Plaignant
Association des Propirétaires de St-Bruno
Inc. (Mme Edwidge Skulska, présidente)
Mis en cause
M. Philippe Clair, éditeur et directeur
général et Les Versants du Mont-Bruno (Mme Nathalie Faucher, présidente)
Résumé de la plainte
Mme Skulska qui représente l’Association
des Propriétaires de St-Bruno reprochait à l’hebdomadaire Les Versants du
Mont-Bruno, une iniquité dans le traitement de ses demandes de parution des
avis de convocation de l’Association qui, selon elle, sont d’intérêt public.
Griefs du plaignant
L’Association des Propriétaires de
St-Bruno, représentée par Mme Edwidge Skulska, dénonce une injustice subie de
la part du journal hebdomadaire, Les Versants du Mont-Bruno. La
plaignante fait une mise en contexte des tendances des deux journaux desservant
la région de St-Bruno, soit Les Versants du Mont-Bruno et le Journal
de St-Bruno, concernant la «fusion des villes ». Mme Skulska
mentionne «qu’il est de notoriété publique à St-Bruno, que le journal Les
Versants est pro-fusion, pro-Ville de Longueuil et pro-Parti Québécois.
Tandis que le Journal de St-Bruno favorise les défusions et les libéraux
». Aucun des deux journaux n’est membre de l’Association.
Mme Skulska précise que l’Association qui
est composée de 400 membres réguliers existe depuis 1970. L’APSB se veut
apolitique et parmi les membres on y compte des libéraux, des péquistes et des
adéquistes. Elle ajoute que depuis le début des débats concernant les fusions
des villes, ses membres se sont prononcés contre ces fusions, précisant que
«la démocratie le veut car 87 % de citoyens se sont prononcés contre la
fusion forcée » et «qu’ils [l’Association] ont été immédiatement rayés de
la liste de clients du journal Les Versants. Par contre, le Journal
St-Bruno les servait bien ».
Pour la plaignante, le journal Les
Versants les ignore. Les articles de l’Association ont toujours été
acceptés poliment, mais jamais publiés. Au mois d’avril de chaque année, se
tient l’assemblée générale annuelle de l’Association et à cette occasion les
membres réguliers, aussi bien que les citoyens qui pourraient éventuellement
devenir membres, doivent être avertis de la tenue de cette assemblée. Un court
avis dans les journaux sert de convocation. En 2002, l’Association demanda au
journal Les Versants de publier un avis. Malgré la promesse et
l’acceptation de l’avis, ce dernier n’a pas été publié. Après insistance,
quelques jours avant l’assemblée, un petit entrefilet a paru. Cette année, en
2003, Mme Skulska s’est présentée au bureau de M. Philippe Clair, éditeur et
directeur général du journal Les Versants. M. Clair «lui a promis
solennellement que l’avis rédigé par l’APSB, serait publié le 18 avril (dix
jours avant l’assemblée) ». L’avis n’est pas paru ni le 18 avril, ni dans
l’édition suivante, soit le 25.
La plaignante y voit une
«discrimination injuste ». Elle mentionne que «Les Versants
[le journal] publie uniquement les articles – de ou sur – ceux qui sont proches
de la Ville de Longueuil ou du parti politique de sa préférence ».
L’Association «trouve qu’il y a un manque flagrant d’éthique
professionnelle ». Mme Skulska joint à sa plainte un exemplaire du journal Les
Versants du Mont-Bruno, pour que le Conseil de presse constate «que
l’espace ne manquait pas et que plein d’autres petites annonces ont trouvé une
place considérable ».
Selon la plaignante, l’Association est
perdante car ses membres n’ont pas été suffisamment informés de la tenue de
cette assemblée, à laquelle assistait aussi la nouvelle députée. En n’informant
pas les citoyens, l’Association trouve qu’il y a un manque de respect pour la
nouvelle députée du comté.
En terminant, Mme Skulska ajoute que
«ces comportements des journalistes locaux est indigne de leur
profession. Ils nous ont fait un tort irréparable et nous nous plaignons
ouvertement ». Elle soumet la question suivante: « Le journal est au
service de qui? »
Mme Skulska a fait parvenir deux
compléments à sa plainte. Le premier concernait une clarification selon
laquelle l’Association ne désirait pas porter l’affaire devant les tribunaux.
Le but de cette plainte était de faire changer l’attitude du journal envers
l’Association. Elle demande d’être traitée équitablement. Elle joint un compte
rendu de l’assemblée de l’APSB, rapporté par le Journal de St-Bruno. La
plaignante mentionne que «l’assemblée a été d’une grande importance pour
les citoyens de St-Bruno et méritait un avis dans le journal local, Les
Versants. Elle soulève la question suivante: «Cet hebdomadaire,
se veut-il d’être au service des citoyens, d’informer tous les citoyens? » Elle
ajoute à ce commentaire un article paru dans Les Versants, concernant le
nouveau ministre des Affaires municipales. Le journal aurait fait une erreur en
nommant le ministre; au lieu de Jean-Marc Fournier, il aurait écrit Jean-Pierre
Fournier.
