Plaignant
N. Bulette
Mis en cause
Édouard Finn, chroniqueur, et
Guide Ressources (Rita Cardinal et Marie Clark, rédactrices en chef )
Résumé de la plainte
Monsieur Bulette porte plainte
contre le magazine Guide Ressources, concernant un texte paru dans la
chronique » Conseils d’ami » d’Édouard Finn de mars 2001 intitulé
» Comment passer par-dessus l’homosexualité de mon
père? ». En réponse à la lettre d’un lecteur s’identifiant par
les initiales O.H., monsieur Finn tiendrait des propos homophobes.
Griefs du plaignant
Concernant la réponse du
chroniqueur à O.H., le mis-en-cause pose la question de savoir si
« l’homosexualité est-elle simplement l’expression d’une différence
ou le signe d’une pathologie infâme pire que l’alcoolisme? « . Le plaignant
s’interroge sur le fait que M. Finn soulève un débat que O.H. ne soulève pas,
débat auquel M. Finn ne va même pas répondre. En effet M. Finn poursuit en
expliquant qu’il serait présomptueux de sa part de vouloir, à l’occasion de sa
chronique, trancher cette question. Ainsi M. Finn tire profit, selon M.
Bulette, de sa chronique pour faire valoir une attitude homophobe et écrit, en
se protégeant derrière sa chronique que l’homosexualité pourrait être une
pathologie. M. Finn réédite son attitude en écrivant : » Est-ce qu’une
personne différente (ou malade) a le droit d’être aimée quand même? « .
Trouvant cette chronique très
insultante, le plaignant demande à M. Finn de s’excuser de ses propos dans une
prochaine chronique.
Commentaires du mis en cause
Commentaires des rédactrices en
chef Rita Cardinal et Marie Clark:
Elles demeurent étonnées de
l’interprétation faite de la réponse de M. Finn à O.H. par M. Bulette. Elles
font valoir la tolérance et l’ouverture d’esprit du magazine en matière
d’orientation sexuelle en annexant à leur commentaire un article sur l’identité
sexuelle paru en décembre 2000.
Elles expliquent que la phrase en
cause, » l’homosexualité est-elle simplement l’expression d’une différence
ou le signe d’une pathologie infâme pire que l’alcoolisme? » est une façon
de proposer à O.H. une conception plus tolérante et de l’inviter à réfléchir
sur la question. M. Finn finit d’ailleurs son texte en invitant O.H. à vaincre
son préjugé contre l’homosexualité. Elles mettent en exergue que si M. Finn
était homophobe il ne parlerait pas de cette façon. En conséquence, selon
elles, M. Bulette a interprété à sa convenance des propos clairs et empreints
de sollicitude.
Commentaires d’Édouard Finn,
chroniqueur:
Le chroniqueur explique que son
texte n’est empreint d’aucune trace linguistique d’homophobie. En effet, selon
lui, la comparaison de l’alcoolisme avec l’homosexualité vient du fait que O.H.
semblait mieux accepter l’alcoolisme de son père que sa tendance homosexuelle.
Ainsi il a repris ce point afin d’inciter O.H. à plus de tolérance.
Enfin, M. Finn regrette
l’intolérance du plaignant qui porte des propos vulgaires et insultants à son
égard.
Réplique du plaignant
M. Bulette regrette que ses propos
ai été pris de manière personnelle. Il convient que M. Finn et le Guide
Ressources n’avaient pas de mauvaise intention.
Mais il tient à revenir sur
l’article en lui-même. Selon lui, lorsque M. Finn dit qu’il serait présomptueux
de sa part de trancher cette question (homosexualité, maladie ou différence), il
admet que pour résoudre cette question il serait prêt à considérer les
arguments des deux côtés. Hors il n’y a aucune ambiguïté, l’homosexualité n’est
que l’expression de la différence. D’ailleurs, depuis 1973, l’American
Medical Association a déclaré que l’homosexualité n’était pas une maladie
psychiatrique.
Analyse
Les journalistes ont une position médiatique qui leur confère une certaine influence sur la société; ils ont donc le devoir moral d’aider celle-ci à évoluer. Aussi doivent-ils contribuer à dissiper les préjugés qui sont un frein à son évolution. De plus, ce sont des citoyens et en tant que tel, ils doivent respecter les autres citoyens quelles que soient leurs différences ou leur appartenance à quelque groupe que ce soit.
Bien sûr, un chroniqueur peut se permettre plus de liberté quant à son style et quant à ses prises de position. Mais il n’en doit pas moins de respecter les principes déontologiques, comme tous les journalistes, dont celui de la non-discrimination.
Quand le chroniqueur interroge le lecteur sur la nature de l’homosexualité, il s’aventure sur un sujet d’actualité très sensible. Mais malgré une certaine maladresse dans la formulation de sa chronique, M. Finn, en conseillant à O.H. de vaincre ses préjugés, fait apparaître clairement sa volonté de provoquer une saine réflexion chez O.H. et non celle de développer une thèse homophobe.
Conséquemment, le Conseil de presse du Québec rejette-t-il la présente plainte.
Analyse de la décision
- C17D Discréditer/ridiculiser
- C17F Rapprochement tendancieux
- C17G Atteinte à l’image
- C18C Préjugés/stéréotypes
- C18D Discrimination