Plaignant
Laboratoire BioMedco Services Inc. et M. Drasko Pekovic, Ph. D., président
Mis en cause
Mme Jacinthe Taillon et M. Jacques Bissonnet, journalistes; M. Alain Saulnier, directeur général de l’information; Mme Geneviève Guay, adjointe au directeur général et La Société Radio-Canada (SRC) et le Réseau de l’Information (RDI)
Résumé de la plainte
Le Laboratoire BioMedco Services Inc. porte plainte contre la Société Radio-Canada (SRC) et le Réseau de l’Information (RDI) concernant la couverture journalistique de l’étude qu’il a effectuée pour le compte de Quebecor Média. BioMedco soutient que les reportages présentés sur les deux chaînes, dans la semaine du 21 au 25 août 2006, cherchaient, par simple esprit de compétition avec le groupe Quebecor, à miner la crédibilité de l’étude sur la qualité microbiologique de l’eau des piscines publiques des villes de Montréal et de Laval, qu’il a réalisée. Le plaignant déplore principalement un manque d’équilibre de l’information, l’intervention de personnes non qualifiées pour critiquer l’étude scientifique et certaines informations inexactes.
Griefs du plaignant
Le laboratoire BioMedco Services Inc. (BioMedco), représenté par son président M. Drasko Pekovic, Ph. D., dépose une plainte contre la Société Radio-Canada (SRC) et le Réseau de l’Information (RDI) concernant des reportages présentés sur les deux stations télévisées, à la suite d’une étude scientifique portant sur la qualité microbiologique de l’eau des piscines publiques des villes de Montréal et de Laval, réalisée par son laboratoire et commandée par le Journal de Montréal et le Groupe TVA.
Après avoir expliqué le contexte entourant la réalisation de cette étude et l’intérêt qu’elle a suscité dans la population, les autorités concernées et les médias québécois, M. Pekovic soutient que c’est par « jalousie malsaine » face à son compétiteur, commanditaire de l’étude, que le réseau SRC-RDI a diffusé une série de reportages où la rigueur et la valeur scientifique de cette recherche, de même que sa crédibilité professionnelle et celle de son laboratoire, étaient mises en doute.
Le plaignant soutient que de nombreux reportages diffusés lors des émissions « Matin express », le « Téléjournal Midi », le « Téléjournal Le Point » et le « Téléjournal Montréal » ont présenté des informations inexactes et diffamatoires. Il ajoute que, lors de la diffusion de diverses informations contestant son étude, les mis-en-cause n’ont jamais démontré les compétences scientifiques pertinentes des experts interrogés, ni leur indépendance, s’appuyant sur plusieurs experts anonymes. De plus, tout au long de la semaine, les mis-en-cause auraient accusé BioMedco d’avoir porté erronément des conclusions sur la santé publique, ne faisant jamais la distinction entre ce qui est contenu dans l’étude et la façon dont ces résultants furent interprétés par les médias.
M. Pekovic reproche également à SRC-RDI de ne pas avoir voulu présenter sa version des faits. Il regrette enfin que, par les actions qu’il dénonce, les mis-en-cause aient reproduit les même fautes déontologiques qui leurs avaient valu un blâme de la part du Conseil il y a seize ans (D1990-11-051). Le représentant de BioMedco ajoute que, par ces nombreuses fautes déontologiques, les mis-en-cause ont une nouvelle fois porté atteinte à sa réputation personnelle et professionnelle, de même qu’à celle de son laboratoire, causant la perte de nombreux contrats estimés à plus d’un million de dollars.
Le plaignant formule ensuite certains griefs de façon plus précise en regard de reportages ciblés :
1) Le « Téléjournal Le Point » diffusé le 23 août 2006 à 22 heures :
– Le plaignant reproche d’abord à la journaliste Jacinthe Taillon d’affirmer que la rigueur scientifique de l’étude de BioMedco est remise en question par plusieurs microbiologistes indépendants, de même que par l’Association des microbiologistes du Québec (AMQ), alors qu’elle ne présenterait qu’un seul microbiologiste, soit le Dr. Pierre Payment, ne mentionnant pas qui sont les autres microbiologistes interrogés. Ces autres microbiologistes n’auraient jamais été présentés en ondes au cours de toute la série de reportages.
– M. Pekovic conteste également la présentation du Dr. Pierre Payment en tant qu’expert « indépendant », ce qui serait inexact et démontrerait un manque de rigueur et de vérification de la journaliste, puisque le Dr. Payment tirerait une bonne partie de ses contrats et subventions du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), qui serait directement impliqué dans le dossier de l’eau des piscines publiques. Il serait aussi à la solde de l’Institut Armand Frappier, un établissement financièrement couvert par le gouvernement. De plus, le Dr. Payment n’aurait pas les compétences pour évaluer une étude scientifique comme celle de BioMedco. M. Pekovic soutient que le Dr. Payment est « partie prenante » dans le dossier et qu’il est intervenu dans les médias publics dans le seul but d’augmenter sa crédibilité et sa visibilité.
– Le représentant de BioMedco considère que la journaliste a eu tort de présenter l’AMQ et son vice-président, M. Michel Pronovost, comme une autorité en microbiologie. Il affirme que l’AMQ aurait présentement un statut « fantôme » et compterait moins de 200 membres parmi la communauté des microbiologistes du Québec. L’Association serait aussi difficilement joignable. Le plaignant estime que la journaliste aurait facilement pu découvrir ces faits. Il soutient aussi que M. Pronovost n’est pas un chercheur et ne pratique pas couramment la microbiologie. Il soulève également que l’AMQ n’a pas tenu d’assemblée annuelle depuis plus de 3 ans et que, de ce fait, M. Pronovost ne serait pas le représentant officiel de l’association.
– Le plaignant insiste aussi sur le fait que la seule autorité reconnue pour évaluer une étude scientifique serait une équipe d’experts évaluateurs d’un journal scientifique approprié et qu’aucun individu, peu importe son expertise et sa formation, ne peut évaluer une telle étude et que ses opinions seraient, de ce fait, inappropriées et inexactes.
– Il ajoute encore que le rapport d’étude rendu public d’urgence sur le site Internet de Canoë n’était qu’un texte préliminaire et qu’il n’était pas en soi un article scientifique prêt à la publication et donc qu’il ne pouvait pas encore être évalué scientifiquement.
– Le plaignant avance également que les informations des « experts » ont été exploitées de « façon malicieuse » dans ce reportage, de connivence avec les mis-en-cause pour atteindre sa réputation et celle de son entreprise.
– M. Pekovic ajoute en outre que l’affirmation du Dr. Payment, à l’effet que BioMedco n’est pas un laboratoire accrédité dans le domaine, n’est pas exacte et aurait dû être vérifiée. Il explique que l’accréditation pour les analyses d’eau de piscines n’existe pas encore au Québec et que BioMedco a déjà été accrédité par le MDDEP pour des analyses d’eau potable, ce qui signifierait que le laboratoire a toutes les qualifications pour effectuer ce type d’analyse, bien qu’il ait décidé de suspendre l’accréditation du MDDEP pour diverses raisons. Il indique aussi que BioMedco est couramment accrédité par Santé Canada, ce qui démontrerait sa crédibilité.
2) Le « Téléjournal Matin » diffusé le 24 août 2006 à 7 heures 24 :
– Le plaignant regrette qu’encore une fois les présentateurs dressent un bref résumé des critiques formulées par le Dr. Payment, mais ne livrent que cette version des faits.
– M. Pekovic conteste l’affirmation selon laquelle plusieurs spécialistes indépendants émettraient des réserves sur la validité des tests effectués par le laboratoire BioMedco, puisque ces spécialistes ne seraient pas identifiés.
– Les mis-en-cause auraient encore une fois porté atteinte à la réputation des plaignants dans ce reportage, en ne leur donnant pas la chance de livrer leur version des faits.
