Plaignant
M. Yvon Bertrand
Mis en cause
Mme Andrée P. Boucher, animatrice
«Franc-Parler » et CJMF 93
(M. Jean Casault, producteur délégué etM.
Geoffrey O. Brown, directeur)
Résumé de la plainte
Le plaignant porte plainte contre la
station de radio CJMF 93 et son
animatrice Andrée P. Boucher pour la diffusion d’un débat électoral le 8 avril
2003.
Ce débat est jugé
«antidémocratique» par le plaignant.
Griefs du plaignant
En premier lieu, le
plaignant énumère les acteurs présents lors du débat électoral organisé par la
radio FM-93: Agnès Maltais,
représentante du Parti québécois, Marguerite Delisle, du Parti libéral, et
Andrée P. Boucher, animatrice. Le représentant du Parti adéquiste était quant à
lui absent.
Selon Yvon Bertrand, le
débat qui «en fait a été un combat était antidémocratique ». Il précise
qu’Andrée P. Boucher est l’ancienne mairesse de Sainte-Foy et Marguerite
Delisle ancienne mairesse de Sillery.
Yvon Bertrand regrette le
fait qu’Andrée P. Boucher n’ait pas animé le débat. Il affirme que les
questions posées par Mme Boucher étaient des attaques à l’encontre du Parti
québécois et «à l’occasion des petits mots gentils pour les
libéraux». Selon lui, Mme Maltais devait se défendre des attaques lancées
par Andrée P. Boucher alors que Mme Delisle ne semblait nullement surprise du
déroulement du débat. Le plaignant s’interroge: «Mme Delisle
connaissait-elle le déroulement vicieux à l’avance?» «Le débat
était en fait une vendetta de deux ex-mairesses de la région de Québec.»
Par la suite, il se
demande comment, dans un régime démocratique, «accepter un tel
subterfuge, une telle perversion?» Le débat a été, selon lui, une
publicité gratuite pour le Parti libéral.
Yvon Bertrand souhaite
que le Conseil de presse intervienne dans un débat qu’il qualifie de
«basse mascarade».
Commentaires du mis en cause
Commentaires de
Andrée P. Boucher, animatrice de l’émission «Franc-parler», CJMF
93:
Andrée P.
Boucher amorce ses commentaires en affirmant que ce n’est pas elle qui avait
organisé le débat électoral du 8 avril 2003, contrairement aux affirmations de
M. Bertrand. Elle indique que ce débat, inscrit dans une série de quatre
débats, a été défini par le producteur de l’émission
«Franc-parler», Jean Casault, et par les représentants des trois
principaux partis politiques en lice.
Elle réfute
ensuite l’allégation du plaignant selon laquelle le débat aurait été «un
combat antidémocratique parce que la candidate libérale a déjà été mairesse de
Sillery […]». Elle informe le Conseil qu’elle-même fut pendant plus de
seize ans mairesse de Sainte-Foy. Cette allégation est, selon elle, gratuite et
insultante. La mise-en-cause ne trouve donc rien à y répondre.
Elle comprend
aussi comme une insulte le fait que le plaignant insinue que Mme Delisle aurait
pu connaître à l’avance le déroulement «vicieux» du débat et que
celui-ci n’était «qu’une vendetta». Mme Boucher précise que cette
accusation est «complètement loufoque puisque, à titre d’animatrice de
l’émission, [elle] n’a jamais eu l’ombre d’une conversation avec Mme
Delisle». Elle affirme que cette dernière ignorait les questions qui
devaient être posées au cours du débat.
Les déviations
dénoncées par le plaignant (subterfuge, perversion et comportement qui mène à
la révolte) sont, pour la mise-en-cause, le reflet de la plainte elle-même.
En terminant ses
commentaires, Andrée P. Boucher ajoute que les propos insidieux et non fondés
que tient le plaignant à son endroit s’apparentent à du libelle diffamatoire
puisqu’ils ne reposent sur aucune vérité et sur aucun fait allégué.
Devant une telle
situation, la mise-en-cause ose croire que le Conseil de presse rejettera la
plainte d’Yvon Bertrand.
Commentaires de Jean Casault, producteur
délégué, «Franc-parler»,
CJMF 93:
Dès le début de ses commentaires, Jean
Casault soutient que la plainte n’est pas fondée. Le plaignant confondrait le
rôle d’Andrée P. Boucher avec celui d’une journaliste. Elle est animatrice et
son mandat est d’exprimer ses opinions. Mme Boucher n’a pas le statut de
journaliste et se doit d’exprimer tout commentaire personnel sur divers sujets.
Par conséquent, elle n’a jamais caché son inclination libérale. Le mis-en-cause
note que personne ne s’est plaint de cela durant les quatre débats électoraux.
Par ailleurs,
Jean Casault estime que le plaignant confond aussi le fait «qu’il soit
naturel de faire le procès d’un gouvernement en place davantage que celui d’une
opposition officielle, avec l’étiquette politique affichée par
l’animatrice». Il rappelle que la même question était posée à chacun des
représentants et que les représentants ont été prévenus de répondre à la
question sans chercher à s’y soustraire.
Jean Casault insiste sur le fait qu’aucune
plainte n’a été formulée durant toute la campagne électorale.
Réplique du plaignant
Aucune réplique du plaignant.
Analyse
Les médias et les journalistes doivent respecter les règles d’impartialité et d’équité à l’égard des candidats qu’ils invitent à participer à un débat en campagne électorale, de même qu’envers leurs options politiques respectives.
Les animateurs doivent respecter les opinions de leurs interlocuteurs et éviter à leur endroit tout propos, attitudes ou tons offensants. Le public est en droit de s’attendre à ce qu’ils n’abusent pas de leur fonction ou de leur latitude pour imposer leurs points de vue personnels ou écarter ceux qui n’y correspondent pas. En revanche, les animateurs disposent d’une grande latitude qui leur permet de faire appel à la polémique.
De l’avis du Conseil, l’animatrice Andrée P. Boucher avait le droit de jouer le rôle de « l’avocate du diable » – comme elle l’a fait – dans le débat politique qu’elle animait, et de poser des questions critiques à l’une ou l’autre des candidates à la députation. Après écoute de l’enregistrement de l’émission, le Conseil en est venu à la conclusion que Mme Boucher n’a pas abusé de sa fonction d’animatrice dans le débat radiophonique en cause.
Décision
Aussi, pour ces raisons, le Conseil considère qu’il n’y a pas eu de manquement déontologique dans le présent cas. La plainte à l’encontre de la station de radio CJMF 93 et son animatrice Andrée P. Boucher est donc rejetée.
Analyse de la décision
- C13A Partialité
- C15J Abus de la fonction d’animateur
- C22B Engagement politique