Plaignant
M. Carol Tremblay
Mis en cause
Mme Louise Deschâtelets, collaboratrice, M. Dany Doucet, rédacteur en chef et le quotidien, Le Journal de Montréal
Résumé de la plainte
M. Carol Tremblay porte plainte contre Mme Louise Deschâtelets, collaboratrice au Journal de Montréal, concernant une lettre publiée dans la rubrique «Le courrier de Louise », parue le 20 avril 2004 qui diffuserait des propos haineux contre des personnes qui ont des croyances religieuses.
Griefs du plaignant
M. Tremblay porte plainte pour propagande haineuse, suite à une phrase repérée dans un texte publié dans le Journal de Montréal, sous la rubrique «Le courrier de Louise »: «La religion est probablement un des plus grands problèmes de la société. Elle divise les peuples au lieu de les unir. Les religions sont des histoires inventées par des humains intelligents pour expliquer les valeurs sociales aux simples d’esprits. » Ce que le plaignant comprend de l’auteur de ces lignes, est que ce dernier décrit les gens religieux comme des simples d’esprits ou bien des fraudeurs qui manipulent ces simples d’esprits. Il reproche à la réponse de «Louise » d’être «en parfait accord avec toute l’analyse de l’auteur et [de] se permettre même de le féliciter », constate-t-il. Le plaignant se sent offensé par les propos haineux publiés dans ce journal contre les personnes qui ont des croyances religieuses.
Commentaires du mis en cause
M. Doucet tient à rappeler que Mme Louise Deschâtelets tient au Journal de Montréal un courrier des lecteurs où elle répond souvent à des personnes désespérées, abandonnées, isolées ou tourmentées. Elle choisie son courrier en se demandant si la lettre publiée, aussi bien que sa réponse, sont susceptibles d’intéresser les lecteurs. M. Doucet soutient que ces lettres ne sont pas inventées et qu’elles reflètent l’opinion de vraies personnes dans la société, même si parfois leurs auteurs exigent l’anonymat.
Réplique du plaignant
M. Tremblay trouve très instructif d’apprendre que Mme Deschâtelets répond elle-même aux personnes désespérées, abandonnées, isolées ou tourmentées. Ce qui l’interpelle cependant, c’est qu’elle choisit son courrier en se demandant si la lettre publiée, aussi bien que sa réponse, sont susceptibles d’intéresser ses lecteurs. Le plaignant se questionne sur les habiletés du Journal de Montréal et de Mme Deschâtelets à diagnostiquer les maladies mentales ou à donner des certificats de saine santé mentale à ceux qui leur écrivent. M. Tremblay se demande si le Journal de Montréal n’utiliserait pas la misère humaine pour mousser les ventes ou un centre de thérapie mentale? Pour le plaignant, la question n’est pas de savoir si les lettres sont imaginaires ou si elles proviennent de personnes en difficulté, mais sur le fait que «Anonyme heureux » fait une déclaration haineuse publique, une déclaration qui, selon le plaignant, incite ou encourage la haine, envers un groupe de personnes en raison de leur religion et que Mme Deschâtelets dans sa réponse, lui [Anonyme heureux] a bel et bien décerné un certificat de saine santé mentale.
Analyse
Aux fins d’analyse de la présente plainte, le Conseil a dû préalablement déterminer, dans le respect du droit du public à l’information, à quel genre journalistique appartenait «Le Courrier de Louise», publié dans Le Journal de Montréal. De l’avis du Conseil, bien qu’il s’agisse d’une rubrique reposant sur des échanges personnalisés avec des lecteurs du journal, son contenu rédactionnel s’apparente au genre de la chronique, relevant du journalisme d’opinion. Ce genre rédactionnel accorde aux professionnels de l’information une grande latitude dans l’expression de leurs points de vue, commentaires, opinions, prises de position, critiques, ainsi que dans le choix du ton et du style qu’ils adoptent pour ce faire. Dans le présent cas, le plaignant reproche à la chroniqueuse en cause, Mme Deschâtelets, de cautionner des propos soit disants haineux tenus par un lecteur envers les religions et les croyants. Au terme de son examen, le Conseil de presse en arrive à la conclusion que la plainte n’est pas fondée. Bien que les propos du lecteur en cause ne soient guère tendres à l’égard des religions, la liberté rédactionnelle reconnue aux chroniqueurs permettait aux deux mis-en-cause d’exprimer librement leurs opinions sur la question religieuse. De plus, les propos reprochés au lecteur concerné ne contiennent, aux yeux du Conseil, aucune connotation proprement haineuse ou discriminatoire.
Décision
Aussi le Conseil rejette-t-il la présente plainte contre Mme Louise Deschâtelets et Le Journal de Montréal.