Plaignant
M. Lucien Demers
Mis en cause
M. Stéphane Tremblay, journaliste; M. Pierre Martineau, directeur de l’information et le réseau TQS-Québec
Résumé de la plainte
M. Lucien Demers porte plainte contre M. Stéphane Tremblay et TQS-Québec concernant un reportage diffusé sur TQS le 20 juin 2006 à 17 h 03, au motif principal de non-respect de l’anonymat d’une fillette de neuf ans, victime d’agression sexuelle.
Griefs du plaignant
Le plaignant, M. Lucien Demers, porte plainte contre le journaliste Stéphane Tremblay et TQS-Québec, concernant un reportage diffusé le 20 juin 2006 à 17 h 03 sur TQS. Dans ce reportage, tourné à l’école Bon-Pasteur de Cap-Santé selon le plaignant, une mère rapportait le fait que sa fille de 9 ans a été agressée sexuellement par son père pendant quatre ans.
Le plaignant dénonce le fait que la mère de l’enfant a été reconnue par son entourage et par des membres de sa communauté. Aussi, M. Demers considère que l’anonymat de la fillette n’a pas été respecté.
De plus, selon lui, le reportage n’apporte aucune preuve concernant les allégations de la mère de la fillette, à propos des abus sexuels dont cette dernière aurait été victime.
Le plaignant considère enfin que ce reportage a été orchestré par le Centre local de services communautaires (CLSC) de Donnacona et la direction de l’école Bon-Pasteur de Cap-Santé. M. Demers accuse par-là même les intervenants du reportage, soit la mère, le CLSC de Donnacona, et par extension la direction de l’école, de vouloir se faire justice eux-mêmes.
Commentaires du mis en cause
M. Pierre Martineau explique que le but du journaliste était de mettre en lumière l’existence d’un programme de dépistage des abus sexuels dans des écoles primaires de la région de Portneuf. Aussi, le journaliste aurait bénéficié du support des autorités et du témoignage d’une mère lors de la cueillette d’informations. De plus, comme une personne mineure était impliquée, l’identité de la mère n’aurait pas été révélée.
En outre, le mis-en-cause précise que des accusations formelles ont été déposées contre le père de la fillette. Ainsi, à son avis, tout aurait été fait correctement dans le cadre de ce reportage.
Réplique du plaignant
Le plaignant réplique qu’il n’est pas d’accord avec le mis-en-cause, et que les commentaires de ce dernier ne correspondent pas du tout à la réalité des faits.
Analyse
M. Lucien Demers portait plainte contre M. Stéphane Tremblay et TQS-Québec concernant un reportage diffusé le 20 juin 2006 à 17 h 03.
M. Demers reprochait au reportage de ne pas prouver les allégations de la mère de la fillette concernant les agressions sexuelles dont cette dernière aurait été victime. Or, dans la mesure où des accusations formelles ont été portées contre le père, l’information contenue dans le témoignage de la mère était d’intérêt public, et il était légitime que le reportage se base sur ce témoignage et donc sur cette information pour illustrer l’existence d’un programme de dépistage des abus sexuels dans les écoles primaires de la région de Portneuf. Le grief pour information non établie a donc été rejeté.
Le plaignant dénonçait aussi le fait que le reportage ne respectait pas l’anonymat de la fillette, puisque, selon lui, la mère de l’enfant avait été reconnue par ses proches et par des membres de sa communauté. Or, l’éthique journalistique veut que, lorsque les médias jugent pertinent d’informer le public sur les problèmes qui mettent en cause le développement des personnes mineures, ils s’abstiennent de diffuser toute mention propre à permettre leur identification, en vue de ne pas compromettre leurs chances de réinsertion sociale et familiale. Dans le présent cas, le respect des principes éthiques visant la protection de l’anonymat des mineurs commandait au mis-en-cause d’éviter de révéler l’identité de la mère. Or, bien que ni les noms de la mère et de la fillette, ni celui du père n’aient été révélés dans le reportage, le Conseil considère que le média aurait dû prendre des moyens plus appropriés pour brouiller l’image et la voix de la mère afin de préserver l’anonymat de la mère, et partant, celui de la fillette. En effet, dans le contexte particulier du présent dossier, il était toujours possible pour les membres de la communauté de Cap Santé d’identifier la mère. Le grief pour défaut de protection de l’identité a donc été retenu.
Enfin, le plaignant accusait les intervenants du reportage de vouloir se faire justice eux-mêmes. Or, dans la mesure où il était légitime d’utiliser le témoignage de la mère dans le cadre du reportage, et dans la mesure où le spectateur savait que l’accusé devait comparaître devant la justice, le Conseil a estimé que le reportage en question ne constituait pas un procès par les médias.
Décision
Pour l’ensemble des motifs exposés, le Conseil retient partiellement la plainte de M. Lucien Demers contre M. Stéphane Tremblay et TQS-Québec et blâme TQS-Québec pour défaut de protection de l’identité.
Analyse de la décision
- C15C Information non établie
- C16B Divulgation de l’identité/photo
- C17H Procès par les médias