Plaignant
M. Alain Déry
Mis en cause
M. Serge Côté, rédacteur en chef et le quotidien Le Journal de Québec; M. Jean Roy, vice-président aux services de langues françaises et La Presse Canadienne
Résumé de la plainte
M. Alain Déry dénonce le titre « Le spectacle Le seigneur des anneaux quitte l’affiche après trois mois seulement » qui selon lui contiendrait des inexactitudes en rapport avec l’article paru dans l’édition du 29 juin 2006 du Journal de Québec.
Griefs du plaignant
M. Alain Déry reproche au Journal de Québec d’avoir coiffé un article d’un titre qui ne représenterait pas les propos qui y sont tenus. Selon lui, le titre de l’article « Le spectacle Le seigneur des anneaux quitte l’affiche après trois mois seulement » serait inexact. Il souligne de plus le manque de rigueur dans le sous-titre « Le billet coûtait 120 $ ».
Le plaignant dit avoir envoyé un courriel au courrier des lecteurs pour que le journal corrige l’erreur mais ce dernier n’aurait pas publié sa demande de rectification.
M. Déry explique que le titre annonçait : « le spectacle quitte l’affiche dans trois mois » et que l’article précisait que le spectacle avait été inauguré en mars 2006. Donc, cela fait trois mois, de mars à juin. Mais, ajoute-t-il, il y est mentionné que « les représentations prendront fin le 3 septembre ». Donc, selon M. Déry, il y aurait une erreur.
Il souligne qu’il a vu le spectacle à Toronto au coût de 26.00 $. Il s’étonne que le journal mentionne que le billet coûtait 120.00 $.
Le plaignant déplore qu’un tel article paraisse au début de l’été, alors que les gens choisissent leur destination de vacances. En mettant l’emphase sur le coût des billets cela peut décourager les touristes d’aller voir le spectacle.
M. Déry conclut en soulignant que s’il s’était fié au titre de l’article, il n’aurait probablement pas vu le spectacle.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de Me Bernard Pageau, avocat représentant le Journal de Québec :
Me Bernard Pageau mentionne que le Journal de Québec publie tous les jours des textes provenant de la Presse Canadienne qui est généralement réputée pour sa rigueur et l’exactitude de ses faits. La Presse Canadienne fournissant un nombre important de dépêches tous les jours, il souligne l’impossibilité de vérifier l’exactitude de chacune de celle-ci.
Le mis-en-cause ajoute que selon M. Déry, l’article contenait des erreurs mais, souligne Me Pageau, ce sont des informations qu’ils ne pouvaient vérifier par eux-mêmes.
Commentaires de M. Jean Roy, vice-président aux services de langue française :
M. Jean Roy dit ne pas comprendre le sens de la plainte de M. Déry. Dans le texte, il est mentionné que la production quitte l’affiche après trois mois, ce qui est exact, et non pas dans trois mois comme le prétend le plaignant.
Il ajoute que le texte précise que la production prendra fin le 3 septembre, ce qui est aussi exact et quant au prix du billet (120 $), c’est une pratique courante dans les textes de spectacles de mentionner le prix le plus élevé. Faire le contraire serait, selon M. Roy, induire le public en erreur.
En terminant, M. Roy précise que la Presse Canadienne s’est donnée des règles de déontologie hautement reconnues dans le milieu journalistique, qui sont décrites dans leur manuel interne « Guide de rédaction ».
Réplique du plaignant
M. Alain Déry rappelle que le cŒur de sa plainte porte sur le titre de l’article qui ne correspondait pas au texte. Il ajoute que l’article ne comportait pas d’erreurs majeures.
Il conclut en soulignant que le Journal de Québec n’a jamais fait paraître sa lettre dans la rubrique
« Opinions »
Analyse
Dans sa plainte, M. Alain Déry dénonce le titre : « Le spectacle Le seigneur des anneaux quitte l’affiche après trois mois seulement », qui selon lui serait inexact en rapport avec l’article paru dans l’édition du 29 juin 2006 du Journal de Québec, ainsi que le sous-titre « Le billet coûtait 120 $ », qui induirait le public en erreur.
Le choix des manchettes et des titres, ainsi que des légendes qui accompagnent les photos, les images et les illustrations, relève de la prérogative de l’éditeur. Les manchettes et les titres doivent respecter le sens, l’esprit et le contenu des textes auxquels ils renvoient.
Dans le cas présent, bien que le plaignant ne remette pas en cause l’article de la Presse Canadienne, le titre est extrait de l’amorce où se retrouvait aussi l’erreur. Dans l’amorce, il y est mentionné que « L’imposante production Le seigneur des anneaux quitte l’affiche à Toronto après trois mois de représentations ». Les représentations ont débuté en mars 2006 et l’article a été écrit en juin 2006, cela fait trois mois. S’il n’en tenait qu’à ce fait, le titre « Le spectacle Le seigneur des anneaux quitte l’affiche après trois mois seulement » représenterait bien ces propos. Mais à la fin de l’article, il y est indiqué que « les représentations prendront fin le 3 septembre », d’où la confusion. Il aurait donc été plus compréhensible au lecteur que le titre mentionne : « le spectacle quittera l’affiche dans trois mois ».
En regard du choix des titres coiffant les textes, la responsabilité revient au Journal de Québec. Un titre doit respecter le contenu des textes auxquels il renvoie et mettre le lecteur dans le contexte des événements. Le Journal de Québec se devait d’être attentif pour ne pas répéter l’erreur commise par la Presse Canadienne. Dans le présent cas, un lecteur pouvait avoir des incertitudes, à la lecture du titre, sur le moment de la fin des représentations du spectacle. Le grief est retenu.
Au grief concernant le sous-titre, M. Jean Roy, de la Presse Canadienne, soutient que c’est la pratique courante, dans ce type de couverture, de mentionner le prix le plus élevé. Selon, lui, publier le contraire serait induire le public en erreur.
Après examen, bien que ce sous-titre pouvait dissuader certains spectateurs, il n’en demeure pas moins qu’aucune erreur n’y a été relevée. Ce grief est rejeté.
Le Conseil de presse s’est maintes fois prononcé sur l’espace réservé aux lecteurs. Bien qu’il soit du devoir des médias de favoriser l’accès des citoyens à leurs pages, ces derniers restent libres de choisir les lettres qui y seront publiées.
Si le Journal de Québec avait reconnu qu’une erreur s’était produite dans le titre de l’article et que cela avait pu induire le lecteur en erreur, un simple erratum aurait pu corriger cette inexactitude. Le Conseil rappelle qu’il est de la responsabilité des médias de trouver les meilleurs moyens pour corriger leurs erreurs dans leurs productions journalistiques, cela permet de remédier avec attention au tort causé. Comme l’erreur n’a pas été corrigée, le grief est retenu.
Décision
Compte tenu des éléments exposés ci-haut, le Conseil de presse retient la plainte de M. Alain Déry à l’encontre du Journal de Québec en regard du manquement au choix du titre de l’article et au manque de rectification. De plus, bien que le plaignant ne visait pas la Presse Canadienne dans sa plainte, le Conseil recommande à cette dernière, d’être plus vigilante dans la formulation de ses amorces.
Analyse de la décision
- C08F Tribune réservée aux lecteurs
- C11F Titre/présentation de l’information
- C12A Manque d’équilibre
- C19A Absence/refus de rectification