Plaignant
Claire Lord
Mis en cause
Pierre Foglia,
journaliste, et La Presse (Marcel
Desjardins, vice-président et éditeur adjoint)
Résumé de la plainte
La plainte porte sur une
chronique de Pierre Foglia intitulée « Pour l’amusement des dauphins », parue
dans le journal La Presse du samedi
27 janvier 2001, et qui contiendrait des informations de nature à porter
atteinte à la vie privée et à la réputation de Mme Claire Lord.
L’article fait état des commentaires de Pierre Foglia au
sujet d’une décision du Premier ministre Bernard Landry relative à une querelle
de drapeau avec Ottawa.
Griefs du plaignant
En premier lieu, Mme Lord soutient que certains faits
relatés par le journaliste Pierre Foglia dans sa chronique n’étaient aucunement
pertinents pour l’argumentation du sujet traité, soit la querelle de drapeau.
La plaignante déplore les faits cités au début de
l’article attenteraient à son intimité et à sa dignité. Selon elle, le
chroniqueur ridiculise ses ex-beaux-parents en rappelant leurs « faces médusées
», à l’annonce que leur petit-fils ne serait pas baptisé. Elle fustige
également les propos du journaliste lorsqu’il affirme : « Vous êtes comme mon
ex, M. Landry ». Mme Lord juge déplacé
la comparaison d’une décision gouvernementale d’aujourd’hui avec une décision
prise dans une situation familiale personnelle il y a 36 ans où le contexte est
totalement différent.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de Marcel Desjardins, vice-président et éditeur adjoint de
La Presse
:
En ce qui concerne la demande de rétractation faite par
la plaignante, M. Desjardins précise que «pour qu’il y ait rétractation,
encore faut-il qu’il y ait erreur de fait. Rien dans votre lettre n’indique
qu’il y ait erreur de fait ». Quant aux propos qui s’avèreraient diffamatoires,
M. Desjardins estime que la chronique de Pierre Foglia ne comporte aucune
attaque personnelle ni insinuations malveillantes et affirme que les faits qui
y sont relatés s’inscrivent dans une «conception large de la liberté
d’expression, sans intention de nuire ou de porter atteinte à votre intégrité
ou à votre réputation, ni à celle de vos parents ».
Commentaires de Pierre Foglia, journaliste à
La Presse
:
De prime abord, M. Foglia se défend d’un quelconque
règlement de compte : « Ce qui est absolument certain, c’est que dans cette
chronique, je ne règle aucun compte personnel ». Le journaliste soutient qu’il
n’a « aucun contact avec la plaignante depuis plus de vingt ans » et, partant,
qu’il est bien loin d’un règlement de compte.
Concernant l’accusation de diffamation formulée par
la plaignante, M. Foglia répond que «contrairement aux prétentions de Mme
Lord, le ton est léger, pas ironique. Je ne me moque de personne ». Il précise
enfin qu’il ne désigne pas Mme Lord à la connaissance du public : « Je ne
mentionne ni son nom, ni son adresse, ni rien qui puisse l’identifier ».
Réplique du plaignant
La plaignante réitère
ses accusations à l’encontre du journaliste Pierre Foglia et du journal
La Presse.
Mme Lord est persuadée que le journaliste s’est livré à «
un étalement inutile et non pertinent de la vie privée ». Selon elle, « le fait
que Pierre Foglia n’a plus de contacts avec son ex-épouse ne le justifie pas
d’avoir publié cet article […] ».
Elle soutient finalement qu’ « il y a eu faute
professionnelle, que le journaliste fautif doit être réprimandé expressément et
que, en conséquence, le journal doit m’accorder une compensation pour les
dommages subis ».
Analyse
Le Conseil de presse a voulu établir si le mis-en-cause avait outrepassé les limites déontologiques de sa profession, dans le cadre de son travail de chroniqueur.
Le Conseil rappelle que la chronique est un genre journalistique qui laisse à son auteur une grande latitude dans l’expression de ses points de vue et de ses jugements, en autant qu’il n’y ait pas dénaturation des faits. La chronique permet aux journalistes qui la pratiquent d’adopter un ton polémiste pour prendre parti et exprimer leurs critiques, ce qu’ils peuvent faire dans le style qui leur est propre, même par le biais de l’humour ou de la satire.
Dans le cas précité, la plaignante reprochait au journaliste Pierre Foglia d’avoir attenté à sa vie privée et à sa réputation en publiant dans une chronique des informations privées qu’elle jugeait non pertinentes pour l’argumentation du sujet traité.
Le Conseil juge que la publication d’informations privées auxquelles réfère la plaignante se limitait à des éléments qui ne pouvaient en aucun cas porter atteinte à sa réputation et à sa dignité.
Par ailleurs, le Conseil constate que l’identité de la plaignante n’est, à aucun moment, révélée à la curiosité du public.
Au regard de ce qui précède, le Conseil de presse rejette la plainte contre Pierre Foglia et le journal La Presse.
Analyse de la décision
- C07C Entrave à la diffusion d’un communiqué
- C16E Mention non pertinente
- C17D Discréditer/ridiculiser
- C17E Attaques personnelles
Date de l’appel
21 June 2002
Décision en appel
Les membre de la Commission
ont conclu à l’unanimité de maintenir la décision rendue en première instance.
Ceux-ci ont tenu cependant à préciser que le Conseil de presse n’est pas
composé que de journalistes, mais compte également en son sein des
représentants du public, ainsi que des dirigeants d’entreprises de presse.
Griefs pour l’appel
Mme Claire Lord interjette
appel à la décision du Conseil de presse.