Plaignant
Union
des forces progressistes de Lanaudière (Mathieu Lessard, coordonnateur
politique)
Mis en cause
L’Expression de Lanaudière
(André Lafrenière, rédacteur en
chef et Benoît Bazinet, éditeur)
Résumé de la plainte
Mathieu Lessard, ex-candidat indépendant
lors des élections partielles du 17 juin 2002 dans le comté de Joliette et
coordonnateur politique de l’Union des forces progressistes de Lanaudière
(UFP), porte plainte contre le journal L’Expression
de Lanaudière.
Le plaignant considère que la première page
du journal du dimanche 16 juin, dont le titre principal «L’heure du
choix», est incomplète ce qui démontrerait une couverture de campagne
électorale partiale.
Griefs du plaignant
Le dimanche 16 juin 2002, à la veille des
élections partielles, le journal titre en première page «L’heure du
choix». Le plaignant regrette l’absence de sa photo sur cette page alors
que celles des trois autres candidats y ont été publiées.
Le plaignant précise que le journal avait en
sa possession des photos le représentant, un des journalistes de
L’Expression de Lanaudière, M. Gilles
Loyer, ayant été présent lors du lancement de sa campagne le 4 juin 2002 et
lors d’une activité de promotion le 11 juin 2002.
La plainte de l’ex-candidat indépendant est
accompagnée de 128 signatures appuyant sa démarche.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de André Lafrenière, rédacteur
en chef du journal L’Expression de Lanaudière:
André Lafrenière indique dans un premier
temps que la plainte lui paraît totalement injustifiée.
Il considère le grief du plaignant
«bien mince pour crier à l’injustice et à la désinformation»,
son seul reproche étant que le journal n’ait pas publié en première page sa
photographie.
Le mis-en-cause explique ensuite les raisons
de ce choix d’illustration. Selon lui, la parution de la photo n’aurait rien
changé aux résultats de l’élection. En effet, dans cette campagne, «tout
était joué à l’avance» et il savait que «l’UFP et son candidat
finiraient à la queue très loin derrière tous les autres».
Il précise enfin que le journal a retracé
fidèlement les événements liés à la campagne électorale de M. Lessard et que,
par conséquent, le processus démocratique n’a pas été bafoué.
Commentaires de Benoît Bazinet, éditeur au
journal L’Expression de Lanaudière:
M. Bazinet indique tout d’abord que
l’équipe d’information du journal est convaincue d’avoir traité équitablement
tous les candidats(es) des élections partielles du 17 juin 2002.
Il explique que le candidat indépendant a
annoncé tard sa candidature et il ne restait que deux éditions avant les
élections pour traiter du programme de celui-ci. Il souligne que, dans chacune
d’elles, un article d’information sur M. Lessard était présent.
Réplique du plaignant
Le plaignant souligne dans un premier temps
que le motif de la plainte ne concerne pas la couverture des événements de la
campagne, comme le laissent entendre les mis-en-cause, mais la représentation
visuelle des candidats au sein du journal.
Il explique que la première page d’un
journal a «un impact visuel sur la population». Le plaignant
regrette donc de ne pas avoir eu sa photographie en première page lors de sa
campagne, contrairement aux autres candidats. De même, à la veille du scrutin,
l’absence de sa photographie au côté de celles des autres candidats a eu, selon
lui, des répercussions sur les électeurs et électrices qui ont douté de sa
candidature à l’élection.
Enfin, il remet en cause l’opinion
qu’exprime le rédacteur en chef dans ses commentaires. Ainsi, le fait qu’il
considère la campagne comme étant «jouée à l’avance» démontre,
selon lui, que le traitement de l’information a été biaisé. De même, le fait
d’affirmer qu’il était «inutile» d’alourdir le contenu visuel de la
première page en présumant que le candidat allait terminer bon dernier, est une
preuve que l’information a été censurée de façon délibérée.
Analyse
Le choix et le traitement d’un sujet ou d’un événement particulier relèvent du jugement rédactionnel des médias et des professionnels de l’information, lesquels doivent exercer ce jugement en fonction du degré d’intérêt public d’une nouvelle. Ce faisant, ils doivent cependant livrer une information équilibrée, conforme aux faits et à la réalité, et ne pas être motivés par un parti pris à l’égard de personnes, de groupes ou de mouvements.
Le Conseil rappelle, à cet égard, que les médias ont le devoir de veiller à ce que le principe d’équilibre dans la couverture de tous les candidats dans une élection soit respecté, afin de ne pas fausser le processus démocratique.
Le cas soumis à l’attention du Conseil s’inscrit dans un contexte électoral : celui d’une campagne, à laquelle le plaignant participe comme candidat officiel.
Ce candidat s’est présenté relativement tard aux élections (le 4 juin 2002 alors que l’élection se déroulait le 17 juin), ce qui explique le nombre peu élevé d’articles le concernant dans les pages du journal, ce dernier étant un hebdomadaire. Compte tenu de ce contexte, le Conseil estime juste la couverture dont a bénéficié M. Lessard.
Cependant, dans l’édition du 16 juin 2002, c’est-à-dire à la veille du scrutin, la photo du plaignant n’apparaît pas sur la première page du journal alors que celles des trois autres candidats sont présentes. Le gros titre: «L’heure du choix», surplombant les trois photos, porte à croire, qu’à ces élections, le choix du vote ne peut se faire qu’entre ces trois personnes.
Le rédacteur en chef du journal explique ce choix d’illustration par le fait que dans cette campagne, «tout était joué à l’avance». Par conséquent, «nous n’avons pas cru bon d’alourdir inutilement le contenu visuel de cette première page».
Le Conseil ne partage pas tout à fait sur ce point l’analyse du rédacteur en chef, jugeant que le titre choisi portait à confusion. À ses yeux, une mise en page et un titre plus précis à la une auraient certes mieux contribué au respect des règles démocratiques. Aussi le Conseil invite-t-il le mis-en-cause à la prudence à l’avenir, à cet égard.
Au-delà de cette réserve et pour l’ensemble de ces considérations, le Conseil rejette sur le fond la plainte de M. Lessard contre L’Expression de Lanaudière, son rédacteur en chef, André Lafrenière et son éditeur, Benoît Bazinet.
Analyse de la décision
- C12B Information incomplète
- C13A Partialité