3) Le « Téléjournal Montréal », diffusé le 24 août 2006 à 18 heures :
– Le plaignant dénonce les propos de la journaliste Jacinthe Taillon qui réfère quatre fois à lui, au cours de ce reportage, en tant que « Docteur Pekovic », alors qu’il soutient n’avoir « jamais demandé à être identifié ainsi » et n’avoir jamais déclaré être médecin. Cette appellation induirait le public en erreur lorsque la journaliste rencontre le Dr. Yves Robert, secrétaire du Collège des médecins, qui déclare que M. Pekovic n’est pas médecin et lui reproche de se faire passer pour un docteur. Le plaignant répond que cette allégation n’était pas pertinente dans le reportage et lui semble gratuite. Il ajoute qu’il porte le titre de Ph. D. ou de Post-Ph. D., en raison de son doctorat en science et de ses études postdoctorales, ce qui serait une toute autre chose que l’appellation de médecin qui réfère à un baccalauréat en médecine. Il regrette que la journaliste n’ait pas pris le temps de vérifier son curriculum vitae pour confirmer ce propos.
– Il questionne également l’autorité du Collège des médecins en matière d’évaluation des études scientifiques et donc la pertinence de leur intervention dans le dossier.
– Il déplore que la journaliste ait, encore une fois, fait appel à « plusieurs microbiologistes indépendants », qui ne sont pas identifiés dans le reportage, outre le Dr. Payment et l’AMQ.
– M. Pekovic réitère les doléances du point 1, à l’effet que l’AMQ ne serait pas une autorité crédible pour évaluer son étude.
– Il rappelle aussi ses doléances à l’endroit du Dr. Payment et regrette que la journaliste n’ait pas fait les vérifications qu’il invoquait en regard du premier bulletin de nouvelles, alors qu’elle disposait d’une journée supplémentaire pour les faire.
– Le représentant du laboratoire BioMedco dénonce également le lien que la journaliste fait entre les problèmes de santé publique et l’étude sur la qualité de l’eau des piscines. Il soutient que ce lien était malicieux, stratégique et trompeur, puisque l’étude de BioMedco consistait en une « radiographie » microbiologique poussée de l’eau des piscines publiques durant la canicule de juillet à Montréal et que le laboratoire n’aurait jamais fait de liens entre les résultats obtenus et leur impact réel sur la santé publique. Ainsi, le rapport d’étude de BioMedco, porterait uniquement sur la qualité microbiologique de l’eau des piscines étudiées et ne toucherait aucunement la santé publique.
– M. Pekovic conteste également l’affirmation de la journaliste à l’effet qu’il l’aurait référée à son attachée de presse, qui était en fait la vice-présidente des communications du Journal de Montréal, Mme Denise Lareau, et que celle-ci n’aurait jamais retourné ses appels. Il soutient que cette affirmation est mensongère et cherchait seulement à le faire passer pour quelqu’un qui essayait de se cacher des médias et de dissimuler la vérité. Il invoque à cet effet un affidavit de Mme Lareau, attestant n’avoir jamais reçu la demande d’entrevue de Mme Taillon. Le plaignant déplore aussi que, ce même jour, alors qu’il se trouvait en compagnie de Mme Lareau, afin de se diriger vers les locaux de la SRC, pour participer à une entrevue sur la chaîne RDI, l’affectateur leur aurait téléphoné pour annuler, sans aucune raison explicite. La même situation se serait reproduite le 25 août 2006, alors que la chaîne l’avait de nouveau invité pour une entrevue en direct qui fut annulée, parce que RDI n’a pas voulu la retransmettre en direct, mais souhaitait plutôt citer ses propos, alors que M. Pekovic craignait de les voir repris hors contexte. De ce fait, le plaignant réitère que la SRC-RDI ne lui a pas donné la chance de présenter sa version des faits, alors qu’il était disposé à accorder des entrevues, ce qu’il aurait fait pour toutes les autres chaînes. Le plaignant regrette aussi que la chaîne n’ait pas informé ses téléspectateurs de ses refus de lui accorder des entrevues, au lieu de prétendre qu’il était non joignable. En outre, M. Pekovic déplore que, non seulement la chaîne ne lui ait pas offert la possibilité de présenter son point de vue, mais qu’elle n’ait présenté aucune opinion de professionnels ou de scientifiques en accord avec l’étude de son laboratoire.
– De l’avis du président de BioMedco, ce reportage constituait une vendetta de la part de la SRC et de sa journaliste Mme Taillon à l’endroit de BioMedco, en raison de l’intérêt médiatique suscité par l’étude qui fut financée par Quebecor, un des principaux concurrents de la chaîne.
4) Revue de presse et Téléjournaux, dont « Téléjournal Matin », diffusés entre 7h et 10h, le 25 août 2006 :
– L’émission ferait encore un fois référence à l’opinion du Collège des médecins sur l’étude de BioMedco, en prenant comme seule référence un article publié dans le quotidien La Presse.
– Le plaignant souligne que la SRC-RDI aurait dû remettre en question la véracité des informations publiées dans La Presse et chercher à les vérifier avant de les rapporter en ondes. Il ajoute que le quotidien avait également intérêt, par concurrence, à contester l’étude en raison de son impact important pour le Journal de Montréal.
– Le plaignant déplore qu’on ne lui ait pas demandé sa version des faits, alors que son laboratoire était ouvert depuis 8 h 30 am ce même jour.
– Il ajoute que la chaîne utilisait des qualificatifs mensongers et non justifiés en regard de son étude, soit « remise en question » et « non scientifique », sans donner de détails ou d’explications pouvant les soutenir.
– Le plaignant accuse le quotidien La Presse et la SRC-RDI de collusion, contraire à l’intérêt public, visant à anéantir l’effet médiatique important généré par l’étude de BioMedco dans des médias concurrents.
– Le « Téléjournal Matin » aurait présenté de nouveau le reportage de la journaliste Jacinthe Taillon diffusé la veille. Sans présenter, la version des faits des plaignants, bien que la journaliste ait eu plusieurs heures supplémentaires pour l’obtenir.
5) RDI le 25 août 2006 à 10h05 :
– La journaliste citerait encore l’article publié dans La Presse.
– La plaignant allègue que la journaliste n’a pas lu le rapport de recherche de son laboratoire et ne connaît pas son sujet.
– Ce bulletin de nouvelles référerait à l’Ordre des chimistes du Québec (OCQ) qui n’aurait pourtant rien à voir avec l’étude de BioMedco, selon le plaignant, car l’étude sur la qualité de l’eau des piscines publiques serait purement de nature microbiologique et scientifique, loin du champ de compétences de l’OCQ. Il ajoute de la Loi de l’OCQ ne donne pas la définition d’une analyse chimique, ni d’un produit chimique et que, de ce fait, l’OCQ procéderait à sa convenance à des accusations de pratique illégale de la chimie. M. Pekovic indique aussi que plusieurs chimistes pratiquent la microbiologie commerciale au Québec, avec la bénédiction de l’OCQ, malgré que leur formation ne compte aucun cours de ce type. Il s’agit, selon lui, d’une situation injuste dont aurait dû faire état la journaliste. Aux dires du plaignant, le laboratoire BioMedco aurait été victime de l’OCQ par le passé, ayant été accusé par cette dernière d’avoir effectué des analyses chimiques interdites aux laboratoires de microbiologie. Toutefois, le plaignant conteste l’affirmation à l’effet que son laboratoire ait été condamné par l’OCQ, puisque ce serait suivant les recommandations de son avocat de l’époque que BioMedco aurait décidé d’opter pour une entente à l’amiable, estimant qu’il était trop ardu de contester la loi de l’OCQ, particulièrement en l’absence de l’AMQ. Contrairement aux informations présentées par le représentant de l’OCQ dans ce reportage, le plaignant soutient que, selon la Loi de l’OCQ, BioMedco n’a pas pratiqué illégalement la chimie, mais que les études scientifiques menées par le laboratoire ne font pas du tout partie des compétences de l’organisme, puisqu’elles seraient de nature microbiologique. Le représentant de BioMedco ajoute que la journaliste aurait eu avantage à questionner l’OCQ au sujet de la pratique de la chimie par les sauveteurs des piscines publiques ne disposant pas de la formation adéquate plutôt que de s’attarder aux condamnations non fondées de l’organisme auprès de microbiologistes.
