Plaignant
Les Centres jeunesse de Montréal
(Yves Sylvain, directeur de la protection de la jeunesse)
Mis en cause
Jean-Jacques Court, journaliste et Dernière
Heure (Isabelle Clément, rédactrice en chef)
Résumé de la plainte
Les Centres jeunesse de Montréal
portent plainte contre l’hebdomadaire Dernière Heure et leur journaliste
pigiste Jean-Jacques Court, concernant un article publié le 16 septembre 2000 à
la page 18 du volume 7, numéro 29. L’article traite du cas d’une mère de 4
enfants, ancienne droguée et prostituée. Dernière Heure aurait publié
des photos non brouillées permettant l’identification de la mère et de ses
enfants qui sont sous la garde de la Direction de la protection de la jeunesse.
Griefs du plaignant
Le plaignant reproche au magazine
d’avoir mentionné dans l’article que les enfants relevaient de la DPJ et en
plus, d’avoir annexé deux photos de la mère et une identifiant les enfants. De
la même façon, il était possible pour les lecteurs de faire le lien entre la
mère et les enfants et de reconnaître qu’ils étaient sujets d’interventions de
la DPJ.
M. Yves Sylvain rappelle que les
renseignements permettant d’identifier les enfants doivent rester confidentiels
afin de protéger les enfants contre toute publicité qui pourrait être gênante.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de M. Jean-Jacques
Court, journaliste pigiste :
Concernant le paragraphe
mentionnant que les enfants relèvent de la DPJ, le mis-en-cause confirme qu’il
n’en a pas la responsabilité puisque que c’est le magazine qu’il l’a rédigé.
De plus, il se demande en quoi il
pourrait être responsable des photos publiées, puisqu’il était seulement
l’intermédiaire entre la personne qui a passé l’entrevue et le photographe. De
plus, ce n’est pas lui qui décide quelles photos seront publiées.
Commentaires d’Isabelle Clément,
rédactrice en chef de TVA publications :
Mme Clément explique que la
publication des photos non dissimulées est un oubli de leur part. Elle rappelle
que leur politique est de brouiller systématiquement les visages d’enfants et
de parents lorsque la Loi pour la protection de la jeunesse s’applique. Elle
qualifie ce fait d’erreur humaine.
Réplique du plaignant
M. Sylvain accepte les dires de Mme
Clément et retient la volonté de la revue Dernière Heure d’éviter, à
l’avenir, de divulguer les informations permettant l’identification d’enfants
sous la responsabilité de la DPJ.
Analyse
Lorsque la presse juge pertinent d’informer le public sur les problèmes judiciaires des personnes mineures, elle devrait s’abstenir de publier toute mention propre à permettre leur identification, que ces personnes soient impliquées comme accusés, victimes ou témoins d’événements traumatisants, et cela en vue de ne pas compromettre leurs chances de réinsertion sociale et familiale.
Selon cette règle déontologique, le journaliste avait le droit de mentionner que les enfants étaient sous la garde de la DPJ. dans la mesure où il prenait soin de ne pas les identifier de façon à ne pas leur causer de préjudices quant à leur chance de réinsertion sociale. Ainsi, M. Court a effectivement fait preuve de vigilance puisqu’il n’avait jamais nommé les enfants ou leur mère dans l’article. Le Conseil ne peut donc rien lui reprocher.
Par contre, les photos accompagnant l’article que le magazine Dernière Heure a publiées auraient dû systématiquement être dissimulées afin de ne pouvoir identifier la mère et ses enfants, ce que le magazine a omis de faire.
Enfin, bien que TVA publications ait reconnu qu’il s’agissait d’une erreur de sa part, il apparaît au Conseil que celle-ci n’a fait aucune rectification alors que des excuses auraient été à tout le moins appropriées.
Par conséquent, le Conseil retient la plainte contre la revue Dernière Heure pour avoir publié des photos permettant l’identification d’enfants sous la garde de la DPJ.
Analyse de la décision
- C16B Divulgation de l’identité/photo
- C16D Publication d’informations privées