Dans son deuxième complément de plainte, la
plaignante joint un autre article du journal concernant le ministre des
Affaires municipales en y faisant remarquer que la même erreur s’est répétée
dans le nom du ministre. Elle déplore que le journal «n’ait pas cru bon
d’émettre une précision, correction ou rétractation. Au contraire, il a
récidivé ».
Commentaires du mis en cause
Monsieur Clair reconnaît avoir rencontré
Mme Skulska, afin de diffuser gratuitement un avis de convocation pour leur
assemblée générale. Malheureusement, faute d’espace ils n’ont pu publier cet
avis.
Il reconnaît que l’APSB existe depuis
longtemps, malgré le départ de nombreux membres dirigeants pour fonder une
autre association.
Le mis-en-cause réfute les accusations de
Mme Skulska, qui se dit «rayée de la liste de ses clients ».
En ce qui concerne les communiqués, selon
M. Clair, la plaignante n’a jamais fait parvenir de communication
conventionnelle écrite ou par courriel. Il mentionne que lors de divers
événements, le journal a ouvert ses pages à beaucoup d’intervenants, dont Mme
Skulska.
M. Clair tient à préciser qu’ils ne sont ni
fusionnistes, ni défusionnistes. Ils ouvrent leurs pages à tous ceux qui sont
crédibles et qui ont quelque chose à dire. Et ajoute-il: «Encore
faut-il qu’ils communiquent avec nous. »
Réplique du plaignant
Mme Skulska rétorque aux commentaires du
mis-en-cause en quelques points:
1.
Que leur avis de convocation pour
l’assemblée générale n’ait pas été diffusé «faute d’espace ». Mme Skulska
signale que c’est devenu un éternel prétexte (deux autres fois).
Que
de nombreux membres dirigeants ont fondé une autre association. Vrai, ils
ont été et sont toujours des fusionnistes. Les membres de l’APSB sont
toujours des défusionnistes.
La
plaignante soulève la question suivante: «Est-ce à cause de
leur préférence pour la fusion avec Longueuil, que Les Versants ont
maintes et maintes fois publié leurs articles?»
Il
est vrai que les communiqués de l’APSB n’ont pas été envoyés par courriel.
Toutefois, ils ont été faits et écrits par la plaignante qui les a remis
elle-même à M. Philippe Clair dans son bureau. «Quoique écrits et
acceptés, ils n’ont jamais été publiés. Faute d’espace? Faut-il croire? »,
mentionne-t-elle.
Les
pages du journal Les Versants ne sont pas ouverts à tous les
intervenants, loin de là. Mme Skulska mentionne que les plaintes de l’APSB
sont partagées avec la Coalition pour la reconnaissance de St-Bruno,
«des fervents défusionnistes » qui a vu leur article rejeté; et par
le Comité fierté St-Bruno, «défusionnistes » ex-conseillers de la
Ville de St-Bruno. «Leur article a été déformé, contenant une erreur
compromettante. »
En
terminant, la plaignante ajoute que «ce ne sont pas les lecteurs
(clients) qui ne sont pas crédibles, mais plutôt le vénérable journal Les
Versants. L’éditeur M. Clair, un grand ami du maire J. Olivier, est loin
d’être défusionniste!! Que dire de plus? »
Analyse
Bien qu’il relève de la prérogative des organes d’information d’établir leur politique de publication des communiqués ou des textes publicitaires en provenance d’individus ou de groupes, les médias et les professionnels de l’information ont le devoir d’en favoriser l’accès au public.Ils doivent encourager la libre circulation des idées et l’expression du plus grand nombre possible de points de vue. De tels espaces ou périodes favorisent le débat démocratique et diversifient l’information.
Selon la plaignante, il est manifeste que M. Philippe Clair, éditeur et directeur général des Versants du Mont-Bruno, n’aurait pas publié un avis de convocation de l’Association des Propriétaires de St-Bruno (APSB) parce que cette dernière défendrait une position différente du journal au sujet des fusions des villes. La plaignante soutient que le journal publie uniquement des articles sur ceux ou de ceux qui sont proches de la Ville de Longueuil ou du parti politique auquel souscrit le journal.
Le mis-en-cause rétorque en affirmant qu’il a ouvert ses pages à beaucoup d’intervenants auparavant, dont à la plaignante. M. Clair reconnaît avoir rencontré cette dernière afin de diffuser gratuitement un avis de convocation, mais n’a pu le publier, faute d’espace.
Ne pouvant établir avec certitude, comme l’affirme la plaignante, que le journal favoriserait des individus ou des groupes au détriment d’autres, le Conseil considère que ce serait faire un procès d’intention à M. Clair que de douter des raisons pour lesquelles le journal n’aurait pas publié l’avis de l’APSB. Le Conseil tient toutefois à rappeler que le public est en droit de s’attendre à ce que la politique d’équité rédactionnelle, que les médias se font un point d’honneur de respecter en matière d’information, transparaisse dans leurs pages et permette ainsi à des individus ou des groupes de faire valoir leurs opinions et points de vue qui peuvent être d’intérêt public.
Décision
Pour l’ensemble de ces raisons, le Conseil de presse rejette la plainte à l’encontre de l’hebdomadaire, Les Versants du Mont-Bruno et de son éditeur et directeur général, M. Philippe Clair.
Analyse de la décision
- C08A Choix des textes
- C08E Boycottage/représailles
- C13A Partialité