– M. Pekovic déplore qu’on ne lui ait pas donné la chance de présenter sa version des faits.
– Le reportage ferait une présentation sensationnaliste des propos du Dr. Robert, du Collège des médecins, répétant que l’étude de BioMedco serait jugée « non scientifique » par le Collège qui remettrait en cause sa crédibilité. Ce à quoi, le plaignant répond que le Dr. Robert n’a fait que confirmer ce qui est écrit dans le premier rapport de l’étude.
6) RDI le 25 août 2006 de 11 h 21 à 11 h 49, diffusion de la conférence de presse de la Ville de Montréal sur les piscines publiques :
– Le plaignant avance que RDI a « sciemment et malicieusement structuré et scénarisé l’émission afin de pouvoir totalement discrédité (sic) en direct notre étude aux yeux de tous ».
– Il soutient également que la chaîne a, une nouvelle fois dans cette émission, attaqué son professionnalisme et celui de son entreprise.
– M. Pekovic conteste la diffusion d’une bande d’information déroulante en bas de l’écran, tout au long de l’émission. Celle-ci aurait présenté une information inexacte et dirigée contre les plaignants, indiquant : « Piscines publiques : C’est au tour de la santé publique de Montréal d’émettre des réserves sur l’étude de BioMedco. » Il explique qu’au cours de cette conférence, les représentants de la Ville ont répété à maintes reprises qu’ils ne mettaient aucunement en doute l’étude scientifique effectuée par le laboratoire BioMedco. Le plaignant suppose également que la chaîne d’information n’a pas reçu l’autorisation de la Ville pour diffuser une telle nouvelle déroulante simultanément à la conférence. De plus, en agissant de la sorte, M. Pekovic soutient que RDI n’a pas tenu compte des déclarations du maire Gérald Tremblay qui aurait exprimé, le 22 août 2006, la confiance de la Ville de Montréal dans les valeurs scientifiques de l’étude.
– Le président de BioMedco affirme aussi que le contrôle qualité réglementaire effectué par le laboratoire de la santé publique de la Ville de Montréal et l’étude scientifique de son laboratoire diffèrent au plan quantitatif et qualitatif et sont pratiquement incomparables. L’étude de BioMedco prendrait en compte des critères d’évaluation plus actuels. Il ajoute que la ville n’a prélevé qu’un seul échantillon des piscines fermées et a effectué trois fois moins de tests, ce dont RDI aurait dû informer les téléspectateurs. De plus, il soutient que la chaîne a minimisé l’importance des piscines non conformes qui sont demeurées fermées après le contrôle de la ville. De même, elle n’aurait pas tenu compte des déclarations de la chef de l’opposition officielle de la Ville de Montréal, Mme Eloyan. Celle-ci aurait déclaré que les échantillons prélevés par la ville, n’apprendraient rien sur la qualité de l’eau des piscines publiques au mois de juillet ou au début d’août, lorsque BioMedco a fait sa propre campagne d’échantillonnage. Les conditions étaient nettement différentes. Le plaignant ajoute que, si la ville avait effectué une étude au profil comparable à celle de son laboratoire, sur une période d’échantillonnage identique à la leur, leurs résultats auraient pu démontrer une situation des piscines encore plus désastreuse.
– Le plaignant indique également qu’il fut interrogé au téléphone une dizaine de secondes à la fin de cette émission et qu’il a alors demandé à ce que RDI retire la bande déroulante, dont il réprouvait le contenu. Ce serait la seule occasion de toute la série de reportages où RDI lui aurait permis de répliquer.
7) Le « Téléjournal Montréal ce soir », diffusé le 25 août 2006 :
– Le représentant de BioMedco reproche au journaliste M. Jacques Bissonnet d’avoir déclaré que la Ville de Montréal donnait peu de crédibilité à l’étude de BioMedco parue dans les journaux, sans en mentionner les raisons. Il déplore que le journaliste n’explique pas où il a obtenu cette information, car la Ville de Montréal n’aurait jamais remis en question la crédibilité de cette étude au cours de sa conférence de presse, ni à un autre moment. Le plaignant affirme donc que ce commentaire du journaliste ne reposait sur aucun fait concret. Il ajoute que cette affirmation serait inexacte, puisque la Ville avait donné de la crédibilité à son étude en fermant les piscines visées, par des résultats négatifs. Ces faits démontreraient le manque d’objectivité du journaliste.
Pour terminer, le plaignant soutient que la SRC manque encore aux normes déontologiques et ignore les blâmes émis à son endroit, dont celui émis par le Conseil, il y a seize ans, en regard de fautes commises à l’endroit des plaignants. Ceux-ci se questionnent sur les raisons pour lesquelles SRC-RDI n’a jamais parlé de ce blâme durant toute la série de reportages, alors que la chaîne a allégrement parlé de l’amende que BioMedco a payée à l’amiable à l’OCQ, il y a de cela plusieurs années.
Le plaignant regrette que les mis-en-cause n’aient jamais, tout au long de la couverture de l’enquête sur la qualité de l’eau des piscines publiques, présenté une opinion positive à son endroit ou à celui de BioMedco et se soient plutôt cantonnés à rapporter les propos mensongers d’experts non pertinents dans le dossier, refusant toujours de l’interviewer en direct, ne présentant pas les bons coupables de l’état des piscines publiques et des potentiels dangers sur la santé. Il déplore l’absence de certaines questions essentielles, suscitées par ce dossier, dans le traitement qui en a été fait par la SRC-RDI, ignorant les retombées positives de l’étude de BioMedco. M. Pekovic déplore également que les mis-en-cause n’aient jamais mentionné que les deux autorités directement concernées par l’état des piscines publiques, soit le MDDEP et la Ville de Montréal, n’avaient jamais mis en doute les résultats de l’étude. Enfin, il soutient que les manquements qu’il reproche aux mis-en-cause ont gravement affectés sa crédibilité personnelle et professionnelle, de même que celle du laboratoire BioMedco Services Inc. provoquant de réels impacts négatifs sur l’entreprise et menaçant son existence.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de Mme Geneviève Guay, adjointe au directeur général, Information Réseaux français, SRC-RDI :
Mme Geneviève Guay indique d’abord qu’après avoir consulté l’ensemble des professionnels ayant travaillé sur les divers reportages mis en cause, les dirigeants du service de l’information sont d’avis que les reportages présentés en ondes dans la semaine du 21 au 25 août 2006, ont été préparés de bonne foi et sans intention malveillante. Contrairement à ce qu’il indiquait dans sa plainte, la représentante des mis-en-cause assure également que M. Pekovic a eu plusieurs occasions de s’exprimer à l’antenne. Elle précise par ailleurs que ce n’est aucunement par « jalousie malsaine par rapport à son compétiteur qui a subventionné l’étude » que la SRC-RDI a produit des reportages sur le sujet. Mme Guay reconnaît que certains de ces reportages « questionnaient la valeur scientifique de l’étude de M. Pekovic », mais que ce n’était aucunement de façon malicieuse ou par jalousie, puisque ces reportages s’inscrivaient dans le cadre d’une saine pratique journalistique, consistant à douter, à vérifier et à enquêter sur des sujets d’intérêt public.
