Plaignant
Jean G. Lengellé
Mis en cause
Clinton Archibald, journaliste, et
Le Droit (Pierre Bergeron, éditeur)
Résumé de la plainte
M. Lengellé porte plainte contre un
éditorial de Clinton Archibald paru dans Le Droit du lundi 28 mai 2001,
et qui tendrait à entacher la réputation de MM. Preston Manning et Tom Flanagan
en les accusant de prostitution intellectuelle. Par ailleurs, le fond de
l’article serait de nature à déprécier gratuitement le parti de l’Alliance
canadienne, présentée comme un lieu de » coups d’éclat, de magouilles, de
prostitution, de rivalités internes « .
Griefs du plaignant
Le plaignant réprouve l’orientation
générale de l’éditorial de Clinton Archibald, de nature à entacher la
réputation de MM. Clinton et Flanagan, en les taxant de » magouilleur
» et de « prostitué « . Selon le plaignant, l’éditorial de M.
Archibald » reflète peut-être davantage la jalousie mesquine d’un
politicologue envers un autre ».
Commentaires du mis en cause
M. Bergeron affirme qu’en tant
qu’éditorialiste du quotidien Le Droit, M. Archibald » a exprimé
une opinion sur les manœuvres et tractations au sein de l’Alliance canadienne
et sur son rôle dans la vie politique canadienne « . En ce sens, son texte
constituerait » une prise de position éclairée sur la question « .
M. Bergeron souligne par ailleurs
la pertinence d’un éditorial référant à un colloque qui s’était tenu au cours
de la fin de semaine à l’Université Laval à Québec. À ce titre, » M.
Archibald n’a fait que commenter l’actualité et prendre position sur une
question d’importance pour tous les Canadiens « .
Quant à l’accusation de «
jalousie mesquine d’un politicologue envers un autre « , M. Bergeron refuse
de croire que M. Archibald » a voulu exprimer quelque animosité à
caractère universitaire à l’endroit du professeur Flanagan « . M. Archibald
a simplement voulu démontrer que l’Alliance canadienne ne mérite pas, selon son
opinion, la confiance de l’électorat canadien. À cet égard, l’emploi du mot
» prostitué » visait à décrire » une situation anormale au sein
d’une formation politique d’envergure au pays « .
Réplique du plaignant
En ce qui concerne la forme et le
langage de l’éditorial mis en cause, M. Lengellé réitère ses accusations à
l’encontre du journaliste Clinton Archibald. Il juge tout d’abord abusif et
déplacé l’emploi du mot » prostitué » pour qualifier MM. Manning et
Flanagan : » le prostitué dans cette cause n’est pas uniquement Preston
Manning […] L’Alliance? Morte de prostitution… « .M. Archibald
persiste et signe lorsqu’il taxe le premier de » conspirateur » et de
» magouilleur « , et rabaisse le second au rang de » prétendue
sommité canadienne « . Il s’agirait, selon M. Lengellé, d’une attaque
gratuite reposant sur des ouï-dire et » des ragots de corridor « .
En ce qui à trait au fond même de
l’article, M. Lengellé indique que » les faits cités ne sont jamais
corroborés ou cités dans leur contexte « . Par exemple, tout en évoquant
les dires du professeur Flanagan pour qualifier Preston Manning de «
magouilleur » et stigmatiser l’Alliance comme un terrain propice aux
luttes intestines, M. Archibald se réfère au » Sieur Flanagan » qui,
lors du colloque international auquel l’article mis en cause fait référence,
aurait prétendu savoir beaucoup de choses sur le » magouilleur Manning
» et son entourage, mais ne pouvait en parler publiquement.
Analyse
L’attention que les médias et les professionnels de l’information décident de porter à un sujet particulier relève de leur jugement rédactionnel. Le choix de ce sujet et sa pertinence, de même que la façon de le traiter leur appartiennent en propre. Nul ne peut dicter à la presse le contenu de l’information sans s’exposer à faire de la censure ou à orienter l’information.
L’éditorial est un mode particulier d’expression dont la fonction est de permettre au journaliste d’exprimer son point de vue sur un sujet donné, à condition de respecter les faits. Le genre journalistique auquel il appartient confère donc à ses auteurs une grande latitude.
Dans le cas précité, le plaignant déplorait que la publication de l’éditorial attaque à tort la réputation de MM. Manning et Flanagan.
Au regard des principes déontologiques que promeut le Conseil de presse, le journaliste Clinton Archibald pouvait exprimer librement son opinion sur le parti de l’Alliance canadienne, ses vicissitudes et les enjeux de pouvoir dont elle semble être l’objet.
Au terme de son examen, le Conseil de presse rejette la plainte contre le journal Le Droit et le journaliste Clinton Archibald.
Analyse de la décision
- C17E Attaques personnelles
- C17G Atteinte à l’image
Date de l’appel
21 June 2002
Décision en appel
Les membres de la Commission ont
conclu à l’unanimité de maintenir la décision rendue en première instance. Au
surplus, la Commission a jugé utile de renchérir sur la réserve exprimée par le
comité des plaintes en regard de l’utilisation du mot «prostitué » dans
le texte incriminé, un usage qu’elle considère abusif.
Griefs pour l’appel
M. Jean G. Lengellé interjette
appel à la décision du Conseil de presse.