dans la carrière de St-Apollinaire
auraient des ébats au sens sexuel du terme, sinon, le journal aurait utilisé un
autre mot.
De la même façon,
la mortaise qui clame « Ils ne font pas juste du nudisme… » ne cadre pas avec
l’idée que « Personne dans le secteur n’a eu connaissance d’acte indécent ».
Pour le plaignant, il est aussi suggéré que les
voisins doivent protéger leurs enfants à cause des actes de nature sexuelle
pratiqués publiquement.
Le fait qu’un garçon ait trouvé un condom pris
dans sa roue, ne veut pas forcément dire que des personnes ayant des relations
sexuelles aient été aperçues. De plus, la citation, n’étant attribuée à
personne, a très bien pu être inventée.
La nouvelle se limitait au fait que le voisinage
était dérangé, parce que des homosexuels avaient décidé de faire du naturisme
dans la carrière de St-Apollinaire. Toutefois,
Le Journal de Québec a rendu cet article sensationnaliste en y
ajoutant des insinuations sur des comportements indécents dans le but d’attiser
l’intolérance envers les homosexuels.
Commentaires du mis en cause
Pour le rédacteur en
chef du Journal de Québec Serge Côté,
le dictionnaire indique clairement que le terme « ébats » ne revêt pas obligatoirement
un caractère sexuel et qu’il était donc approprié de l’utiliser.
La mortaise est une
déclaration de l’un des résidents et est appuyée sur divers faits, qui veulent
qu’on ait trouvé des condoms, observé des personnes ayant des relations sexuelles.
M. Côté souligne de plus que même le journal
RG s’adressant aux homosexuels a mentionné la carrière de
Saint-Apollinaire.
La phrase « Personne
dans le secteur n’a eu connaissance d’acte indécent » signifie qu’aucun acte
sexuel n’a été pratiqué à la vue et au su de tous. Par contre, certains
résidents auraient été témoins d’actes sexuels pratiqués dans les bois ou les
champs alentours.
Ce fait divers était
très pertinent dans le contexte. De plus, la journaliste était dans son droit
en n’identifiant pas l’informateur.
Le Journal de Québec ne favorise pas l’intolérance envers les
homosexuels, puisqu’il a déjà ouvert ses pages à plusieurs reprises pour
véhiculer de l’information sur la fête Arc-en-ciel ou encore sur des
revendications politiques favorables aux homosexuels.
M. Côté estime que le journal n’a fait que jouer son rôle
social en rapportant le mécontentement et les problèmes de nombreux résidents
face à une situation précise. Il ne comprend pas que pour le plaignant, il n’y
ait pas de problème dans le fait que des gens fassent du nudisme à proximité
d’un quartier résidentiel.
Réplique du plaignant
Aucune Réplique.
Analyse
Le plaignant reprochait au Journal de Québec des citations qui lui semblaient non vérifiables et non identifiées.
De l’avis du Conseil, le journal n’était pas tenu d’identifier ses interlocuteurs, étant donné que l’article traitait du mécontentement général des résidents et non des revendications d’une personne particulière. De plus, la journaliste a clairement montré que l’événement était un fait rapporté et a ainsi permis aux lecteurs de se faire une opinion sur les intérêts défendus et la crédibilité à accorder à ces personnes.
En revanche, le choix des titre et sous-titre à la une de l’édition du 19 août 2000 « Nudistes trop gais? Leurs ébats troublent St-Apollinaire » apparaît discutable. Aux yeux du Conseil, ceux-ci avaient un caractère sensationnaliste et risquaient de contribuer à attiser l’intolérance envers la communauté homosexuelle. Le Conseil de presse tient à rappeler que les titres et manchettes doivent respecter le sens, l’esprit et le contenu des textes auxquels ils réfèrent. Les médias doivent veiller à ce que ceux-ci ne constituent pas des véhicules aux préjugés et aux partis pris.
Par conséquent, le Conseil retient la plainte de M. Bulette contre le Journal de Québec et la journaliste sur l’unique grief des titre et sous-titre de la page couverture du journal, à caractère sensationnaliste.
Analyse de la décision
- C11F Titre/présentation de l’information
- C11H Terme/expression impropre
- C14A Sensationnalisme/exagération/insistance indue
- C15C Information non établie
- C15H Insinuations
- C18E Discrimination (citation)