Plaignant
Pierre Pouliot
Mis en cause
Patrick-Jean Gauthier, journaliste
et Dernière Heure (Isabelle Clément, rédactrice en chef)
Résumé de la plainte
M. Pouliot porte plainte contre la
revue Dernière Heure et le journaliste Patrick-Jean Gauthier pour ne pas
lui avoir demandé sa version des faits et ainsi avoir commis des erreurs, en
faisant paraître une rétractation concernant l’article intitulé » J’ai été
victime de violence psychologique » paru dans un numéro du mois de
novembre 2000.
Griefs du plaignant
Pour M. Pouliot, le journaliste n’a
pas fait les vérifications nécessaires avant de se rétracter au mois de janvier
2001.
M. Gauthier aurait dû essayer de le
rejoindre afin de ne pas publier d’erreurs. Ainsi, dans sa rétractation, il a
affirmé que certains biens semblaient appartenir à l’ex-conjointe de M. Pouliot
et non à ce dernier ce qui, selon le plaignant, serait faux et démontré par le
fait qu’il aurait réussi à obtenir une saisie avant jugement. Ces erreurs
nuiraient à la réputation du plaignant qui est un travailleur autonome.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de Patrick-Jean
Gauthier, journaliste :
Le journaliste souhaitait traiter
des tactiques d’intimidation utilisées lors de la séparation et le cas de M.
Pouliot semblait correspondre. Comme ce dernier basait ses propos sur de
nombreux documents et témoignages, le journaliste a jugé que son histoire
devait être vraie. Toutefois, M. Gauthier doutait de certains points, notamment
parce que M. Pouliot disait ne pas connaître le numéro de téléphone de son
ex-conjointe et qu’il n’était pas toujours très clair dans ses idées.
En octobre, l’ex-femme de M.
Pouliot, Mme Fournier, obtenait le bris de la saisie avant jugement. M.
Gauthier a alors décidé de modifier son texte en tenant compte des nouvelles
informations, mais la revue a décidé de publier la première version de son
article.
Lorsque finalement en décembre,
Dernière Heure a reçu une mise en demeure de la part de Mme Fournier, le
magazine a sommé le journaliste d’écrire une rétractation en se basant sur les
faits contenus dans la mise en demeure, après avoir fait quelques
vérifications. M. Gauthier a alors contacté le père de Mme Fournier, qui lui a
dit que M. Pouliot souffrait de schizophrénie.
Il a ensuite joint l’avocat de Mme
Fournier, qui lui a expliqué le jugement, remettant ainsi en cause certains
propos déjà douteux de M. Pouliot. M. Gauthier, ayant eu dès l’origine quelques
doutes, a perdu confiance dans le plaignant et n’a donc pas jugé nécessaire de
reprendre sa version des faits.
Toutefois, le journaliste tient à
faire remarquer qu’après avoir reçu la mise en demeure provenant cette fois de
M. Pouliot, il s’est interrogé sur le fait d’avoir publié une rétractation
aussi vite sans avoir essayé de défendre son article, d’autant plus que de
nouvelles informations étaient venues s’ajouter entre temps.
Commentaires d’Isabelle Clément,
rédactrice en chef :
Le journaliste a remis son texte
concernant M. Pouliot à la revue Dernière Heure le 28 septembre 2000. Celui-ci
a par la suite été révisé et corrigé par un adjoint à la rédaction avant de
paraître dans le numéro sorti en kiosque dès le 10 novembre. Or, le 17
novembre, la revue a reçu une mise en demeure de la part de Mme Fournier
demandant une rétractation. Le 13 octobre 2000, un jugement avait, en effet,
été rendu qui accordait la propriété de certains biens à Mme Fournier et
remettait ainsi en cause le bien-fondé de la version de M. Pouliot.
Après vérification, la revue a
publié une rétractation dans son édition du 6 janvier. Isabelle Clément
considère avoir agi comme il se doit, même si elle explique que malheureusement
les dates de réception du texte de M. Gauthier, du nouveau jugement et de
publication se sont chevauchées.
Réplique du plaignant
M. Pouliot affirme qu’il n’a pas
menti au journaliste à propos du numéro de son ex-conjointe, puisqu’il ne
savait pas qu’elle vivait avec son père. De plus, il dit avoir fourni à M.
Gauthier le numéro d’un de ses amis, qui pouvait confirmer ses propos, mais que
le journaliste n’a pas appelé.
Pour lui, si le journaliste ne le
trouve pas clair, c’est qu’il ne l’a pas bien écouté. Il affirme aussi que M.
Fournier a menti en disant qu’il était schizophrène, puisque son affirmation ne
se base sur aucune preuve. De la même façon, il ne faut pas croire son ex-femme
qui, selon lui, a déjà menti à plusieurs reprises.
De plus, même si la saisie avant
jugement a été brisée, les outils lui appartiennent quand même, comme cela a
été décidé en cour criminelle. Cela semble d’autant plus logique qu’il possède
une compagnie de rénovation. Enfin, M. Pouliot déplore que personne n’ait
répondu à ses deux mises en demeure.
Analyse
Les médias sont responsables de tout ce qu’ils publient et ils ne doivent en aucun temps se soustraire à cette responsabilité ou s’en dégager sous prétexte de difficultés administratives ou de contrainte de temps ou autres.
La revue Dernière Heure ne pouvait justifier le fait de ne pas avoir tenu compte des nouveaux éléments de l’affaire à cause du chevauchement des dates de remise de l’article, du nouveau jugement et de celle de la publication. Surtout que son journaliste l’avait avertie qu’il existait de nouvelles informations importantes. La revue aurait donc dû mentionner ces nouveaux développements et ainsi exercer un suivi à l’affaire.
Toutefois, la revue a pris en compte ses erreurs et, dans une rétractation publiée en janvier, a fait état du nouveau jugement du tribunal qui contredisait les affirmations du plaignant dans l’article paru en novembre. Or, même si cette rétractation venait contredire la version de M. Pouliot et mettait en doute sa crédibilité, le Conseil rappelle qu’un article ne doit pas servir à défendre les intérêts d’une personne, mais plutôt à informer correctement le public sur une situation donnée; ce qui fut fait.
Conséquemment, en dépit du fait que le magazine Dernière Heure aurait dû consacrer un second article au sujet pour faire état du développement du dossier, le Conseil de presse ne retient pas la plainte sur le fond, considérant que la revue a pris soin de publier une rectification pour corriger ses erreurs.