Plaignant
Commission scolaire de Montréal/Rosemont-Sud (Colette Provost)
Mis en cause
Le Point d’Outremont
(Tristan Roy, éditeur)
Résumé de la plainte
Mme Colette Provost porte plainte contre
Le Point d’Outremont pour avoir publié,
dans l’édition du 5 octobre 2001, un publireportage non identifié comme tel, en
faveur du collège Jean-Eudes.
Griefs du plaignant
La plaignante soutient que le texte mis en cause s’apparente
bien à un publireportage, même s’il ne porte aucune signature et qu’il prend
l’apparence d’un article de nouvelles.
À cet égard, madame Provost joint à sa plainte un
publireportage du Journal de Montréal,
similaire en tous points à celui publié dans
Le Point d’Outremont.
Mme Provost dénonce par ailleurs la phrase suivante: «
L’éducation privée au Québec n’est pas financée par l’État et exige donc des
parents le déboursé de frais d’études de plus en plus élevés».
Selon la plaignante, cette affirmation est fausse, le ministère de l’Éducation
du Québec finance les écoles privées environ à 80 % de ce qu’il accorde au
système public.
Commentaires du mis en cause
Au rebours des
allégations de la plaignante, M. Tristan Roy soutient que le texte mis en cause
est simplement un communiqué de presse, « que nous avons retouché, puis avons
publié ». Il précise qu’il ne s’agit donc pas d’une publication en tant que tel
et qu’aucun frais n’a été facturé au client, le collège Jean-Eudes: « Ce
n’était pas un publireportage et ça n’avait pas à être identifié comme tel ».
M. Roy rappelle que publier des communiqués retouchés est une pratique courante
dans l’industrie.
M. Roy indique que la plainte provient de la Commission
scolaire de Montréal, un concurrent direct du collège Jean-Eudes. M. Roy
affirme par ailleurs que la plaignante est commissaire scolaire de Rosemont, le
quartier où le collège Jean-Eudes est situé. Selon M. Roy, le collège
Jean-Eudes, classé parmi les meilleurs collèges au Québec, est très loin devant
le CÉGEP de Rosemont qui souffre beaucoup de la comparaison.
Réplique du plaignant
Récusant les commentaires de M. Roy à l’effet que le texte
en cause est simplement un communiqué de presse retouché puis publié, la
plaignante établit une comparaison avec un publireportage du
Journal de Montréal et indique qu’« on
observe comme seule retouche l’ajout suivant (2ème
paragraphe): l’éducation privée au Québec n’est pas financée par l’État
et exige donc des parents le déboursé de frais d’études de plus en plus élevés.
C’est ce qui a motivé la Fondation Lucie et André Chagnon à participer avec le
collège Jean-Eudes à la création d’un programme de bourses d’études pour jeunes
défavorisés ».
La plaignante soutient avoir vérifié l’assertion ci-dessus
et affirme que M. Boivenu, le directeur du collège Jean-Eudes, reconnaît qu’il
est faux de prétendre que « l’éducation privée au Québec n’est pas financée par
l’État ». Vérifications faites, le ministère de l’Éducation verse à cette
institution, pour chaque élève inscrit, 60 % de la somme qui est versée par
élève dans le système public.
La plaignante rappelle enfin que le texte en cause est situé
sur la même page que la publicité payée par le collège Jean-Eudes et c’est
pourquoi elle le considère bien comme un publireportage et non pas comme un
article.
Analyse
Les médias et les journalistes doivent respecter les distinctions qui s’imposent entre les différents genres journalistiques, lesquels doivent être facilement identifiables afin que le public ne soit pas induit en erreur sur l’information qu’il croit recevoir. À cet égard, les médias doivent identifier clairement les textes publicitaires et éviter de faire de la publicité déguisée ou indirecte, ou encore de présenter des publireportages comme des articles d’information.
Dans la présente plainte, Mme Colette Provost portait plainte contre Le Point d’Outremont pour avoir publié un publireportage non identifié comme tel en faveur du collège Jean-Eudes.
Tout en prenant en compte l’affirmation de l’éditeur du Point d’Outremont à l’effet que son journal n’a pas été rétribué pour la lettre en cause rédigée à partir d’un communiqué, ce dernier doit être considéré à tout le moins comme de la publicité indirecte, encadrée par une demi-page d’annonces publicitaires payées par le collège Jean-Eudes.
La plaignante dénonçait par ailleurs une information trompeuse à l’effet que l’éducation privée au Québec n’est pas financée par l’État. Les vérifications faites auprès de l’Office de la protection du consommateur ont permis d’établir que le ministère de l’Éducation verse à cette institution, pour chaque élève inscrit, 60 % de la somme qui est versée par élève dans le système public.
Pour ces raisons, le Conseil de presse retient la plainte portée à l’encontre du Point d’Outremont.
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C20A Identification/confusion des genres