Plaignant
M. Denis Lapointe
Mis en cause
M. Pierre-André Normandin,
journaliste, M. Yves Bellefleur, vice-président,
information et rédacteur en chef et le quotidien Le Soleil
Résumé de la plainte
M. Denis Lapointe reproche au
quotidien Le Soleil,
ainsi qu’à son journaliste M. Pierre-André
Normandin, d’avoir manqué d’objectivité en favorisant
le point de vue des partisans de la refusion avec la
Ville de Québec dans un article paru le 5 novembre 2005, à la veille des
élections municipales, et intitulé «Réintégration… après
reconstitution».
Griefs du plaignant
M. Denis Lapointe porte plainte
contre un article paru le 5novembre 2005 dans le journal
Le Soleil et intitulé
«Réintégration… après reconstitution».
Selon le plaignant, le devoir d’un journaliste est de
relater une nouvelle, de façon objective et impartiale. Il précise que la
nouvelle publiée favoriserait directement le clan refusionniste,
ce qui ne lui semble pas acceptable compte tenu du fait que l’article fut publié
la veille des élections municipales. Il conclut que l’article paru dans le
journal Le Soleil est biaisé.
Le plaignant explique que l’article ne présente pas les
principaux points de la conférence de presse donnée par la députée France Hamel
au sujet de la reconstitution de L’Ancienne-Lorette
en n’en traitant que des aspects favorisant les tenants de la
refusion. Le journaliste aurait favorisé les partis
refusionnistes de L’Ancienne-Lorette
et Saint-Augustin en leur accordant une couverture
très favorable. En contrepartie, il n’aurait pas pris soin de contacter ou
d’interroger un candidat défusionniste.
De l’avis de M. Denis Lapointe, il
s’agirait donc d’un traitement journalistique malhonnête et biaisé, à la veille
des élections municipales du 6 novembre 2005. Selon lui, l’information aurait
dû être traitée de façon objective, neutre et factuelle.
Commentaires du mis en cause
Le mis-en-cause rappelle que le 5 octobre
2005, la députée France Hamel, qu’il qualifie de «défusionniste
avouée», affirmait dans un article publié dans le journal LeSoleil
qu’elle ne s’impliquerait pas dans la campagne électorale municipale.
Il explique qu’un mois plus tard, le 4 novembre 2005, et à deux jours
des élections municipales, la même députée a dénoncé, lors d’une conférence de presse,
les informations fournies par les candidats refusionnistes
de L’Anciennne-Lorette et de Saint-Augustin
au cours de la campagne électorale.
Le même jour, les deux chefs refusionnistes
de L’Ancienne-Lorette et Saint-Augustin,
MM.Christian Lévesque et Serge Hamel, ont fait le bilan de leur campagne
et ont réagi aux propos de la députée.
Selon M. Yves Bellefleur, la sortie publique
de la députée et ses critiques représentaient une nouvelle en soi, compte tenu
des propos qu’elle avait tenus le 5 octobre 2005. La réaction des
refusionnistes se voulait donc, selon lui, la riposte
normale aux propos de la députée contre leurs arguments.
Sur la forme, le mis-en-cause explique que la
lecture de l’article permet de constater que 32lignes ont été consacrées
aux propos que la députée a tenus en conférence de presse le 4novembre
2005. Les 27 lignes suivantes rapportent la réaction des deux candidats
refusionnistes à ces critiques tandis que les neufs
dernières lignes de l’article résument le bilan de campagne des équipes
refusionnistes de L’Ancienne-Lorette
et Saint-Augustin, qui faisait précisément l’objet
d’une conférence de presse conjointe le même jour. De plus, il précise que le
titre de l’article portait sur les propos de la députée libérale.
M. Yves Bellefleur reconnaît qu’il aurait été
intéressant d’obtenir les réactions du candidat à la mairie de L’
Ancienne-Lorette. Toutefois, il précise que ce dernier n’a
pas retourné les appels du journaliste. Selon lui, il serait donc faux de
prétendre que M. Normandin n’a pas contacté ou
questionné un candidat défusionniste.
