Plaignant
Mme Jocelyne Marquis et M. Pierre Marquis
Mis en cause
M. Romain Pelletier, journaliste et rédacteur en chef, M.
Jean-Guy Desjardins, directeur général régional et l’hebdomadaire
La Voix Gaspésienne
Résumé de la plainte
Les plaignants portent plainte contre l’hebdomadaire
La Voix Gaspésienne pour avoir refusé de
publier leur lettre dans la rubrique réservée au courrier des lecteurs. Ils se
disent brimés dans leur liberté d’expression.
Griefs du plaignant
Les plaignants dénoncent l’hebdomadaire
La Voix Gaspésienne, les accusant d’avoir voulu les censurer et
d’avoir refusé de publier une lettre d’opinion dans la rubrique réservée au
courrier des lecteurs. Les raisons évoquées par le journal seraient à l’effet
que les sources de références étaient erronées et constituaient donc, une
atteinte à la réputation du directeur du Centre hospitalier de
Matane, M. Clément Gauthier.
La lettre de Mme Marquis est en réplique à un article publié
dans Le Soleil, du 15 novembre 2004,
qui mentionnait: «À Matane (budget de 22
millions $), le fragile équilibre budgétaire est attribué à l’octroi d’une
somme de 300000 $ réservée à la diminution de la liste d’attente en
orthopédie.»
Commentaires du mis en cause
M. Desjardins confirme que son journaliste, Romain
Pelletier, s’est entretenu avec Mme Marquis, ce dernier lui aurait souligné que
certaines informations contenues dans sa lettre portaient à confusion et que,
par conséquent, ils ne pouvaient la publier intégralement; car elle laissait
entendre qu’«une somme de 300000 $, réservée à la diminution
de la liste d’attente en orthopédie avait servi à atteindre l’équilibre
budgétaire de l’institution ». Le journaliste a obtenu des précisions du Centre
hospitalier de Matane l’informant que l’année
financière de l’institution se soldait par un déficit de l’ordre de
286000 $. Cependant, une enveloppe spéciale de 300000 $ avait été
allouée pour réaliser une trentaine d’opérations pour des prothèses de genoux
et de hanches. Ainsi, le déficit demeure et est reconnu par le ministère.
De plus, ajoute le mis-en-cause,
certains propos étaient d’une teneur et d’une pertinence questionnable, par
exemple, «lorsqu’elle [la plaignante] conclut que le directeur général maintenait
volontairement les patients dans l’attente et que le poste d’orthopédiste
itinérant serait probablement coupé ».
M. Desjardins affirme avoir proposé à Mme Marquis de publier
la partie de sa lettre où elle se plaint du délai pour obtenir les soins dont
elle avait besoin, mais cette dernière aurait refusé.
Le mis-en-cause a fait parvenir au
Conseil de presse une lettre adressée au journaliste Romain Pelletier, de M.
Clément Gauthier, directeur général du Centre hospitalier de
Matane. Selon M. Gauthier, il s’agit d’une mauvaise
interprétation de Mme Marquis du contenu de l’information publié dans
Le Soleil. De plus, il serait totalement
faux de prétendre que le montant accordé de 300000 $ réservé à la
diminution des listes d’attente en orthopédie aurait été appliqué contre le
déficit de l’établissement, précise-t-il.
Réplique du plaignant
Les plaignants soulignent que leur lettre a été écrite en
toute bonne foi, se guidant sur l’article du
Soleil publié le 15 novembre 2004. Ils croient que c’était de leur
devoir de citoyen de sensibiliser la population de la région de
Matane; à savoir qu’il y a des compressions budgétaires
injustifiées à ce Centre hospitalier.
Mme Marquis souligne que dans un premier temps son frère,
Pierre, a rencontré le journaliste qui l’a reçu de façon très cavalière lui
faisant sentir qu’il le considérait comme «un tannant, un fatiguant ».
Mme Marquis réfute l’allégation apportée par MM. Desjardins
et Pelletier à l’effet que dans sa lettre d’opinion, elle aurait écrit:
«… lorsqu’elle conclut que le directeur général maintenait
volontairement (sic) les patients dans l’attente… », cela
est entièrement faux, souligne-t-elle. Elle ajoute qu’il faudrait être
imprudent pour affirmer pareille ineptie.
Mme Marquis conclut en mentionnant une conversation
téléphonique qu’elle a eue avec M. Romain Pelletier et donne les raisons que ce
dernier a invoqué pour refuser de publier sa lettre.
