Plaignant
Nicole Duguay
Mis en cause
Michèle Bérubé,
rédactrice en chef et L’Avant-Poste
(Alain St-Amand, éditeur)
Résumé de la plainte
Mme Nicole Duguay attire le
regard du Conseil de presse sur la difficulté rencontrée, lorsqu’elle a voulu
faire publier dans le journal L’Avant-Poste
une lettre faisant état de l’incendie dont elle a été victime la nuit du 16
janvier 2001. Mme Dugay conteste le fait que le journal l’ait incité à payer
pour qu’une lettre paraisse sur le sujet.
Griefs du plaignant
Estimant « n’avoir pas été
respectée dans [son] droit à une couverture médiatique », Mme Duguay porte
plainte contre le journal L’Avant-Poste
« quant au lieu d’être à l’écoute de ma détresse, on m’a fait payer pour
publier un article qui aurait dû selon moi être couvert par notre journal
local».
De la même façon, Mme Duguay
déplore le non-lieu auquel a donné suite sa demande au journal
L’Avant-Poste d’interviewer la personne
qui lui a sauvé la vie et les voisins qui l’ont aidée.
Elle regrette enfin le manque de
courtoisie dont aurait fait preuve à son égard la journaliste Michèle Bérubé :
« si le tout m’avait était expliqué poliment, que ce n’était pas la politique
du journal de couvrir les incendies locaux, j’aurais été surprise mais j’aurais
compris, tout est dans le ton, quand on vit un drame humain comme ça on est
très vulnérable, on a pas besoin d’être traité de la sorte ».
Commentaires du mis en cause
Mme Bérubé précise de prime abord que
L’Avant-Poste n’a pas « couvert »
l’incendie de la résidence de Mme Duguay car « personne, ni les pompiers ni la
Sûreté du Québec, ne nous a prévenus de l’incendie ». Elle indique par ailleurs
« qu’étant la seule journaliste à temps plein, il m’est difficile de tout
savoir et de tout couvrir ».
En ce qui a trait au texte
écrit par Mme Duguay, Mme Bérubé affirme que « cette dernière voulait qu’on le
fasse paraître intégralement en tant que lettre d’opinion, sans changer quoi
que ce soit ». Après avoir rappelé les règles attenantes à la publication des
lettres d’opinion (longueur et correction éventuelle notamment) à la
plaignante, Mme Bérubé explique qu’elle
lui a proposé de la référer au service de la publicité, si elle tenait
absolument à l’intégralité de son texte : « ce qui fut fait. Ce à quoi elle a
acquiescé ».
Concernant la suggestion de la
plaignante d’un article avec les personnes qui l’ont aidée, Mme Bérubé indique
avoir noté les nom et numéro de téléphone de la dame qui lui a sauvé la vie, «
pour éventuellement en faire un témoignage si le temps et l’espace rédactionnel
me le permettaient ».
Réplique du plaignant
Contrairement à ce qu’affirme Michèle Bérubé, la
plaignante indique que la journaliste ne lui a jamais dit qu’elle était la
seule journaliste à couvrir les événements et précise qu’elle n’a pas eu
d’explications quant à la longueur des lettres d’opinion et des règles
formelles entourant la publication de ce type de lettres.
Analyse
Nul n’a accès de plein droit aux pages d’un journal ou aux ondes des stations de radio et de télévision. Cependant, les médias et les professionnels de l’information ont le devoir d’en favoriser l’accès au public.
C’est la responsabilité des médias d’être courtois et ouverts envers leurs usagers et leur éviter les tracasseries qui pourraient les empêcher de faire valoir leurs remarques, critiques ou récriminations légitimes.
Dans le cas précité, la plaignante déplorait les difficultés auxquelles elle a été confrontée lorsqu’il s’agissait pour elle de publier une lettre aux lecteurs faisant suite à l’incendie dont elle a été victime. Elle réprouvait notamment la subordination de la publication de son texte à l’achat d’un espace publicitaire dans les pages de L’Avant-Poste.
La courtoisie la plus élémentaire aurait exigé un minimum de considération de la part du personnel rédactionnel de L’Avant-Poste à l’égard de Mme Nicole Dugay.
Par ailleurs, le Conseil de presse peut difficilement concevoir qu’un journal ait pu inciter l’une de ses lectrices à payer pour la publication d’une lettre d’opinion, dont le coût s’est par surcroît élevé à 353 $. Le Conseil rappelle que l’information ne peut en aucune manière être subordonnée à des impératifs commerciaux.
Au regard de ces considérations, le Conseil de presse retient la plainte contre le journal L’Avant-Poste et la journaliste Michèle Bérubé. Par la même occasion, le Conseil tient à signaler à L’Avant-Poste qu’il s’interroge sur l’article 6 de ses « Critères d’admissibilité pour les lettres à être publiées dans la chronique Lignes ouvertes» et invite la direction du journal à en réévaluer le bien-fondé.
Analyse de la décision
- C08A Choix des textes
- C21E Subordonner l’information à des intérêts commerciaux