La représentante des mis-en-cause répond ensuite aux divers griefs exprimés par les plaignants, en regard de chacun des reportages contestés :
1) Le « Téléjournal Montréal » diffusé le 23 août 2006 à 22 heures :
– En regard du reproche de M. Pekovic, à l’effet que la journaliste parle de « plusieurs microbiologistes indépendants » sans les identifier, Mme Guay explique que, bien que le reportage ne donne la parole qu’à deux microbiologistes indépendants, soit MM. Payment et Pronovost, cela ne signifie pas que la journaliste n’ait pas consulté d’autres scientifiques. Ainsi, Mme Taillon aurait obtenu l’avis de trois autres experts dont les commentaires corroboreraient ceux des deux scientifiques interrogés dans le reportage. Il s’agirait d’un microbiologiste ayant un lien avec la Ville de Montréal mais qui parlait à titre d’indépendant, d’une microbiologiste de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et du représentant d’un laboratoire chargé d’analyses d’eau pour la Ville de Longueuil. Une seule de ces trois personnes aurait consentit à être identifiée, soit Mme Annie Locas, stagiaire postdoctorale à l’INRS, détenant un baccalauréat en microbiologie, une maîtrise en génie civil, spécialité en eau potable, et un doctorat en biologie également spécialisé en qualité de l’eau.
– En regard des attaques du plaignant quant à la crédibilité du Dr. Pierre Payment, les mis-en-cause répondent que l’indépendance d’un scientifique ne s’évalue pas seulement en fonction de qui le paie pour divers contrats. Dans un tel cas, la majorité des opinions émises par des experts n’auraient aucune valeur, puisque leurs avis sont généralement requis par un individu ou une société qui les rémunère pour les émettre. à ce propos, Mme Guay soulève que M. Pekovic admet lui-même avoir été subventionné par le Journal de Montréal et le Groupe TVA pour réaliser son étude sur la qualité microbiologique de l’eau des piscines publiques de Montréal et de Laval. Ainsi, les mis-en-cause soutiennent que le fait que M. Payment ait déjà rempli des mandats pour divers subventionnaires, dont le MDDEP, n’affecte en rien son indépendance scientifique et ne permet aucunement de remettre en doute son objectivité professionnelle. Mme Guay ajoute qu’après avoir été informé des commentaires du Dr. Payement par la journaliste, le plaignant n’aurait aucunement soulevé de reproche en regard de son indépendance, mais se serait limité à mentionner que le Dr. Payment était jaloux. Mme Guay ajoute que ce dernier, comme M. Pronovost, jouit d’une vaste expertise dans le domaine scientifique et que leurs curriculum vitae en font foi.
– Quant au fait que le Dr. Payment travaille pour l’Institut Armand Frappier, l’adjointe au directeur général de l’information souligne que cette information a été mentionnée dans le reportage et estime, comme au point précédent, que ce fait ne porte aucunement atteinte à son indépendance et à son intégrité. Au contraire, la valeur et le prestige de cet institut rassurent les mis-en-cause sur l’intégrité et la compétence du Dr. Payment.
– La représentante des mis-en-cause se dit par ailleurs étonnée du reproche à l’effet que M. Payment ait commenté un « premier texte » de l’étude qui demeurait un rapport préliminaire et que seuls les experts évaluateurs des journaux scientifiques pouvaient faire la critique d’une telle recherche. Elle comprend mal comment le plaignant peut reprocher au Dr. Payment d’avoir commenté son travail avant qu’il l’ait été par une revue scientifique. En effet, M. Pekovic a remis une copie de ce « premier texte » à des médias qui ne sont pas des revues scientifiques, les autorisant à publier les résultats, qui ont eu beaucoup d’impact dans la population. Pour remettre ces propos en perspective, Mme Guay relève que le Journal de Montréal, commanditaire de l’étude, l’a publié et ne l’a jamais décrite comme étant un « premier texte », mais il invitait plutôt le public à consulter « le rapport final de l’étude » sur Internet. Considérant que BioMedco a permis la publication de ce « premier texte », les mis-en-cause estiment que d’autres microbiologistes étaient justifiés de le commenter et que la SRC-RDI était tout aussi justifiée de diffuser leurs commentaires.
– En ce qui concerne l’AMQ, Mme Guay indique que les vérifications des journalistes, préalablement au reportage, leur ont permis de constater que l’association compte plus de 200 membres et que la liste de ceux-ci est disponible sur son site Internet. Les mis-en-cause contestent également les allégations à l’effet que l’AMQ soit une association fantôme, ils invoquent le registraire des entreprises (CIDREQ) qui démontrerait que le statut de l’AMQ est toujours en vigueur et qu’elle a toujours produit ses déclarations annuelles. De plus, ils indiquent que le site Internet de l’AMQ annonçait l’organisation d’une conférence le 2 novembre 2006 et qu’il y a eu des assemblées annuelles au moins au cours des deux dernières années.
– Mme Guay conteste également le reproche à l’effet que le plaignant n’ait pas eu l’occasion de présenter sa version des faits. Elle assure que M. Pekovic a été contacté et était en mesure de réagir à la fois aux commentaires du Dr. Payment et du représentant de l’AMQ. Le plaignant se serait cependant limité à déclarer que le Dr. Payment était jaloux, ce qui serait inclus dans le reportage. Quant aux réponses de M. Pekovic en regard des questions soulevées par M. Pronovost et par les autres sources indépendantes au sujet de son étude, il aurait été décidé de ne pas les inclure dans le reportage, parce qu’elles étaient imprécises. Mme Guay ajoute que, lors de cet entretien, le plaignant fut également informé des observations de plusieurs responsables de piscines, à l’effet qu’il était impossible que des échantillons aient été prélevés aux dates et aux heures indiquées dans le rapport de l’étude. à ce propos, M. Pekovic aurait uniquement répondu que les heures indiquées sur les échantillons étaient celles où ils avaient été prélevés. Cette déclaration fut également diffusée dans le reportage.
– Contrairement à ce que M. Pekovic avance dans sa plainte, Mme Guay affirme que jamais, au cours des reportages diffusés par la SRC-RDI, le Dr. Payment n’aurait mentionné que le Laboratoire BioMedco Inc. n’était pas un laboratoire accrédité.
2) Le « Téléjournal Matin » diffusé le 24 août 2006 à 7 heures 24 :
– Mme Guay explique que cette émission a présenté un résumé du reportage de Mme Taillon diffusé la veille, lors du « Téléjournal Montréal ». De ce fait, elle réfère à l’ensemble des commentaires formulés relativement à ce reportage, présentés en point 1.
3) Le « Téléjournal Montréal ce soir », diffusé le 24 août 2006 à 18 heures :
– Au reproche d’avoir référé à M. Pekovic en tant que docteur, la représentante des mis-en-cause explique que ce titre de docteur se trouve clairement affiché dans sa signature, au bas de chacune des pages de la plainte. Elle ajoute que ce titre était aussi accolé à son nom, à l’intérieur des articles du Journal de Montréal. De même, lorsque la journaliste Jacinthe Taillon se serait adressée à lui en tant que « Docteur », il n’aurait pas posé d’objection.
– Mme Guay précise en outre que Mme Taillon ne réfère jamais au Collège des médecins, dans ses reportages. Elle reconnaît que le Dr. Yves Robert du Collège des médecins a accordé une courte entrevue à la SRC. Cette entrevue aurait été diffusée le lendemain, soit le 25 août 2006, à RDI. M. Robert y aurait mentionné que M. Pekovic n’était pas médecin, ce qui serait rigoureusement exact.
