Plaignant
Louis Rousseau
Mis en cause
Annie Fernandez,
journaliste, et Le Journal de Québec
(Serge Côté, rédacteur en chef)
Résumé de la plainte
M. Louis Rousseau porte plainte
contre Le Journal de Québec au sujet
d’un article intitulé «L’Allier-Boucher / Là un parc… ici une rue », paru
dans l’édition du dimanche 12 août 2001, sur la base du non-respect des
principes déontologiques d’équité et d’équilibre de l’information.
Griefs du plaignant
Le plaignant indique que l’article s’inscrit dans le cadre
des élections à la future ville de Québec, le 4 novembre 2001. Il précise que
madame Andrée Boucher et monsieur Jean-Paul L’Allier sont tous deux candidats à
la mairie de la nouvelle ville.
M. Rousseau affirme que si l’article en cause visait très
certainement une couverture équitable pour chacun des deux candidats, « ce que
le titre laissait entrevoir ne se concrétise pas dans ce qui suit ». En premier
lieu, le plaignant réprouve que les deux photos jointes à l’article ne soient pas
de taille identique : « celle de gauche est deux fois plus grande que celle de
droite ».
Il déplore également que « la candidate à un poste de
conseillère municipale dans l’équipe du maire Jean-Paul L’Allier, madame France
Dupont, est bien identifiée de même que M. L’Allier, alors que sous celle de
droite, madame Andrée Boucher est la seule identifiée alors qu’on reconnaît
l’autre personne comme étant le maire actuel, Denis Giguère, candidat dans
l’équipe de madame Boucher ».
Le plaignant soutient enfin que les noms de monsieur
Jean-Paul L’Allier et de madame France Dupont sont mentionnés à six reprises
dans l’article de gauche, alors que ni celui de madame Boucher, ni celui du
maire Giguère ne le sont dans celui de droite.
Et de conclure que « cette façon insidieuse de traiter
l’information qui, beaucoup plus qu’il n’y paraît, est à l’avantage d’un
candidat, nuit au droit du public à une information saine et surtout équitable
».
Commentaires du mis en cause
M. Côté récuse les accusations du plaignant.
Il indique tout d’abord que « L’éthique
journalistique n’est pas et n’a jamais été basée sur des notions mathématiques
», avant de préciser « qu’il relève du journaliste de poser des choix
éditoriaux sur ce qu’il retient d’une situation, de déclarations et de citations
de noms ». Il soutient enfin « qu’il relève du pupitreur de poser des choix
éditoriaux sur l’importance qu’il accordera à des textes, à des photos ou à des
titres ».
Selon M. Côté,
ces normes reconnues ont été respectées et la plainte lui apparaît sans
fondement.
Réplique du plaignant
Le plaignant reprend ses
accusations en insistant sur l’impact de la répétition du nom d’une personne
sur l’esprit du lecteur : « répéter six fois le nom d’une personne risque
d’imprimer celui-ci d’une façon plus certaine dans la mémoire d’un lecteur ».
M. Rousseau conclut en
affirmant que la journaliste Annie Fernandez et le pupitreur « ont posé des
choix éditoriaux très nettement en faveur du candidat Jean-Paul L’Allier à la
mairie de Québec, et que le parti pris politique m’apparaît être le résultat de
ces choix ».
Analyse
Dans le cas précité, le plaignant déplorait un parti pris de la part de la journaliste Annie Fernandez en faveur de l’un des candidats à la mairie de la nouvelle ville de Québec. Selon lui, cela aurait motivé la journaliste à écrire un article à l’avantage de M. L’Allier, cité à plusieurs reprises, contrairement à la candidate adverse, dont le nom ne figure pas dans la partie de l’article qui lui était consacrée.
L’information livrée par les médias fait nécessairement l’objet de choix. Ces choix doivent être faits dans un esprit d’équité et de justice. Ils ne se mesurent pas seulement de façon quantitative sur la base d’une seule édition ou d’une seule émission non plus qu’au nombre de lignes ou au temps d’antenne, mais aussi de façon qualitative, tout étant fonction de l’importance de l’information et de son degré d’intérêt public.
Le Conseil rappelle également que les médias ont le devoir de veiller à ce que le principe d’équilibre dans la couverture de tous les candidats dans une élection soit respecté.
Or, après analyse des éléments soumis à son attention, le Conseil ne peut conclure à un manquement aux principes déontologiques d’équité et d’équilibre de l’information, en s’appuyant sur l’argument que le nom de l’un des candidats à la mairie de Québec figure à plusieurs reprises dans l’article en cause alors que celui de son adversaire n’est pas cité.
Pour cette raison, le Conseil de presse rejette la plainte contre Le Journal de Québec et la journaliste Annie Fernandez.
Analyse de la décision
- C12A Manque d’équilibre