Plaignant
Mme Jeanne Comeau
Mis en cause
M. Jean-Guy Pinel, journaliste et administrateur du site Internet «Le Brandonnien »; M. Jean-Paul Plante, directeur de l’information et l’hebdomadaire L’écho de D’Autray et de Maskinongé
Résumé de la plainte
Mme Jeanne Comeau porte plainte contre le journaliste Jean-Guy Pinel et son site Internet intitulé «Le Brandonnien » qui se présente comme un quotidien en ligne. Elle conteste le fait d’avoir publié sa photo sans son approbation. Elle reproche également au journaliste d’être en conflit d’intérêts et de promouvoir son site Internet dans un journal, de ne pas avoir recueilli sa version des faits, d’avoir été partial et de mélanger les genres journalistiques. Sa plainte vise aussi l’hebdomadaire L’écho de D’Autray et de Maskinongé où collabore également à la rédaction M. Pinel.
Griefs du plaignant
D’entrée de jeu, la plaignante précise que M.Jean-Guy Pinel est journaliste pigiste pour l’hebdomadaire L’écho de D’Autray et de Maskinongé et qu’il gère en même temps un « journal virtuel » sur Internet. Madame Jeanne Comeau reproche à M. Pinel d’avoir publié, dans son journal virtuel quotidien connu sous le nom de « Le Brandonnien », sa photo « ainsi qu’un texte dont le contenu était tout à fait vexatoire et tentait de semer un doute dans l’esprit de la communauté quant à l’implication de cette dernière relativement à la fermeture du Lac Maskinongé ». Pour la plaignante, M. Pinel viole plusieurs règles d’éthique journalistique qu’elle détaille :
– présence d’un conflit d’intérêts; à même ses articles dans le journal L’écho, M. Pinel fait la promotion de son site Internet;
– aucun texte n’appuie ses titres de nouvelles et les photos dans ses pages;
– l’information n’est pas traitée de façon objective; certains titres relèvent de la propagande;
– absence d’indépendance de l’information et de la publicité;
– respect de la vie privée (utilisation de sa photo sans son autorisation); absence de recherche journalistique (non-obtention de la version des personnes impliquées), donc partialité.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de M. Jean-Guy Pinel, chroniqueur, journaliste et administrateur du site Internet LeBrandonnien: M. Pinel répond que le site Internet « Le Brandonnien.com » est une expérience journalistique qu’il faisait et qui devait durer tout au plus un an. Son intention était de démontrer que les petites communautés pouvaient être informées quotidiennement, grâce à Internet, de ce qui se déroule chez eux. Il y voyait un moyen de suppléer à l’absence d’information locale entre deux parutions de l’hebdomadaire. Il trace un bref portrait de la disparition de la couverture journalistique dans sa région depuis 20 ans. Il déclare être seul dans ce projet de « quotidien en ligne ». Il dit ne recevoir aucune subvention ni aucun salaire, ne vendre aucune publicité. Il dit même payer de sa poche le serveur et l’enregistrement « .com », ainsi que l’équipement, les logiciels et la connexion haute vitesse sur Internet. Il précise que ces dernières dépenses ne lui sont pas occasionnées par «LeBrandonnien», car il les faisait déjà et les fera encore après l’expérience. En ce qui concerne le conflit d’intérêts, il demande de quels intérêts il s’agit. Il admet que sur son site, des textes pourraient être ajoutés, au lieu de ne donner que des manchettes et des photos. Il espère que maintenant la preuve est faite qu’il y a assez d’informations dans une région comme la sienne pour publier un tel quotidien en ligne. Il dit être satisfait du résultat obtenu et redoute le jour où il en cessera la publication, compte tenu du grand nombre de personnes qui sont informées par «LeBrandonnien ». Pour le mis-en-cause, l’accuser d’être en conflit d’intérêts parce qu’il écrit dans le journal, de consulter son site pour de plus amples informations, « c’est clouer au pilori la télévision, les autres quotidiens et les autres médias nationaux qui, chaque jour, vous invitent sur leur site Internet ». M. Pinel défend la référence à son site Internet en expliquant que les citoyens pouvaient ainsi obtenir le résultat d’un scrutin 10 minutes après la fermeture du bureau ou attendre une semaine pour l’apprendre dans l’hebdomadaire local. En ce qui a trait à la photo de Mme Comeau, M. Pinel certifie qu’il l’a prise dans la « morgue » du journal, et qu’il avait le droit de le faire. Pour lui, Mme Comeau est un personnage public et ainsi, il n’avait pas à lui demander le droit de publier sa photo. Comme il s’agit probablement de la militante écologique la plus connue de la région, et comme elle avait été du groupe qui avait travaillé à interdire les beach party sur les rives du Lac Maskinongé, il était normal qu’il s’interroge sur le rôle qu’elle avait joué dans l’interdit de baignade. De plus, deux jours après la publication de la question dans « Le Brandonnien», Mme Comeau confirmait, à la période de questions de l’assemblée municipale, qu’elle était intervenue auprès du contremaître de la municipalité. M. Pinel termine en précisant que l’entente qui le lie à l’hebdomadaire L’écho de D’Autray et de Maskinongé prévoit la publication de deux articles dont une chronique «Brandon en bref » chaque semaine. Commentaires de M. Jean-Paul Plante, directeur de l’information de l’hebdomadaire L’écho de D’Autray et de Maskinongé: M. Plante répond que le site Internet « Le Brandonnien » est exploité à titre strictement personnel par M. Pinel et que L’écho de D’Autray et de Maskinongé n’a absolument rien à voir avec ce site et ce, d’aucune façon. Il confirme les activités de M. Pinel au journal. Le directeur de l’information ajoute que M. Pinel n’a aucunement agi en position de conflit d’intérêts, mais tout simplement par souci de mieux renseigner les lecteurs, étant donné que les heures de tombée de L’écho ne permettaient pas de donner les résultats de la consultation référendaire qui se tenait le vendredi. Il termine en réaffirmant que L’écho de D’Autray et de Maskinongé n’a de lien avec aucun autre média ni avec le site Internet que M. Pinel a monté et qu’il entretient à titre personnel.
Réplique du plaignant
La plaignante n’a fourni aucune réplique.
Analyse
La plainte soumise à l’attention du Conseil visait deux mis-en-cause : l’hebdomadaire L’écho de D’Autray et de Maskinongé et le site Internet « Le Brandonnien.com ». Après vérification, il est apparu que le site Internet exploité par M.Pinel n’entrait pas dans le cadre et les définitions de ce qu’il est convenu d’appeler, au Conseil de presse, un média sur Internet. Le site Internet « Le Brandonnien » n’étant pas considéré comme un média, tous les griefs qui lui ont été adressés ne pouvaient plus être considérés comme recevables. La plaignante avait également formulé un grief pour conflit d’intérêts contre L’écho de D’ Autray et de Maskinongé. Elle estimait qu’en mentionnant que les citoyens pouvaient obtenir le résultat d’un scrutin en consultant le site Internet « Le Brandonnien », M. Jean-Guy Pinel avait fait la promotion de son site Internet. Après examen, le Conseil a bien constaté la mention en question dans l’article visé par la plainte, mais il a considéré qu’elle n’avait pas la portée que lui impute la plaignante. Par exemple, il a été établi que M. Pinel ne tirait aucun avantage pécuniaire de l’exploitation de ce site. Aux yeux du Conseil, cette mention consistait davantage en une référence pratique à une source de renseignements pour les citoyens, que d’une «promotion » au sens strict.
Décision
Pour l’ensemble de ces raisons, le Conseil de presse rejette la plainte contre M. Jean-Guy Pinel et son site Internet « Le Brandonnien », de même que contre L’écho de D’Autray et de Maskinongé et son directeur de l’information M. Jean-Paul Plante.
Analyse de la décision
- C12A Manque d’équilibre
- C12C Absence d’une version des faits
- C13A Partialité
- C16B Divulgation de l’identité/photo
- C20A Identification/confusion des genres
- C22C Intérêts financiers
Dissidents
D2001-11-034