– Pour ce qui est du reproche à l’effet que Mme Taillon aurait fait un lien entre les résultats de l’étude de BioMedco sur l’eau des piscines publiques et la santé publique, la mise-en-cause indique d’abord que M. Pekovic fait lui-même ce lien à l’intérieur de sa plainte, affirmant notamment que les raisons pour lesquelles le laboratoire a fait cette étude « sont les nombreuses publications scientifiques montrant que l’eau des piscines et d’autres équipements […] ont un impact très important sur la santé publique […] » ou que « le rapport a été installé d’urgence sur le cite (sic) Web Canoë à cause de l’importance de son contenue (sic) pour la santé publique […] ». De plus, elle signale que le Journal de Montréal a fait ce lien à plusieurs occasions, dont deux articles du journaliste éric-Yvan Lemay intitulés « Pied d’alerte à la santé publique » et « Un problème de santé publique ». Mme Guay ajoute que la SRC ne cherche en aucune façon à blâmer le Journal de Montréal en se référant à lui, mais cherche seulement à remettre les griefs du plaignant dans leur contexte. Les mis-en-cause estiment donc que le lien entre la santé publique et l’étude n’était aucunement « malicieux et stratégique », mais totalement justifié dans ce contexte.
– Au sujet de Mme Denise Lareau, la représentante des mis-en-cause signale d’abord que son nom n’est pas mentionné dans le reportage. Elle explique que, si la journaliste a référé à « l’attachée de presse » de M. Pekovic plutôt qu’à la « Vice-présidente Communication du Journal de Montréal », c’est que lorsqu’elle a joint le plaignant pour lui demander une entrevue, ce dernier lui aurait répondu que « toutes les entrevues devaient passer par son attachée de presse ». Au cours de ce même entretien téléphonique, M. Pekovic aurait transmis un numéro de téléphone à la journaliste, indiquant qu’il s’agissait de celui de son « attachée de presse », en l’occurrence Mme Lareau. Mme Taillon aurait tenté de la joindre tout l’après-midi via ce numéro, sans succès. Il n’y aurait pas eu de boîte vocale à ce numéro, pour lui permettre de laisser un message. Mme Guay soutient donc que, si Mme Lareau avait été joignable et si M. Pekovic avait voulu donner sa version des faits pour ce reportage, il aurait pu le faire. Enfin, la mise-en-cause indique que la journaliste, dans son reportage, a déclaré que « Le Dr. Pekovic nous a référé à son attachée de presse qui n’a pas répondu à nos nombreux appels », ce qui serait rigoureusement exact.
– Pour ce qui est des doléances de M. Pekovic en regard d’une entrevue annulée ce même jour, Mme Guay explique que ce n’est pas une entrevue que ce dernier devait accorder à Mme Taillon qui fut annulée, mais plutôt une entrevue qui devait avoir lieu lors de l’émission « Québec en direct ». L’objectif de cette émission aurait été de présenter au moins deux points de vue sur la controverse suscitée par l’étude. Ainsi, outre M. Pekovic, l’équipe de l’émission avait cherché à obtenir la participation d’un autre invité. N’ayant pas eu toutes les confirmations nécessaires à l’approche de l’émission, l’équipe aurait donc décidé de ne pas aller de l’avant avec ces entrevues. Mme Taillon n’aurait pas été au courant de cet incident lorsqu’elle a joint M. Pekovic vers la fin de l’avant-midi du 24 août. Mme Guay conclut donc que le plaignant confond les événements et accuse la journaliste sans fondement.
– Quant au questionnement du plaignant, à savoir si le Collège des médecins avait autorité en matière d’évaluation d’études scientifiques, Mme Guay réplique que le Collège des médecins n’intervient dans aucun des reportages mis en cause par M. Pekovic. Elle reconnaît toutefois que RDI a effectivement présenté une courte entrevue avec le Dr. Yves Robert du Collège des médecins, en fin d’après-midi le 25 août 2006, et explique que, lorsqu’il est question de danger pour la santé publique, le Collège des médecins fait partie des corps professionnels dont l’avis est pertinent.
– En ce qui concerne la référence aux « autres microbiologistes indépendants », Mme Guay réfère aux arguments présentés pour le reportage 1.
4) Revue de presse et Téléjournaux, dont « Téléjournal Matin », diffusés entre 7h et 10h, le 25 août 2006 :
– Mme Guay convient d’abord que les déclarations du Dr. Yves Robert, secrétaire du Collège des médecins, au quotidien La Presse ont été cités à plusieurs reprises en ondes ce matin-là. Elle mentionne que, normalement, le réseau s’en tient à faire ce genre de citation dans les revues de presse du jour, alors que, pour les bulletins de nouvelles, la chaîne procèderait habituellement à ses « propres vérifications avant de citer d’autres entreprises de presse ». Cependant, en raison du statut du Dr. Robert et du groupe qu’il représente, de même qu’en raison de l’inquiétude suscitée dans la population à la suite du dévoilement des résultats de l’étude du laboratoire BioMedco, la SRC-RDI aurait jugé « qu’il était d’intérêt public d’informer les téléspectateurs du questionnement du Collège des médecins quant au lien entre les résultats de l’étude et la santé publique ». à ce propos, le représentant du Collège déclarait qu’en l’absence de devis et sans analyse statistique, on ne pouvait s’appuyer sur l’étude de BioMedco pour dire que la santé publique était menacée, ce que semblait admettre M. Pekovic dans sa plainte, selon Mme Guay. Elle ajoute que les recherchistes ont essayé de joindre le Dr. Robert ainsi que M. Pekovic, dès 8 heures le 25 août 2006, le Dr. Robert aurait rapidement retourné l’appel et on lui aurait offert d’aller en ondes après la conférence de presse de la Ville de Montréal. M. Pekovic pour sa part aurait rappelé à la toute dernière minute en fin d’avant-midi, ce qui aurait forcé la chaîne à le mettre en ondes quelques minutes seulement avant le bulletin de nouvelles du midi. On lui aurait alors proposé une seconde entrevue en après-midi, mais il aurait alors formulé ses conditions à l’effet que ses propos soient diffusés intégralement, quelle que soit la durée de l’entrevue, ce qui serait contraire aux normes journalistiques de Radio-Canada.
5) RDI le 25 août 2006 à 10h05 :
– La mise-en-cause reconnaît que la présentatrice a effectivement fait référence à l’OCQ qui avait l’intention d’enquêter sur le laboratoire BioMedco et sur M. Pekovic et au fait que celui-ci a déjà été condamné pour pratique illégale de la chimie. Ceci ne constituerait aucune faute puisque toutes ces informations seraient véridiques. Selon Mme Guay, que cette condamnation résulte d’un plaidoyer de culpabilité ne change rien au fait que le plaignant a été déclaré coupable sur 10 constats d’infractions. Mme Guay ajoute que ces faits ont été jugés d’intérêt public parce qu’ils touchaient M. Pekovic qui était au cœur d’une controverse publique.
– En regard des commentaires additionnels du plaignant au sujet de l’OCQ, la mise-en-cause considère qu’il s’agit d’attaques personnelles adressées directement à l’OCQ. Elle ajoute que SRC-RDI n’a aucune intention de s’impliquer dans le différend opposant l’OCQ et le plaignant, sur lequel la Cour du Québec aura à se pencher dans le cadre de l’audience sur les 244 chefs d’infractions déposés par l’OCQ contre M. Pekovic et le Laboratoire BioMedco Services Inc. relativement à l’étude de l’eau des piscines publiques.
– Concernant l’information livrée par le Dr. Robert, à l’effet que M. Pekovic n’est pas médecin, les mis-en-cause ne croient pas que cela puisse lui porter préjudice, puisqu’il ne prétend pas être médecin. Quant à la référence du Collège des médecins à propos de la santé publique, la mise-en-cause invoque les mêmes arguments qu’au point 4.