–
Que le journaliste du
Soleil aurait mal compris et qu’il se serait trompé;
–
que M. Pelletier aurait peur que le directeur général
du Centre hospitalier entame des procédures légales contre son journal;
–
que le Centre hospitalier de Matane
n’est pas mieux qu’un hôpital de brousse;
–
que les gens devraient se contenter des services
délivrés et que ceux-ci iront en diminuant et que cela était bien ainsi;
–
que lui n’est jamais malade;
–
que la population en général abuse des services de
santé.
Mme Marquis ajoute que M. Pelletier a terminé l’entretien
sur un ton colérique et arrogant, en qualifiant sa lettre de torchon et que
cela méritait d’être envoyé au bac de recyclage.
Commentaires à la réplique
Les mis-en-cause
informent le Conseil de presse qu’ils n’entendent pas ajouter de commentaires
additionnels.
Analyse
Tout d’abord, le Conseil de presse tient à préciser que le public n’a pas accès de plein droit aux pages des médias écrits ou aux ondes des stations de radios et de télévision. Cependant, la presse a le devoir d’en favoriser l’accès à ses lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs.
Les plaignants reprochent, en tout premier lieu, à La Voix Gaspésienne, d’avoir refusé de publier une lettre dans la rubrique réservée au courrier des lecteurs. Les mis-en-cause rétorquent en précisant que certaines informations portaient à confusion, étaient d’une teneur questionnable et qu’ils ne pouvaient la publier intégralement. Ils auraient proposé à Mme Marquis d’en publier une partie, mais elle aurait refusé.
Le Conseil de presse s’est maintes fois prononcé sur la rubrique «Lettres des lecteurs». Dans le cas présent, bien que la presse ait le devoir de favoriser l’accès des médias à ses lecteurs, elle reste libre de choisir les lettres qui y seront publiées. Cependant, le Conseil encourage la libre circulation des idées et l’expression du plus grand nombre de points de vue. De tels espaces favorisent le débat démocratique et diversifient l’information. Il est à noter, dans le présent cas, que les plaignants ont vu leur lettre diffusée dans le quotidien Le Soleil. Bien que les plaignants auraient préféré voir leur lettre publiée dans leur journal régional, le Conseil souligne que le point de vue des plaignants a été entendu, il n’y a donc pas lieu de retenir ce grief.
Les plaignants reprochent aux mis-en-cause d’avoir manqué de courtoisie envers eux et de les avoir traités avec arrogance. Le journaliste aurait mentionné à la plaignante que sa lettre contenait des informations mensongères, que le journaliste du Soleil aurait mal compris et qu’il se serait trompé dans son article. De plus, il aurait offensé la plaignante par des propos insultants. Les mis-en-cause n’ont en rien contredit ces déclarations.
Le Conseil de presse rappelle qu’il a toujours considéré qu’une des responsabilités fondamentales des médias et des journalistes est d’être courtois envers leurs lecteurs et de leur éviter les tracasseries qui pourraient les empêcher de faire valoir leurs remarques, critiques ou récriminations légitimes. Le Conseil reconnaît ici un manque évident de courtoisie de la part de M. Pelletier, par ses propos discutables à l’égard des plaignants. Le grief est donc retenu.
Décision
Considérant les éléments ci-haut mentionnés, le Conseil retient la plainte à l’encontre du journaliste Romain Pelletier et de l’hebdomadaire La Voix Gaspésienne, pour manque de respect et de courtoisie à l’égard des lecteurs en cause.
Analyse de la décision
- C08F Tribune réservée aux lecteurs
- C17D Discréditer/ridiculiser
Date de l’appel
13 December 2005
Décision en appel
Après examen, les membres de la commission accueillent l’appel.
La commission précise que le Conseil de presse considère qu’il incombe aux
médias et aux journalistes d’être courtois envers leurs lecteurs. Toutefois, en
présence de versions contradictoires sur le comportement du mis-en-cause,
la commission d’appel considère que le comité des plaintes n’avait pas en mains
tous les arguments nécessaires à retenir la plainte formulée contre la
Voix Gaspésienne.
Griefs pour l’appel
M. Romain Pelletier, journaliste et rédacteur en chef, M.
Jean-Guy Desjardins, directeur général régional et l’hebdomadaire
La Voix Gaspésienne