Plaignant
Jacques Bousquet
Mis en cause
Michel Lamarche,
journaliste et Le Courrier de
St-Hyacinthe (Jean Vigneault, rédacteur en chef)
Résumé de la plainte
Jacques Bousquet était
le candidat de l’Alliance Canadienne
pour le comté de St-Hyacinthe-Bagot aux élections fédérales du 27
novembre dernier. Il reproche au Courrier
de St-Hyacinthe d’avoir, dans son numéro du 8 novembre 2000, tenté un
«assassinat journalistique» en ayant tenu à son égard des propos
méprisants et en l’ayant exclu de la parution.
Griefs du plaignant
M. Bousquet a eu
la confirmation le dimanche 5 novembre 2000 que sa candidature était retenue
pour les élections fédérales. Dès le lendemain, il a donc appelé
Le Courrier de St-Hyacinthe afin de
faire une entrevue qui pourrait paraître dans le numéro du 8 novembre. M.
Vigneault a confirmé au candidat que le journaliste Michel Lamarche s’occupait
de couvrir sa campagne électorale, mais qu’il n’aurait pas le temps de
l’interviewer pour l’édition du 8 novembre, l’en excluant ainsi. Or, dans ce
même numéro, l’auteur non identifié de la chronique « rumeurs et indiscrétions
» l’aurait traité de « Guignol régional
». Pour M. Bousquet, ces termes font figure d’ « assassinat journalistique » en
pleine campagne électorale. Il accuse aussi M. Vigneault d’être un récidiviste
« irrécupérable dans le domaine de l’éthique journalistique ». Le candidat de
l’Alliance Canadienne demande au Conseil d’obtenir du
Courrier de St-Hyacinthe une rétractation publique, une couverture
« honnête » de son programme et des priorités de son parti et enfin, la
parution d’un article sur l’entrevue qu’il a accordée à M. Lamarche.
Commentaires du mis en cause
M. Vigneault reconnaît
que M. Bousquet, ayant accepté le dimanche de représenter le parti de Stockwell
Day, a appelé le lundi 6 novembre afin de solliciter une entrevue. Toutefois,
il l’aurait averti que son entrevue ne paraîtrait que le mercredi suivant, ce
que le candidat a semblé accepter.
Le Courrier de St-Hyacinthe a consacré 3 articles à M. Bousquet et
a traité chacune de ses interventions, bien qu’il représente un « parti de
troisième ordre » et qu’il ait changé de formation politique dans le passé à
plusieurs reprises. M. Vigneault relève aussi qu’après avoir été l’un des fondateurs
du Bloc Québécois, M. Bousquet aspire maintenant à former un parti provincial
dont il serait le chef.
Le mercredi 11 novembre, une chronique non signée le
traitait effectivement de « Guignol régional », personnage connu pour être peu
sérieux et même ridicule. Enfin, M. Lamarche n’a rien à se reprocher puisqu’il
a suivi les directives du rédacteur en chef concernant la date prévue pour
l’entrevue avec M. Bousquet.
Réplique du plaignant
Pas de réplique.
Analyse
Les médias et les professionnels de l’information doivent être libres de relater les événements et de les commenter sans entrave ni menaces ou représailles. L’attention qu’ils décident de porter à un sujet particulier relève de leur jugement rédactionnel. Le choix de ce sujet et sa pertinence, de même que la façon de le traiter, leur appartiennent en propre. Nul ne peut dicter à la presse le contenu de l’information sans s’exposer à faire de la censure ou à orienter l’information.
C’est au nom de cette règle déontologique, que Le Courrier de St-Hyacinthe pouvait librement décider de la façon et du moment de traiter de la candidature de M. Bousquet. Le refus de publier l’entrevue dans l’édition du 8 novembre tient vraisemblablement plus à un délai trop court en pleine période électorale, qu’à une volonté de boycotter le candidat. En effet, l’entrevue a bien été faite et publiée la semaine suivante. Le journaliste Michel Lamarche n’a donc rien à se reprocher.
Une autre règle déontologique indique que le genre journalistique de la chronique permet une certaine liberté à son auteur. Après analyse, il n’apparaît pas au Conseil que le journaliste ait dépassé les limites autorisées. En effet, il n’est pas rare qu’en pleine campagne électorale, les hommes politiques soient critiqués par les journalistes. Or, le candidat de l’Alliance Canadienne est un personnage public, dont le passé politique est sous le sceau de l’instabilité. Le mot «guignol », bien que désagréable, correspond à la critique de M. Bousquet que l’auteur voulait faire, puisque le dictionnaire le définit comme « un personnage involontairement comique ou ridicule ».
De plus, la chronique attaquait tout autant le candidat de l’Alliance Canadienne que ceux des autres partis. Il apparaît que ce texte n’a en aucune façon influencé l’opinion publique et ainsi nui à M. Bousquet. Enfin, le Conseil tient à rappeler que le journaliste ne contrevenait pas à l’éthique journalistique en décidant de ne pas signer son article.
Par conséquent, le Conseil rejette la plainte de M. Bousquet contre Le Courrier de St-Hyacinthe et le journaliste Michel Lamarche.
Analyse de la décision
- C02D Boycottage
- C04A Article non signé
- C17C Injure
- C17D Discréditer/ridiculiser