6) RDI le 25 août 2006 de 11 h 21 à 11 h 49, diffusion de la conférence de presse de la Ville de Montréal sur les piscines publiques :
– Relativement aux propos apparaissant sur la bande défilante, avant et pendant la conférence de presse, soit « Piscines publiques : c’est au tour de la santé publique de Montréal d’émettre des réserves sur l’étude de BioMedco », la représentante des mis-en-cause soutient que cette information est « juste et véridique ». Elle se réfère à cet effet aux propos de M. John Carlsey de la direction de la santé publique de la Ville de Montréal, qui aurait émis diverses réserves en regard de la validité des tests de BioMedco, concernant le chlostridium difficile et le E coli. Cette conférence de presse visait également à révéler le résultat des tests bactériologiques commandés par la Ville de Montréal. De ce fait, l’information contenue sur la bande défilante aurait été exacte. Mme Guay souligne aussi que cette conférence a été diffusée en direct, permettant aux téléspectateurs de connaître clairement la position de la ville et que, de ce fait, il aurait été impossible pour eux d’avoir « structuré et scénarisé l’émission » pour discréditer l’étude de BioMedco.
– Au reproche de ne pas avoir informé le public de la différence entre les tests effectués par la Ville de Montréal et ceux effectués par BioMedco, la représentante de SRC-RDI évoque que les responsables de la santé publique ont clairement exposé cette distinction. De même, M. Pekovic aurait eu l’occasion d’expliquer en ses propres termes ces distinctions. De ce fait, les mis-en-cause ne croient pas que la présentatrice avait à les répéter.
7) Le « Téléjournal Montréal ce soir », diffusé le 25 août 2006 :
– La représentante des mis-en-cause estime ici que le plaignant a extrait une phrase d’environ 7 secondes d’un reportage d’une durée totale de 3 minutes pour soutenir ses doléances sur le journaliste Jacques Bissonnet, concernant la crédibilité que la Ville accordait à l’étude. Mme Guay rappelle que la Ville de Montréal a questionné les résultats de l’étude sur la qualité de l’eau des piscines publiques et a décidé de faire ses propres tests, qui ont conduit à la réouverture de 43 piscines sur les 48 qui avaient été fermées. Elle indique de plus que le reportage relatait ces faits tout en évoquant les circonstances entourant les fermetures et les réouvertures de ces piscines. Ce reportage présenterait aussi les commentaires de M. Pekovic, en regard des résultats de la Ville et des raisons pour lesquelles ceux-ci différaient des siens. Compte tenu de l’ensemble du reportage, Mme Guay ne voit donc pas en quoi la phrase contestée par le plaignant, mise en contexte, pourrait être qualifiée de mensongère.
L’adjointe au directeur général de l’information ajoute enfin qu’il serait inexact de mentionner de RDI n’a pas accordé au plaignant la chance de présenter sa version des faits. Elle invoque à cet effet les divers reportages joints aux commentaires qui feraient la démonstration de cette couverture complète. Ainsi, M. Pekovic aurait été interviewé au Téléjournal le 21 et le 23 août 2006, de même qu’à RDI, peu avant midi, le 25 août 2006.
Concernant les blâmes antérieurs à l’endroit de la SRC, évoqués par M. Pekovic, les mis-en-cause indiquent qu’ils n’entendent pas commenter ces décisions, comme le blâme du Conseil remonte à plus de 16 ans.
En regard des diverses questions qui n’auraient pas été évoquées dans les reportages mis en cause et dont le président de BioMedco déplorait l’absence, la représentante de SRC-RDI admet qu’un sujet comme celui-ci puisse être analysé sous plusieurs angles, mais soutient que le choix d’avoir couvert certains de ces angles plutôt que d’autres « relève de la liberté éditoriale et ne saurait constituer un manquement déontologique ». Elle ajoute être convaincue que tous les angles nécessaires pour permettre au public d’avoir une bonne compréhension de l’ensemble de la situation ont été couverts. Mme Guay conteste également les doléances du plaignant, à l’effet que RDI aurait passé sous silence les différents effets bénéfiques générés par la diffusion des résultats de l’étude. Elle invoque notamment le reportage de Jacinthe Taillon diffusé le 22 août 2006 au « Téléjournal Montréal », qui exposerait clairement, tableau à l’appui, l’ajout de cinq mesures par le ministre de l’environnement.
En conclusion, bien qu’ils puissent comprendre le mécontentement de M. Pekovic en regard des reportages, les mis-en-cause soutiennent qu’ils sont le résultat d’une enquête sérieuse soulevant des questionnement légitimes quant à la valeur scientifique de l’étude de BioMedco, qui avait causé une forte réaction de la population et des autorités concernées.
Réplique du plaignant
1) Le « Téléjournal Montréal » diffusé le 23 août 2006 à 22 heures 04 :
– Concernant l’avis de trois autres scientifiques, corroborant les propos du Dr. Payment et de M. Pronovost, le plaignant se questionne sur leur fiabilité. Il évoque premièrement le microbiologiste de la Ville de Montréal, qui aurait agit à titre d’indépendant lors de l’entrevue avec la journaliste, mais qui n’a pas donné l’autorisation d’être identifié. Il déplore que l’on soit incapable de juger de ses compétences scientifiques et encore moins des critiques qu’il a pu poser sur l’étude de BioMedco, d’autant plus que les commentaires des deux microbiologistes présentés à l’écran seraient différents. Les problèmes relativement à l’identification du 2e expert rencontré hors d’ondes seraient les mêmes et il serait impossible d’évaluer le sérieux de ces experts « fantômes ». En ce qui concerne la troisième scientifique rencontrée et identifiée, soit Mme Annie Locas, stagiaire postdoctorale à l’INRS, le plaignant se questionne à savoir depuis quand une stagiaire est utilisée par SRC-RDI pour évaluer une étude scientifique, parmi le nombre considérable de scientifiques montréalais disponibles. Il conteste d’autant plus la fiabilité de cette source, puisqu’elle est l’étudiante du Dr. Payment. Il se demande pourquoi Mme Taillon ne s’est pas plutôt référée à des experts évaluateurs chevronnés, qu’elle aurait pu consulter via des publications scientifiques. Il explique que lors de la diffusion de résultats d’études scientifique, il y aurait toujours des divergences d’opinions, que celles-ci sont importantes et ne signifient pas automatiquement que la valeur de l’étude est remise en question. à cette fin, il indique que tout article scientifique mentionne les études pertinentes et divergentes, ce qui est nécessaire pour faire avancer la science. Le plaignant ajoute que, pour pratiquer un journalisme sain, la SRC aurait dû interroger des experts avec des opinions divergentes.
– M. Pekovic réprouve toujours le recours au Dr. Payment comme expert « indépendant », à la lumière du curriculum vitae fournit par la SRC. à ce propos, il se questionne sur le nombre imposant de recherches et de subventions qui y figurent, celles-ci ne pouvant être réalisées toutes à la fois, selon lui. Le plaignant conteste également l’impartialité du Dr. Payment en raison de son implication pour la création des normes québécoises sur la qualité de l’eau, qui étaient contestées par l’étude de BioMedco. Il mentionne par ailleurs, qu’à aucun endroit dans ce CV, il n’est fait mention des journaux scientifiques pour lesquels le Dr. Payment agirait à titre d’expert évaluateur. M. Pekovic avance, par ailleurs, que certaines informations sur les implications privées et commerciales du Dr. Payment y seraient camouflées. Il soutient enfin que le Dr. Payment n’a jamais effectué d’études de l’importance et de l’ampleur de celle réalisée par BioMedco sur l’état de l’eau des piscines publiques. Il soutient que ce serait par envie, en regard de ce mandat et du fond de recherche y étant associé, qu’il aurait participé au dénigrement de l’étude. à ce propos, le plaignant ajoute avoir fait parvenir une mise en demeure au Dr. Payment. Pour ce qui est de la mention de Mme Guay à l’effet que le prestige de l’Institut Armand Frappier ait rassuré la SRC sur la compétence et l’intégrité du Dr. Payment, le plaignant répond que la mise-en-cause ignore délibérément le fait qu’il a lui-même complété ses études postdoctorales au même Institut et qu’il a côtoyé le Dr. Frappier. De ce fait, M. Pekovic se demande pourquoi il n’a pas jouit du même respect. Il ajoute que ce n’est pas parce qu’un scientifique travaille pour cet Institut que sa qualité de chercheur est garantie et encore moins son objectivité et ses valeurs morales. M. Pekovic déplore aussi que la SRC n’ait pas essayé d’obtenir l’appréciation du Dr. Payment par ses collègues du même institut, qui n’ont pas appuyé publiquement ses propos dans les entrevues, et se demande si le Dr. Payment, intervenait en son nom ou au nom de l’Institut Armand Frappier.
