Plaignant
M. Jack Shultz
Mis en cause
M. Brian Kappler, éditorialiste en
chef et le quotidien The
Gazette
Résumé de la plainte
M. Jack Shultz reproche à
The
Gazette, d’avoir modifié le texte de sa
lettre parue dans la rubrique «Letters»,
le 29 avril 2005. Il accuse le journal d’en avoir changé le sens et ainsi
publié un message qui n’était véritablement pas le sien.
Griefs du plaignant
M. Shultz porte plainte à
l’encontre du journal The
Gazette pour avoir retranché des parties
à sa lettre parue, le 29 avril 2005, dans la rubrique «
Letters». Il accuse le journal d’en avoir changé le
sens et d’avoir ainsi publié un message qui n’était pas véritablement le sien.
Selon le plaignant, bien que
The Gazette soit
un journal du Québec, c’est aussi un journal appartenant à Can West, un journal
national, sa lettre pouvait donc être lue à travers le Canada.
M. Shultz explique le processus
qui a suivi l’envoi de sa première lettre. Après avoir envoyé une première
lettre à The
Gazette, M. Brian Kappler,
éditorialiste en chef, l’invite à la transmettre à la rubrique «
Letters» et
lui mentionne que sa lettre sera publiée sans modification. Le plaignant
écrivit sa lettre le 7 avril mais une erreur de ponctuation dans l’adresse de
courriel fit en sorte que sa lettre lui fut retournée, il fit la correction et
la retourna le 8 avril.
La lettre ne fut pas publiée. Quelques jours plus tard, le
plaignant envoya donc un courriel demandant la raison pour laquelle sa lettre
n’avait pas été publiée. Le lendemain, M. Kappler le
rappela pour s’excuser et lui dire que
The Gazette ne
publierait pas cette lettre mais publierait la lettre originale (lettre que le
journal, au tout début, ne voulait pas publier).
Le 29 avril,
The Gazette a
publié une lettre signée par le plaignant, mais cette lettre n’était pas celle
que M. Shultz avait écrite. De plus, elle était selon
lui, tout le contraire de ce qu’il avait écrit.
Les propos de la lettre initiale du plaignant se voulaient
une réponse à un commentaire de Stephen Harper qui dénonçait une entente entre
Paul Martin et Jack Layton «
a deal with
the devil».
Le plaignant
déplorait ce
langage excessif par la phrase
suivante:
«Neither politician should be
demonized in this way, but I suspect that more English speaking Canadians might
regard Mr. Duceppe as the devil than Mr. Layton. » Cette
phrase a été modifiée par
The Gazette
et
se lisait comme suit:
«Other Canadians, concerned with
the unity of
Canada
, might well wonder if Harper and his Conservatives are destined to have
to make their own “deal with the devil” – not with
Layton
, but with the Bloc
Québécois. »
Le plaignant souligne que par son texte, il voulait dénoncer
ces propos excessifs et non de demander qui de Jack Layton
ou de Gilles Duceppe était le plus démoniaque dans la
politique canadienne.
Le plaignant explique qu’il est un simple lecteur qui envoie
des lettres pour publication dans un courrier des lecteurs. Il s’attendait à ce
que la version envoyée à l’éditeur, avec ses opinions, soit celle qui serait
publié. La lettre publiée le 29 avril n’était pas la sienne, il demanda donc au
journal à ce que son nom soit enlevé et que sa lettre originale soit publiée.
Il mentionne qu’il écrit des lettres à l’éditeur depuis plusieurs années et que
certaines ont été publiées, d’autres ont subies quelques modifications mais
jamais dans une aussi grande mesure. Il comprend la chance qu’il a de pouvoir
s’exprimer, mais de voir le sens de ses propos modifiés est inacceptable.
M. Shultz indique qu’après avoir envoyé
sa plainte au Conseil de presse, M. Kappler est entré
en contact avec lui pour s’excuser. Il l’aurait aussi invité à lui envoyer à
nouveau une autre lettre, que
The Gazette
publierait. Une autre lettre fut envoyée en réponse à celle parue le 29 avril.
