Plaignant
M. Pierre Messier
Mis en cause
Mme Louise Grégoire-Racicot, rédactrice en
chef, M. Pierre Plante, éditeur et directeur général et
l’hebdomadaire
Les 2 Rives
Résumé de la plainte
Le plaignant reproche à l’hebdomadaire
Les 2 Rives d’ « avoir orchestré une
campagne journalistique pour manipuler l’opinion publique », favoriser le camp
du OUI et détruire les arguments du camp du NON, lors du débat concernant la
revitalisation du centre-ville de Sorel-Tracy. Il met en cause cinq éditoriaux
de Louise Grégoire-Racicot, écrit les 15 et 29 avril,
les 6 et 27 mai et le 3 juin 2003.
Griefs du plaignant
M. Messier met en cause l’ensemble des cinq
éditoriaux rédigés par Louise Grégoire-Racicotselon les griefs
suivants: exactitude de l’information, équilibre et exhaustivité de
l’information, impartialité de l’information, pondération de l’information
(sensationnalisme/insistance indue), rigueur de l’information, respect des
groupes sociaux, conflit d’intérêts et cueillette de l’information.
Le plaignant reproche à Louise
Grégoire-Racicot, sympathisante du camp du OUI, d’avoir commis des insinuations
gratuites ayant pour but de discréditer les membres du comité du NON.
Il allègue que ses cinq articles sont
tissés de mensonges, qu’il y a eu manipulation de l’opinion publique via
notamment l’utilisation de chiffres erronés. Il atteste que « le journal et la
journaliste ont tenté d’imposer une pensée unique qui relève du totalitarisme
».
Commentaires du mis en cause
Mme Louise Grégoire-Racicot rédactrice en
chef, répond que, tel que mentionné par l’intitulé de la rubrique
«Opinion de Louise Grégoire-Racicot », c’est à titre d’éditorialiste
qu’elle a signé ces textes. Et de préciser que, comme l’indique le terme
opinion, ce sont des opinions personnelles et analyses qu’elle ne s’est permise
d’émettre que dans cette partie du journal.
Elle reconnaît avoir pris position en
faveur du OUI et avoir fait valoir, en ce sens, quels en étaient les arguments
tout en y apportant des nuances. Elle estime que si elle l’a fait à plusieurs
reprises, c’est simplement que la situation évoluait; elle ne considère pas
pour autant avoir «odieusement tenté de détruire les arguments du camp du
NON lors de ce débat», comme le prétend le plaignant.
Selon Mme Grégoire-Racicot, le plaignant
aurait omis de mentionner que le journal a publié entre le 8 avril et le 24
juin, non seulement plusieurs articles d’information pour expliquer le projet
de revitalisation, les arguments du OUI ainsi que ceux du NON, mais aussi toutes
les lettres ouvertes envoyées par les tenants des deux camps.
La mise-en-cause soutient que le comité du
NON n’a jamais tenu de point de presse, ni n’a demandé de rencontres avec les
journalistes pour faire valoir son point de vue. Selon elle, le plaignant
aurait souhaité que « l’on ne passe que des communiqués que ses membres
déposaient, à l’occasion et discrètement, à la réceptionniste du journal ».
Elle affirme que, de fait, le comité du NON n’a accordé qu’une entrevue
sérieuse et ce, après que M. Plante, éditeur et directeur général
des
2 Rives, ait insisté pour que ses représentants la rencontrent.
Pour finir, la rédactrice en chef précise
que le OUI l’a remporté et que ce n’est que la semaine avant la tenue du
référendum que « le groupe du NON a commencé à dire à des gens qu’il porterait
plainte contre elle au Conseil de presse ». Elle reconnaît ce droit mais «
regrette qu’il ne l’ait jamais interpellée, demandé à la rencontrer, contesté
ses manières de dire ou de faire dès qu’il les a déplorées ».
Réplique du plaignant
Aucune réplique du plaignant.
Analyse
L’éditorial et le commentaire se distinguent de l’information brute en ce qu’ils constituent des tribunes réservées soit à l’éditeur, soit à l’éditorialiste, soit au commentateur pour qu’ils expriment leurs convictions, leurs opinions et leurs points de vue. Ces genres sont essentiellement du journalisme d’opinion et sont une manifestation de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. Leur contenu relève de la discrétion de l’éditeur qui est libre d’établir la politique du média en ces matières. C’est sa prérogative, à l’intérieur des limites de l’éthique journalistique, de se réserver, à tout moment, l’espace qu’il juge à propos, pour prendre position, exprimer ses critiques ou faire valoir ses points de vue.
Après l’analyse des éditoriaux fournis par le plaignant, le Conseil ne peut voir en quoi la journaliste Louise Grégoire-Racicot a transgressé les normes d’éthique. Ni les termes utilisés, ni la façon de les formuler ne contreviennent aux standards journalistiques. M.Messier n’appuie d’aucune preuve les reproches qu’il fait à l’endroit de Mme Grégoire-Racicot. Celle-ci a également écrit des articles d’information sur le même sujet que les éditoriaux mis en cause et ceux-ci ne présentent aucune entorse à l’éthique journalistique.
En outre, le journal Les 2 Rives a laissé l’opportunité aux sympathisants du camp du NON, dans le projet de revitalisation de la ville de Sorel-Tracy, de s’exprimer librement à travers le courrier des lecteurs. Le plaignant avait donc la possibilité de suggérer un avis contraire à l’éditorialiste Louise Grégoire-Racicot, possibilité qu’il n’a pas saisie. La publication des quelques lettres du camp du NON dans la page «Opinion des lecteurs » a permis à la population de connaître des points de vue différents sur le débat. Les lecteurs étaient donc aptes à porter leur propre jugement en cette matière.
De ce fait, le Conseil rejette la plainte à l’endroit de Mme Louise Grégoire-Racicot et du journal Les 2 Rives.
Analyse de la décision
- C03A Angle de traitement
- C11B Information inexacte
- C11C Déformation des faits
- C12A Manque d’équilibre
- C12C Absence d’une version des faits
- C13A Partialité
- C13B Manipulation de l’information
- C14A Sensationnalisme/exagération/insistance indue
- C15A Manque de rigueur
- C15D Manque de vérification
- C18A Mention de l’appartenance
- C22G Appartenance du journaliste
- C22H Détourner la presse de ses fins