Plaignant
Mme Naomi Henshaw
Mis en cause
M. Jim Duff, chroniqueur, M. Greg
Jones et Mme Louise Craig, éditeurs et l’hebdomadaire Hudson Gazette
Résumé de la plainte
Mme Naomi Henshaw porte plainte
contre l’hebdomadaire Hudson Gazette et le chroniqueur Jim
Duff. Mme Henshaw reproche
d’abord à la chronique du 29 septembre 2004 de véhiculer des informations
fallacieuses à son sujet. Elle reproche aussi à M. Duff
d’avoir publié, sans son autorisation, dans une deuxième chronique paru le 6
octobre 2004, des informations privées, données dans un échange de courriels.
De plus, la plaignante affirme que, lors d’une discussion téléphonique le 30
septembre 2004, le journaliste a été discourtois, agressif et a tenu des propos
diffamatoires. Elle soutient que sa réputation et sa vie privée ont été
atteintes dans les deux chroniques ainsi que dans l’entretien téléphonique.
Griefs du plaignant
La chronique du 29 septembre 2004 du journaliste Jim
Duff serait une réplique à une lettre que la plaignante a
écrite au journal et qui a été publiée dans « Letter
to the Editor» le 22 septembre 2004. Par ce
fait, elle reproche au chroniqueur d’avoir tenu des propos irrespectueux et
sans fondement à son égard. Par exemple, elle ne serait pas la propriétaire
d’une maison en vente et il n’y aurait pas de sentier de ski de fond sur son
terrain.
Mme Henshaw et M.
Duff auraient également eu une conversation téléphonique où
celui-ci se serait montré désagréable et excessif en lui disant des choses
telles que: «Tout le monde vous hait dans Hudson» ou encore
qu’elle ne serait plus capable de faire publier de lettre à l’éditeur. Il
aurait également tenu un discours diffamatoire à l’encontre de l’acheteur de
leur maison en traitant celui-ci de consommateur de cocaïne, de producteur de
pornographie et insinuant également qu’il battait sa femme. Par ces propos, il
condamnerait la plaignante et sa famille.
La plaignante croit donc que ce qui a été faussement écrit
dans Hudson Gazette a jeté le discrédit sur elle et les propriétaires de
la maison. Elle ajoute que le coup de téléphone qui a eu lieu entre elle, son
mari et Jim Duff les a troublés et ébranlés.
Le dernier grief concerne la publication d’une grande partie
des lettres qu’elle a envoyées à M. Duff par courrier
électronique. En effet, elle n’aurait jamais autorisé M. Duff
à publier ses lettres dans la chronique qu’il a publiée le 6 octobre 2004.
Cette publication aurait porté atteinte à son image et à sa réputation. Elle
s’interroge sur le droit du journaliste à publier ses lettres sans sa
permission.
Commentaires du mis en cause
M. Jim
Duff affirme qu’il n’a jamais écrit le nom de Mme
Henshaw dans sa première chronique et par conséquent ne
pouvait lui porter atteinte. Il dit que le principal grief de Mme
Henshaw est la conversation téléphonique qu’ils ont eue.
Or, il n’aurait que questionné la plaignante sur les détails de la transaction
entre le propriétaire actuel de la maison et le futur propriétaire.
Réplique du plaignant
Mme Henshaw confirme qu’elle veut
toujours porter plainte contre Jim Duff et Hudson
Gazette.
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Mme Louise Craig et M. Greg Jones, éditeurs de Hudson
Gazette, ont fait parvenir une lettre à Mme Henshaw
en réponse à la lettre que celle-ci leur avait envoyée. Ils disent qu’ils n’avaient
donné aucun droit à M. Duff pour parler au nom du
journal.
Analyse
Le journalisme d’opinion accorde aux professionnels de l’information une grande latitude dans l’expression de leurs points de vue, commentaires, opinions, prises de position, critiques, ainsi que dans le choix du ton et du style qu’ils adoptent pour ce faire. La chronique permet aux journalistes qui la pratiquent d’adopter un ton polémiste pour prendre parti et exprimer leur critique, dans le style qui leur est propre, même par le biais de l’humour et de la satire. Toutefois, les auteurs de chroniques ne sauraient se soustraire aux exigences de rigueur et d’exactitude.
Mme Henshaw reprochait à M. Duff d’avoir formulé, dans sa chronique, des inexactitudes à son sujet. Le grief a été retenu à ce sujet. Le Conseil a cependant pris bonne note que le journaliste avait reconnu son erreur et s’en était excusé auprès de Mme Henshaw.
Par ailleurs, dans le cas soumis à l’attention du Conseil, la plaignante reprochait au mis-en-cause son manque de respect et son agressivité dans le cadre d’un appel téléphonique. À ce sujet, le Conseil rappelle qu’il est de la responsabilité des organes de presse d’être courtois et ouverts envers leurs lecteurs, leurs auditeurs ou leurs téléspectateurs. Les journalistes ne doivent pas se prévaloir de leur statut pour dénigrer, insulter, discréditer ou juger les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs. M. Duff était donc tenu de faire preuve de courtoisie à l’égard de la plaignante lors de leur entretien téléphonique.
Toutefois, dans le présent cas, devant les versions contradictoires de la part de Mme Henshaw et du chroniqueur, le Conseil ne peut donner raison à la plaignante sur ce point.
En outre, Mme Henshaw reprochait à M. Duff d’avoir porté atteinte à sa réputation et à sa vie privée dans ses chroniques, mais elle n’a démontré en aucune façon que les chroniques en question avaient nui à son mode de vie et à son image.
Par la suite, la plaignante s’interroge sur la légitimité de la publication sans son accord des courriels qu’elle avait écrits au journaliste. Selon le Conseil, la plaignante n’a pas à s’étonner que l’information contenue dans ses courriels ait été rendue publique: elle avait fait elle-même la démarche en s’adressant au journaliste, le contenu de ses missives était d’intérêt public et il n’a nullement été mal interprété.
Décision
Après étude de la plainte et pour l’ensemble de ces raisons le Conseil de presse retient partiellement la plainte contre le chroniqueur Jim Duff et l’hebdomadaire Hudson Gazette.
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C16B Divulgation de l’identité/photo
- C16D Publication d’informations privées
- C17A Diffamation
- C17G Atteinte à l’image
- C23J Intimidation/harcèlement