– En ce qui concerne l’AMQ, la disponibilité de la liste des membres coïnciderait avec l’envoi de la mise en demeure au Dr. Pronovost par les plaignants. Le représentant de BioMedco ajoute que la situation avant cet événement était bien différente, ce qu’illustreraient les documents présentés en annexe à la plainte et à la réplique. Il maintient les doléances exprimées dans la plainte, à l’endroit de l’association, réaffirmant que le statut de l’AMQ demeure obscur et le poste de M. Pronovost au sein de l’association, non confirmé. à la lecture du curriculum vitae de M. Pronovost, le plaignant reformule également ses griefs à l’effet qu’il n’avait pas les compétences scientifiques pour évaluer une étude telle que celle de BioMedco.
– Le plaignant soutient également qu’il n’a pas eu l’occasion de s’exprimer, mis à part le fait d’avoir dit que le Dr. Payment était « jaloux », alors que les autres experts rencontrés par la SRC ont été interrogés en direct à plusieurs reprises et que leurs propos ont été rapportés aux heures de grande écoute. Il nie également l’affirmation de la mis-en-cause, à l’effet que les questions en regard de l’étude, soulevées par M. Pronovost et par les autres sources, lui aient été soumises.
– Quant aux déclarations des responsables de certaines piscines publiques à l’effet que les échantillonnages, tels qu’ils apparaissent dans le rapport de BioMedco, n’auraient pas pu être pratiqués aux heures et aux dates indiquées, le plaignant explique cette situation par le fait que dans certains cas, les techniciens d’échantillonnage aient sauté par-dessus la clôture pour récolter leurs échantillons, les portes étant fermées ou parce que les responsables de certaines piscines auraient confisqué les échantillons déjà prélevés. Ces détails auraient, de l’avis du plaignant, dû éveiller la curiosité de la journaliste.
– M. Pekovic réaffirme que le « premier texte » paru sur le site Internet de Canoë n’est pas un article scientifique. Il s’agirait d’un rapport d’étude que le Journal de Montréal a dû rendre public rapidement et sous cette forme, en raison de l’importance des résultats obtenus et de l’intérêt du public pour cette affaire. Il répond que le Journal de Montréal a qualifié avec raison ce rapport comme étant le « rapport final de l’étude », mais non comme un article scientifique.
– En réponse au commentaire de Mme Guay à savoir que « M. Pekovic n’a eu aucun scrupule à remettre une copie de ce « premier texte » aux médias qui ne sont pas des revues scientifiques », le plaignant répond que la SRC a tout de même soumis l’évaluation des valeurs scientifiques du rapport de l’étude à des personnes qui ne disposaient pas des compétences et du mandat pertinent pour le faire. Il ajoute aussi que le rapport a été remis à ceux qui ont commandé l’étude. Il ajoute, par ailleurs, que le résumé scientifique de l’étude a été accepté et donc que sa valeur scientifique a été reconnue et évaluée par le comité scientifique de la « 2nd Pool and Spa Conference » de Munich. Il ajoute que les médecins faisant partie de l’équipe pour l’étude ont noté un impact significatif de la situation précaire de certaines piscines à l’étude, sur la santé des baigneurs et que, pour cette raison, une évaluation statistique officielle de cet impact sera jointe à l’étude.
– Le plaignant soutient également que la mise-en-cause cache la vérité en affirmant qu’elle n’adresse aucun blâme aux médias qui ont publié les résultats de l’étude, puisqu’elle soutenait précédemment que ce rapport aurait suscité de grandes inquiétudes dans la population et que, selon le plaignant, la SRC aurait agit par pure concurrence avec TVA et ce serait elle qui aurait semé la vraie inquiétude et controverse dans la population en voulant diminuer le succès de son concurrent.
2) Le « Téléjournal Matin » diffusé le 24 août 2006 à 7 heures 24 :
– Le président du laboratoire BioMedco indique ne pas avoir de commentaires complémentaires en regard de cette émission.
3) Le « Téléjournal Montréal ce soir », diffusé le 24 août 2006 à 18 heures :
– M. Pekovic réfère à une plainte qu’il a déposée contre le Collège des médecins, son secrétaire général et auprès du Gouvernement du Québec, dans laquelle il indique n’avoir jamais prétendu être médecin. Il y conteste également les autres propos tenus par le secrétaire du Collège des médecins au cours des reportages de la SRC, qu’il juge inexacts. Il ajoute que, ni le Dr. Robert, ni le Collège, n’ont fourni de preuves sur les éléments qu’ils remettraient en cause dans l’étude, ce qui serait dû au fait que le Collège n’aurait pas la compétence d’évaluer l’étude.
– Pour ce qui est du lien entre la santé publique et la situation de certaines des piscines à l’étude, il découlerait de l’évaluation scientifique et des considérations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ces considérations seraient basées sur le fait que la présence de pathogènes dans l’eau de baignade, en quantité excédant les normes, représenterait un danger pour la santé. Ce que confirmeraient toutes les études de l’OMS sur le sujet.
– Concernant la référence à Mme Denise Lareau, le plaignant joint un affidavit signé par celle-ci, en annexe à sa réplique, où elle conteste les propos de Mme Guay la concernant.
4) Revue de presse et Téléjournaux, dont « Téléjournal Matin », diffusés entre 7 h 00 et 10 h 00, le 25 août 2006 :
– Au sujet des déclarations du Dr. Robert au quotidien La Presse, reprises par la SRC-RDI, M. Pekovic réfère à ses commentaires précédents et à sa plainte contre le Dr. Robert et le Collège des médecins.
5) RDI, le 25 août 2006 à 10 h 05 :
– Relativement à l’OCQ, M. Pekovic réitère les arguments contenus dans sa plainte initiale, de même que ceux contenus dans la mise en demeure qu’il a fait parvenir à l’OCQ. Il estime que la SRC aurait dû parler des agissements de cet Ordre sur les autres scientifiques, dont les microbiologistes, et de son régime d’infractions démesurées aux laboratoires de biologie du Québec. Le plaignant ajoute que l’étude sur les piscines publiques était complètement en dehors des compétences professionnelles de la SRC et de l’OCQ, puisque la science ne rendrait compte à aucun ordre professionnel.
6) RDI le 25 août 2006 de 11 h 21 à 11 h 49, diffusion de la conférence de presse de la Ville de Montréal sur les piscines publiques :
– Le plaignant rappelle que l’objectif de l’étude de BioMedco n’était pas d’effectuer des tests selon les normes québécoises, qu’il juge largement dépassées, mais viserait plutôt à leur donner de nouveaux paramètres d’importance scientifique.
8) Le « Téléjournal Montréal ce soir », diffusé le 25 août 2006 :
– M. Pekovic indique qu’il n’a pas de commentaires additionnels concernant ce reportage.