Cette lettre ne fut jamais publiée. Il adressa, par la suite, un courriel à M.
Kappler lui demandant pourquoi sa lettre n’était pas parue.
M. Kappler lui dit que sa dernière lettre ne serait
pas publiée mais qu’il publierait sa toute première lettre avec des excuses, ce
qui fut finalement fait le 16 mai.
M.
Shultz termine en mentionnant qu’il devrait sans doute être
satisfait, mais il souligne que ceux qui écrivent dans les pages
offertes aux lecteurs ne sont pas rétribués pour ces efforts. Les lettres étant
rarement publiées, il considère donc, qu’au bout du compte, les lecteurs
devraient avoir le droit de voir leur nom sous leurs propres mots, et non sous
ceux de l’éditeur.
Commentaires du mis en cause
M. Brian Kappler considère que la
plainte de M. Shultz est légitime. Cependant, le 16
mai dernier, quand le Conseil de presse a reçu la plainte,
The
Gazette s’excusait et publiait la lettre de M. Shultz
avec une note de la rédaction.
Le mis-en-cause souligne que le
journal prend ses responsabilités au sérieux concernant les lettres de ses
lecteurs. Sur le grand nombre de lettres qu’ils reçoivent, seulement quelques
unes sont publiées. Plusieurs lettres reçues doivent être retouchées, pour la
précision et le style. Dans la page «
Send
letters to» un encadré précise que
la direction se réserve le droit de réviser les textes sans en changer
l’essentiel des arguments «
preserve
the core of the
argument».
Dû à la limite d’espace et de temps, ils ont manqué à leur
devoir dans le cas de la lettre de M. Shultz. Mais,
lorsque M. Shultz leur mentionna leur erreur, ils
l’ont admise et se sont excusés. M. Kappler a aussi
avisé les journalistes qui travaillent à cette section – trois personnes sont
en rotation sur ce poste – pour être certain qu’ils comprenaient le problème et
l’importance de le régler adéquatement.
L’erreur commise ne peut être renversée, mais il réitère que
The
Gazette prend sérieusement ses
responsabilités quant au reflet de l’opinion des auteurs de lettres ouvertes.
Dans ces circonstances, le mis-en-cause ne voit plus
aucune raison à cette démarche devant le Conseil de presse.
Réplique du plaignant
Le plaignant n’a soumis aucune réplique.
Analyse
Le Conseil reconnaît que les journaux peuvent apporter des modifications aux lettres qu’ils publient (titres, rédaction, corrections) pourvu qu’ils n’en changent pas le sens et qu’ils ne trahissent pas la pensée des auteurs.
Dans le cas présent, M. Shultz porte plainte à l’encontre du quotidien The Gazette pour avoir modifié sa lettre parue dans la rubrique «Letters». Il accuse le journal d’en avoir changé le sens et d’avoir ainsi publié un message qui n’était véritablement pas le sien. De plus, il déplore le long processus qu’il a du subir pour finalement voir sa toute première lettre publiée intégralement. Le mis-en-cause de son côté a reconnu son erreur et s’en est excusé. Il a publié la lettre de M. Shultz avec une note d’excuse de la rédaction et sensibilisé les personnes travaillant à cette section afin de prévenir ce genre d’erreur pour l’avenir.
Décision
Ainsi sur cette base, le Conseil retient la plainte de M. Jack Shultz à l’encontre du quotidien The Gazette.
Le Conseil comprend la frustration du plaignant coincé dans ce long processus pour voir publier une de ses lettres. Le Conseil tient à souligner que The Gazette a reconnu son erreur en publiant la toute première lettre du plaignant avec une note d’excuse de la rédaction. De plus, le Conseil prend bonne note des directives émises par l’éditorialiste en chef aux responsables de la rubrique réservée aux lecteurs, afin qu’une telle erreur ne se reproduise plus.
Analyse de la décision
- C08B Modification des textes
- C08C Délai de publication
- C08F Tribune réservée aux lecteurs