Plaignant
M. Raymond Viger, rédacteur en chef et le bimensuel Reflet de Société – Journal de la rue
Mis en cause
M. Jean-Claude Grenier, journaliste; Mme Corinne Sorin, rédactrice en chef et le quotidien 24 heures
Résumé de la plainte
M. Raymond Viger, rédacteur en chef du magazine Reflet de Société – Journal de la rue, porte plainte contre M. Jean-Claude Grenier et le journal 24 heures, concernant un article paru le 15 août 2006, sous le titre « Une stratégie qui sera inefficace », aux motifs d’avoir plagié un article de Radio-Canada paru sur Internet, d’avoir omis d’en mentionner la source, d’y avoir ajouté des informations inexactes et ne pas avoir effectué une rectification satisfaisante.
Griefs du plaignant
M. Raymond Viger, rédacteur en chef du magazine Reflet de Société – Journal de la rue porte plainte contre le journaliste Jean-Claude Grenier et le journal 24 heures pour plagiat, information inexacte, absence de source et rectification insatisfaisante.
Le 8 août 2006 paraissait sur le site Internet de Radio-Canada un article de Mme Ariane Desrochers dans lequel étaient citées l’opinion du plaignant et celle d’un graffiteur surnommé OTAK concernant une proposition du maire de Montréal d’interdire la vente de bombes de peinture en aérosol aux mineurs. Le 15 août 2006, M. Grenier aurait repris dans le 24 heures l’article de Mme Desrochers, en le synthétisant et en citant les mêmes passages des entrevues.
Or, selon le plaignant, ni lui, ni le graffiteur n’ont parlé avec M. Grenier et aucune mention n’est faite que les déclarations aient été reprises de l’article de Radio-Canada. M. Viger considère ainsi que le mis-en-cause a laissé entendre qu’il a rencontré OTAK et lui-même, et qu’il est à l’origine de l’article, alors qu’il l’aurait copié.
M. Viger précise que M. Grenier aurait ajouté une information inexacte dans son article. En effet, dans celui-ci, il serait mentionné que OTAK est un graffiteur connu dans le centre-ville de Montréal, ce que le plaignant conteste puisque OTAK est un jeune graffiteur de Lasalle dont la réputation reste à faire.
Commentaires du mis en cause
Mme Corinne Sorin reconnaît son tort et celui de M. Grenier dans ce dossier. Elle ajoute que celui-ci aurait dû clairement identifier sa source. Enfin, elle précise que le reproche a été fait à M. Grenier et que ce manque de vigilance ne se reproduira plus.
Un rectificatif a été publié dans l’édition du 24 heures du 8 décembre 2006. On peut lire dans celui-ci : « Dans notre édition du 9 août dernier, la rédaction du 24 heures avait publié une nouvelle relative à une éventuelle loi contre les graffitis. Cet article avait été inspiré d’un reportage d’Ariane Desrochers de la radio de Radio-Canada. »
Réplique du plaignant
M. Viger considère que le rectificatif publié par la rédaction du 24 heures n’est pas satisfaisant.
Selon le plaignant, la nouvelle de Radio-Canada reprise dans le 24 heures serait la même. Ainsi, l’article du 24 heures ne se serait pas « inspiré » de celui de Radio-Canada, mais l’aurait plagié.
De plus, le plaignant réitère son reproche selon lequel la seule information ajoutée par M. Grenier par rapport à l’article de Radio-Canada, à savoir que OTAK est « un graffiteur bien connu dans le centre-ville », est non fondée.
Analyse
M. Raymond Viger reprochait d’abord à M. Jean-Claude Grenier d’avoir plagié un article de Mme Ariane Desrochers paru sur le site Internet de Radio-Canada.
En comparant les articles de M. Grenier et de Mme Desrochers, le Conseil a observé qu’ils étaient très ressemblants autant en ce qui a trait au contenu qu’en ce qui concerne la structure et la formulation. Aussi, M. Grenier n’a apporté aucun contenu original, différent de celui de Radio-Canada, et le Conseil estime qu’il l’a plagié.
De plus, M. Grenier a gravement manqué à l’éthique journalistique en omettant de préciser qu’il reprenait l’article du site Internet de Radio-Canada et de fait, qu’il utilisait les citations issues des entretiens avec le plaignant et le graffiteur. En effet, si un journaliste peut s’inspirer et utiliser le travail d’un autre, il doit cependant en mentionner la source.
Afin de corriger ces manquement importants de la part de M. Grenier, la rédaction de 24 heures a publié un rectificatif le 8 décembre 2006 : « Cet article avait été inspiré d’un reportage d’Ariane Desrochers de la radio de Radio-Canada. » La jurisprudence du Conseil indique que l’usage en pareil cas est de considérer que même si la rectification ne peut jamais réparer complètement le préjudice causé par l’erreur d’un journaliste, elle peut libérer les mis-en-cause d’un blâme de sa part. Le Conseil considère ainsi que ce rectificatif corrige le grave manquement du journaliste, concernant la source de l’information et des citations, mais qu’il est insuffisant quant au plagiat. Le grief relatif au plagiat a donc été retenu.
Par ailleurs, le plaignant dénonçait le fait que dans son article M. Grenier rapportait des informations inexactes concernant le graffiteur OTAK. Le Conseil estime que le mis-en-cause a effectivement rapporté des faits inexacts. Bien que ces erreurs soient mineures et n’altèrent pas la compréhension générale de l’article, il n’en demeure pas moins que rapporter des faits avec exactitude est essentiel, d’autant plus que M. Grenier a écrit son article d’après celui de Radio-Canada.
Décision
Pour toutes ces considérations, le Conseil déplore les inexactitudes contenues dans l’article et retient partiellement la plainte de M. Raymond Viger contre M. Jean-Claude Grenier et le journal 24 heures, aux motifs de plagiat et de rectificatif insatisfaisant.
Analyse de la décision
- C03B Sources d’information
- C11B Information inexacte
- C19B Rectification insatisfaisante
- C23G Plagiat/repiquage