Plaignant
Normand Bélair
Mis en cause
Journal St-Lambert
(David Leonardo, éditeur)
Résumé de la plainte
La plainte concerne un article paru le mercredi 10 octobre
2001 dans le Journal de St-Lambert. Le
plaignant soutient que le titre « Separatist promises to defend Anglo rights »
est tendancieux et pêche par son manque flagrant d’objectivité. Selon lui, le
titre et l’article contribuent, de façon volontaire, à maintenir une tension
raciale entre les francophones et les anglophones du Québec.
Griefs du plaignant
M. Normand Bélair indique de prime abord que le manque
d’objectivité de l’article en cause contribue à maintenir un niveau de haine
chez les anglophones face aux francophones.
Le plaignant précise que le titre « Separatist promises to
defend Anglo rights » annoncé en première page du journal, est traduit en
français en page 3 par: « Une souverainiste à la défense des droits des
anglophones ». Selon lui, l’emploi du terme « separatist » contribue à
alimenter la haine des anglophones à l’endroit des francophones alors qu’« on
ménage la chèvre et le chou auprès des lecteurs francophones en qualifiant
cette même personne du juste titre de «souverainiste ». Le plaignant
soutient que la traduction appropriée du terme « souverainiste », serait «
sovereignist » et non « separatist ».
Au total, M. Bélair réprouve que le
Journal de St-Lambert ait utilisé deux niveaux de langage envers
deux groupes linguistiques, deux groupes culturels différents dans une même
communauté.
Commentaires du mis en cause
Après avoir rappelé que la version française de l’article
qualifie la candidate de « souverainiste », alors que la version anglaise
préfère le terme « separatist », M. Leonardo en réfère au dictionnaire
Le Robert 1/4 Collins senior, qui
traduit le mot souverainiste par « Quebec separatist ».
Contrairement à la langue française qui distingue les termes
« séparatiste » – quelqu’un qui veut détruire le Canada – (doté d’une
connotation négative pour un fédéraliste), et « souverainiste » -quelqu’un qui
veut créer un nouveau pays – (qui est plus positif pour les indépendantistes
bien que cela implique quand même le démantèlement du Canada), M. Leonardo
précise que « les anglophones n’ont pas le choix
- car le mot « sovereignist » n’existe pas en anglais – et
utilisent donc « separatist ».
M. Leonardo soutient enfin que les deux versions de
l’article du Journal rapportent les mêmes faits et que le titre ne porte
pas à confusion par rapport au contenu.
Réplique du plaignant
Le plaignant se dit désolé d’apprendre que « les anglophones
n’ont pas le choix de mots dans cette langue » et qu’ils « doivent parler
négativement de ce concept politique ». Il regrette enfin que « la langue
anglaise [soit] figée dans un immobilisme cognitif ». Selon lui, il existe des
termes inventés pour les circonstances et rien dans la grammaire anglaise
n’empêche ceci. Le plaignant en réfère ici aux journalistes Peter Mansbrige et
Jason Mascovitz de Radio-Canada – CBC
« qui eux utilisent, quand le besoin se fait sentir, couramment le terme
« sovereignists » entre guillemets
».
Analyse
Le Conseil n’a pas à établir de lexique des termes que les médias ou les professionnels de l’information doivent employer ou éviter, les décisions à cet égard relevant de leur autorité et de leur discrétion rédactionnelles. Les médias et les professionnels de l’information doivent cependant peser l’emploi des mots qu’ils utilisent, être fidèles aux faits et faire preuve de rigueur dans l’information afin de ne pas induire le public en erreur sur la vraie nature des situations ou encore l’exacte signification des événements.
Le plaignant reprochait aux mis-en-cause d’avoir manqué d’objectivité et d’avoir volontairement contribué à maintenir une tension raciale entre les francophones et les anglophones du Québec, par le biais d’un article dans le lequel le mot « souverainiste » était traduit en anglais par « separatist ».
En ce qui a trait aux commentaires de M. David Leonardo, le Conseil a observé que, conformément aux propos de l’éditeur, le dictionnaire Le Robert 1/4 Collins senior traduisait bien le terme «souverainiste » par « Quebec separatist ». De l’avis du Conseil, l’usage du mot « separatist » dans l’article mis en cause ne masquait aucune volonté d’attiser la haine et d’alimenter les rancœurs entre les communautés francophone et anglophone, contrairement à ce que semblait croire le plaignant.
Le Conseil ne peut donc que rejeter, sur cette base, la présente plainte.
Analyse de la décision
- C11F Titre/présentation de l’information
- C11H Terme/expression impropre
- C13A Partialité