Plaignant
M. Jean-François Paquin et Mme Geneviève Bourdeau
Mis en cause
M. André Gagné, journaliste et Photo Police (Jean-Marc Provost, rédacteur en chef )
Résumé de la plainte
Jean-François Paquin et Geneviève Bourdeau portent plainte contre le journal Photo Police, leur journaliste André Gagné et le rédacteur Jean-Marc Provost, pour la couverture de l’édition du 27 octobre 2000. Jean-François Paquin porte plainte contre l’article intitulé : « Le père éjacule sur les fesses de sa fillette » suivi d’un article en page 25. Mme Bourdeau se plaint du même article du journal ainsi que d’un second paru dans la même édition, intitulé : « La femme qui suce un enfant de 3 ans ».
Griefs du plaignant
M. Paquin exprime son désaccord face à la décision du journal de publier cette photo. Selon lui, elle dépasse les limites de la liberté de presse par sa vulgarité. Il rajoute qu’il s’agit d’un journal qui est en vente libre et accessible à tous, autant les adultes que les personnes mineures.
Pour sa part Mme Bourdeau considère que ce journal devrait être classifié dans une autre catégorie, afin d’en cacher la page couverture. Elle est d’avis qu’en aucun cas un article impliquant des photos de mineurs ne devrait être publié. Mme Bourdeau est d’avis que de tels titrages doivent être dénoncés; elle pense que le traitement devrait être différent.
Elle précise qu’elle a tenté de rejoindre le rédacteur en chef du journal, M. Jean-Marc Provost, mais sans succès. Elle a parlé à une personne qui travaille aux éditions du Boisé (qui publie Photo Police), qui lui a manifesté son désarroi face aux articles. Mme Bourdeau a fait parvenir sa plainte au propriétaire des éditions du Boisé ainsi qu’à la Ville de Bois-des-Filion.
Commentaires du mis en cause
Les mis-en causes n’ont pas répondu à la plainte.
Réplique du plaignant
Aucune réplique.
Analyse
La liberté de presse et le droit du public à l’information seraient compromis si les médias devaient s’interdire d’informer la population sur les drames. Par contre, dans les cas aussi délicats que celui-ci, les professionnels de l’information doivent prendre les plus grandes précautions pour éviter d’exploiter le malheur d’autrui. Ils ont la responsabilité de traiter ces événements dramatiques avec rigueur et discernement et manifester du respect et de l’humanité à l’endroit des personnes touchées quel que soit le genre journalistique choisi.
à priori, le Conseil la presse reconnaît que l’hebdomadaire Photo Police avait le droit de traiter les événements dramatiques en cause. Cependant, si les articles incriminés apparaissent conformes aux principes déontologiques, l’angle de traitement choisi par le journal souffre globalement de sensationnalisme.
Il apparaît que pour le premier article intitulé : « Il éjacule sur les fesses de sa fille », Photo Police a traité l’affaire dans une optique inspirée par la recherche du sensationnalisme, notamment en ayant publié, à la une, et à l’intérieur du journal, une photo outrageante. Aux yeux du Conseil, la publication d’une telle photo confine à la pornographie infantile.
Pour ce qui est du deuxième article intitulé : « La femme qui suce un enfant de trois ans », le journal ne fait qu’accentuer une fois de plus, la dimension voyeuriste de l’affaire et fait preuve d’un manque évident de discernement.
Le Conseil ne peut que déplorer la publication de telles photos qui ne permettaient pas mieux que les mots, d’expliquer l’ampleur et la gravité de la situation et qui n’ajoutaient rien à l’information.
Décision
Pour ces motifs, le Conseil de presse du Québec retient les deux plaintes contre le journal Photo Police et invite la direction de l’hebdomadaire à manifester plus d’ouverture vis-à-vis les commentaires de ses lecteurs.
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture
- C11F Titre/présentation de l’information
- C14A Sensationnalisme/exagération/insistance indue
- C16G Manque d’égards envers les victimes/proches
- C24A Manque de collaboration