Plaignant
M. Stefan Jetchick
Mis en cause
Mme Annie Saint-Pierre, journaliste; M. Jean-Claude L’Abbée,
éditeur et chef de la direction et le quotidien
Le Journal de Québec
Résumé de la plainte
M. Stefan Jetchick,
représentant du parti politique le Parti de l’héritage chrétien, porte plainte
à l’encontre de la journaliste Annie Saint-Pierre et du quotidien
Le Journal de Québec, concernant un
article paru le 20 janvier 2006, sous le titre «Dans Louis-Hébert – La
répartition du vote, la clé». Il reproche à la journaliste d’avoir
transcrit erronément son nom ainsi que d’avoir insinué qu’il aurait refusé de
lui mentionner les grandes lignes du programme de son parti.
Griefs du plaignant
M. Stefan Jetchick reproche
à la journaliste Annie Saint-Pierre d’avoir transcrit ses nom et prénom de
façon erronée, en soulignant que deux autres journaux les avaient écrit
correctement. Il lui reproche, de plus, d’avoir insinué qu’il aurait refusé de
lui dire ce qu’il considérait comme prioritaire dans le comté de Louis-Hébert
aux élections fédérales de 2005. Dans les faits, soutient M. Jetchick, il a
tenté d’expliquer à la journaliste quel était le dossier prioritaire dans
Louis-Hébert, mais celle-ci aurait coupé court à la conversation.
Le libellé du passage en cause: «Du Parti de
l’héritage chrétien, Stephen Jetchisk, a renvoyé le
Journal à son site Internet, lorsqu’on lui a demandé ses priorités
pour Louis-Hébert».
Selon le plaignant, la première question posée par la
journaliste portait sur «l’homo-Scherrer». M. Jetchick lui aurait
répondu qu’il ne savait pas à quoi elle faisait allusion. Il affirme qu’elle
serait tout de même revenue plusieurs fois avec cette question.
La journaliste lui aurait par la suite demandé quel était le
dossier prioritaire dans Louis-Hébert. Inquiété par la première question, le
plaignant a donc recommandé à la journaliste de consulter leur site Internet,
la dirigeant ainsi vers une source fiable, mais cette dernière avait
difficilement accès à Internet ce jour là. Il lui a donc lu ce qui se trouvait
en réponse à cette question sous la rubrique FAQ (foire aux questions) sur son
site:«En ce moment, la plus grande menace dans la
circonscription de Louis-Hébert, c’est l’obscurantisme religieux». Il lui
expliqua, que l’expression «obscurantisme religieux» était un
hyperlien vers un texte explicatif. Pour tenter de lui expliquer, il donna en
exemple le zoo de Québec, que chaque camp «gobe des affirmations sans se
soucier d’avoir les faits et les preuves pour justifier leurs
affirmations».
M. Jetchick déplore le traitement que la journaliste a eu
envers lui et invoque le manque de professionnalisme de l’ensemble
des journalistes. Selon lui, si ces derniers
négligent les faits et induisent systématiquement leurs lecteurs en erreur,
cela aura une influence négative sur le «vivre-ensemble».
M. Jetchick conclut en mentionnant que sa conversation a
duré environ 5 minutes, que le tout a été poli, mais qu’il a eu l’impression
que Mme Saint-Pierre avait des choses beaucoup plus urgentes à faire que de
recueillir l’information le concernant.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de Me Bernard Pageau représentant les intérêts de la
journaliste et du Journal de Québec:
Me Pageau souligne que l’erreur concernant l’orthographe du
nom du plaignant, est limitée puisque seulement une lettre dans le nom et le
prénom sont incorrectes.
En ce qui concerne le grief, à l’effet que la journaliste
aurait insinué que le plaignant aurait refusé de lui dire au téléphone ce qu’il
considérait comme les priorités dans Louis-Hébert, le mis-en-cause soutient que
le texte publié n’insinue aucunement un refus de répondre, au contraire, il
indique que M. Jetchick a renvoyé le Journal
à son site Internet.
Quant aux autres allégations, Me Pageau soutient qu’il est
exact que la journaliste a eu une conversation avec le plaignant et l’aurait
informé qu’elle lui posait la même question que celle posée aux autres
candidats de la même circonscription: «Quelles sont vos priorités
dans Louis-Hébert si vous êtes élu?» Le plaignant l’aurait référé à son
site Internet et à «l’obscurantisme religieux». La journaliste a
jugé bon de reprendre les propos de M. Jetchick puisque c’était sa réponse,
ajoute-t-il.
Il termine en mentionnant que tout média jouit d’une
certaine discrétion dans la détermination de ce qu’il choisit de traiter ou
non. Le choix éditorial doit permettre de sélectionner quels sujets discutés en
entrevue sont pertinents et d’intérêt public.
Réplique du plaignant
Le plaignant n’a soumis aucune
réplique.
Analyse
Le Conseil ne saurait trop rappeler que l’attention que les médias décident de porter à un sujet particulier, le choix de ce sujet et sa pertinence relèvent de leur jugement rédactionnel. Nul ne peut dicter à la presse le contenu de l’information sans s’exposer à faire de la censure ou à orienter l’information.
Au premier grief soulevé par le plaignant, à l’effet que la journaliste aurait retranscrit erronément ses nom et prénom, les mis-en-cause reconnaissent deux erreurs mineures dans la retranscription du nom du plaignant. Le Conseil estime que ces erreurs, bien que regrettables, ne changeaient pas sur le fond, la portée des informations contenues dans l’article.
Au deuxième grief relevé, la journaliste aurait insinué que le plaignant aurait refusé de lui mentionner ce qu’il considérait comme prioritaire dans Louis-Hébert, par cette phrase de l’article, «Du Parti de l’héritage chrétien, Stephen Jetchisk, a renvoyé le Journal à son site Internet, lorsqu’on lui a demandé ses priorités pour Louis-Hébert.» Le mis-en-cause rétorque que le texte publié n’insinue pas un refus de répondre du plaignant, mais qu’il indique que ce dernier a renvoyé la journaliste à son site Internet.
Le Conseil constate que le texte ne laisse pas entendre que le plaignant aurait refusé de répondre, mais rapporte que M. Jetchick a dirigé la journaliste vers le site Internet de son parti. Le Conseil ne relève aucune faute déontologique au travail de la journaliste.
En conséquence, le Conseil de presse rejette la plainte de M. Stefan Jetchick à l’encontre de la journaliste Annie Saint-Pierre et du Journal de Québec.
Analyse de la décision
- C11A Erreur