Le mis-en-cause conclut en faisant observer
que M. Lapointe a omis de mentionner dans sa plainte
qu’il s’était lui-même présenté aux élections en tant que candidat
défusionniste et qu’il a été élu conseiller à la mairie de
Saint-Augustin.
Réplique du plaignant
M. Denis Lapointe réaffirme que le
texte paru dans le quotidien Le Soleil à
la veille des élections municipales de novembre 2005 n’était pas objectif
puisqu’il favorisait les refusionnistes.
Le plaignant reconnaît que l’article consacrait
effectivement 32 lignes aux propos tenus par la députée France Hamel lors de sa
conférence de presse mais explique que le journaliste a choisi de ne traiter
que des aspects négatifs et non de l’essentiel des propos de la députée. En
effet et selon lui, la députée n’avait pour objectif que de sensibiliser la
population au fait qu’il ne pouvait pas y avoir de refusions
«automatiques» si les candidats refusionnistes
étaient élus et que prétendre le contraire consistait à induire la population
en erreur puisqu’un tel processus n’existait pas.
M. Denis Lapointe ajoute qu’il
doute, malgré les dires du mis-en-cause, que le
journaliste ait réellement tenté de joindre des défusionnistes
et reconnaît qu’il était effectivement candidat au côté de ceux-ci lors des
élections de novembre 2005.
Le plaignant conclut en réitérant que les journalistes
doivent s’efforcer de transmettre une information juste et objective en
veillant à ce que celle-ci ne soit pas influencée par leurs opinions
personnelles. Selon lui, le quotidien Le
Soleil a manqué de rigueur et d’exactitude en publiant cet article.
Analyse
M. Denis Lapointe porte plainte contre le journal LeSoleil et son journaliste M. Pierre-André Normandin pour avoir publié, le 5 novembre 2005, à la veille des élections municipales, un article biaisé intitulé «Réintégration… après reconstitution». Le plaignant fonde sa plainte sur deux constats: selon lui, le journaliste n’aurait présenté que les points négatifs de la conférence de presse de la députée France Hamel et seuls les commentaires des candidats refusionnistes sur cette intervention auraient été recueillis.
En ce qui a trait à la nouvelle et au reportage, les médias et les professionnels de l’information doivent s’en tenir à rapporter les faits et les situer dans leur contexte sans les commenter. Quel que soit l’angle de traitement retenu pour une nouvelle ou un reportage, les médias et les journalistes doivent transmettre une information qui reflète l’ensemble d’une situation et le faire avec honnêteté, exactitude et impartialité.
Après analyse, le Conseil constate que la conférence de presse tenue par la députée France Hamel portait sur l’information qu’elle estimait n’avoir pas été livrée aux citoyens s’apprêtant à voter pour les candidats refusionnistes aux élections municipales, ce qui correspond à ce que rapporte Pierre-André Normandin dans son article. Concernant l’omission de certains éléments abordés par la députée dans cette même conférence, le Conseil précise que le journaliste était libre de choisir les aspects de celle-ci qu’il désirait traiter dans son article, sans que cela ne représente un manquement à la déontologie journalistique. Le grief ne peut donc être retenu sur cet aspect.
Par ailleurs, dans les cas où une nouvelle, ou un reportage, traite de situations ou de questions controversées, comme de conflits entre des parties, de quelque nature qu’ils soient, la déontologie du Conseil précise que les journalistes doivent veiller à ce qu’un traitement équilibré soit accordé aux éléments et aux parties en opposition.
À cet égard, le plaignant reprochait au journaliste du Soleil d’avoir omis de présenter la réaction des candidats défusionnistes au propos tenus par la députée, comme il l’a fait pour les refusionnistes, auquel il accorderait par ailleurs un préjugé favorable. Le Conseil considère que le journaliste a recueilli les propos des refusionnistes en réaction aux affirmations de la députée et ce, sans faire montre de parti pris.
Décision
Pour toutes ces raisons, le Conseil de presse rejette la plainte de M. Denis Lapointe contre le journaliste M. Pierre-André Normandin et le quotidien LeSoleil.
Analyse de la décision
- C13A Partialité