En conclusion, M. Pekovic affirme que la SRC-RDI a diffusé plus de 305 émissions diffamatoires contre lui et son entreprise, ce qui serait loin de représenter une saine pratique du journalisme. Il soutient que la chaîne aurait dû mentionner qu’elle avait été blâmée par le Conseil de presse en regard du traitement qu’elle lui avait accordé, de même qu’au laboratoire BioMedco, il y a seize ans. Selon lui, les mis-en-cause auraient également dû mettre plus en évidence les autres cas où ils ont été blâmés, qui seraient d’intérêt public. Il se demande également, si la mise-en-cause soutient que le Conseil ne doit pas se prononcer sur un blâme qu’il a adressé il y a plus de 16 ans, pourquoi l’entente à l’amiable entre lui et l’OCQ, qui remontait également à plus d’une quinzaine d’années, a été exploitée par la SRC pour remettre en doute ses compétences.
Commentaires à la réplique
Mme Guay désire apporter des commentaires à la réplique de BioMedco, sur trois points :
1) Concernant les coordonnées de Mme Denise Lareau et son affidavit joint en annexe X de la réplique de M. Pekovic :
– Dans cet affidavit, Mme Lareau indique que son numéro de téléphone est le (514) 521-4545, poste 2573. La mise-en-cause rappelle que le 24 août 2006, M. Pekovic avait demandé à la journaliste Jacinthe Taillon de communiquer avec son attachée de presse, Mme Lareau, et qu’il reprochait à la journaliste de ne pas avoir tenté de la joindre. à ce propos, Mme Guay fournit un enregistrement vidéo de la conversation téléphonique du 24 août, entre M. Pekovic et Mme Taillon, qui permettrait d’entendre M. Pekovic demander à Mme Taillon de joindre son « attachée de presse », Mme Lareau, au numéro de téléphone (514) 523-2941. Mme Guay fait remarquer que le numéro alors fournit diffère du véritable numéro de Mme Lareau, ce qui expliquerait sans doute pourquoi la journaliste n’a pas réussit à la joindre le 24 août. La représentante des mis-en-cause espère que la copie de cet enregistrement convaincra le Conseil et les plaignants de la bonne foi de la journaliste.
2) En ce qui a trait à la crédibilité de Mme Annie Locas en tant qu’intervenante dans le dossier :
– Le plaignant remettait en doute la crédibilité de Mme Annie Locas, indiquant notamment qu’elle ne serait qu’une stagiaire postdoctorale, ce à quoi les mis-en-cause répondent que Mme Locas détient un doctorat en biologie avec une spécialité en qualité de l’eau, de même qu’un baccalauréat en microbiologie et une maîtrise en génie civil, spécialité eau potable, et jugent donc qu’elle était une intervenante qualifiée dans le dossier.
3) Au sujet de l’Association des microbiologistes du Québec (AMQ) :
– Mme Guay remarque que le nom de M. Pekovic apparaît sur la liste des membres de l’AMQ, disponible sur le site Internet de l’Association, et se demande pourquoi il en fait partie si, comme il le prétend dans sa plainte, il croit que la crédibilité de l’AMQ et de ses représentants fait défaut.
Analyse
Les organes de presse et les journalistes ont le devoir de livrer au public une information complète, rigoureuse et conforme aux faits et aux événements. La rigueur intellectuelle et professionnelle dont ils doivent faire preuve représente la garantie d’une information de qualité. Elle ne signifie aucunement sévérité ou austérité, restriction, censure, conformisme ou absence d’imagination. Elle est plutôt synonyme d’exactitude, de précision, d’intégrité, de respect des personnes et des groupes, des faits et des événements.
Le président du Laboratoire BioMedco Services Inc., M. Drasko Pekovic, exprimait un total de 50 griefs à l’endroit de la Société Radio-Canada (SRC), de la chaîne d’information continue le Réseau de l’Information (RDI) et des journalistes Mme Jacinthe Taillon et M. Jacques Bissonnet. Pour fins d’analyse, ceux-ci ont été regroupés en six groupes, soit l’exactitude et la rigueur, l’équilibre et l’exhaustivité, la pondération, le choix de couverture et de contenu, la liberté et l’indépendance des journalistes de même que l’impartialité de l’information et le conflit d’intérêt et le respect de la réputation et de la personne.
Le Conseil tient avant tout à rappeler qu’il rend des décisions en regard du respect des règles déontologiques dans le traitement de l’information. Ainsi, il ne se prononce pas sur la valeur de l’étude effectuée par le laboratoire BioMedco en regard de la qualité de l’eau des piscines publiques des villes de Laval et de Montréal, ni sur les conflits qui semblent perdurer entre des individus ou organisations ayant pris part au dossier.
Le premier bloc de griefs considéré par le Conseil concernait donc les manquements reprochés en regard de la rigueur et de l’exactitude de l’information. à ce chapitre, M. Pekovic contestait 11 éléments de la couverture du dossier.
Le Conseil a examiné un à un les points soulevés par le plaignant et a tiré les conclusions suivantes :
1. Le parallèle entre l’étude et la santé publique semble pertinent et le Conseil n’y détecte pas d’inexactitude. Pour ce qui est du traitement de cet aspect par la SRC-RDI, dans le « Téléjournal Montréal » du 24 août 2006, le Conseil observe que la journaliste Jacinthe Taillon ne mentionne pas que le laboratoire BioMedco a porté erronément des conclusions sur la santé publique, mais plutôt que la méthodologie et les conclusions de l’étude sont contestées par la direction de la santé publique de la Ville de Montréal.
2. Les plaignants contestaient ensuite l’affirmation du Dr. Payment, à l’effet que le laboratoire BioMedco Services Inc. ne serait pas un laboratoire accrédité dans le domaine de l’analyse de l’eau. L’écoute de l’entrevue du Dr. Payment a permis au Conseil d’établir qu’il ne fait aucune mention concernant l’accréditation du laboratoire. Conséquemment, il n’y a pas eu de déclaration inexacte.
3. En ce qui concerne la référence de la journaliste Jacinthe Taillon à M. Pekovic en tant que « docteur » et des allégations ultérieures du secrétaire du Collège des médecins, à l’effet que M. Pekovic n’est pas médecin, le Conseil estime que ces déclarations n’étaient pas inexactes, mais qu’il aurait été plus rigoureux que la chaîne précise qu’il ne prétendait pas l’être.
4. Le Conseil observe que l’émission « Matin express » a rapporté les déclarations du représentant du Collège des médecins au quotidien La Presse dans le cadre de la revue de presse quotidienne. Il est pratique courante, dans le monde journalistique, de rapporter les informations contenues dans un autre média et le Conseil n’y voit pas de manquement déontologique, en autant que la source soit indiquée. Le Conseil conclut également que les plaignants n’ont pas démontré en quoi les propos du Dr. Robert étaient inexacts ou quel était le manque de vérification de la SRC.
5. Le Conseil observe que le secrétaire du Collège des médecins affirmait que l’étude avait été faite en l’absence d’un devis de recherche et sans analyse statistique. De ce fait, il remettait en question la valeur scientifique de l’étude. Les propos des présentateurs de RDI en regard des critiques formulées par le Collège étaient donc exacts. Le Conseil ne peut retenir le grief sous cet aspect.
6. Le Conseil considère que le choix de parler de la condamnation antérieure du laboratoire relevait de la discrétion rédactionnelle du média qui est libre de choisir ses sujets et ses angles de traitement. Après vérifications, BioMedco et M. Pekovic ont bien signé un plaidoyer de culpabilité à 20 chefs d’accusations. De plus, dans le contexte selon lequel l’Ordre des Chimistes du Québec (OCQ) avait exprimé l’intention de porter des accusations contre BioMedco en regard de l’étude, cette information était d’intérêt public. Ainsi, le Conseil ne détecte aucune faute éthique sur ce point.
7. Le Conseil a établit que le syndic de l’OCQ a véritablement déposé une poursuite pour usurpation de titre et pratique illégale de la chimie à la Cour du Québec, district de Montréal, sous 244 chefs d’accusations. La présentatrice pouvait donc en faire état.
8. Les plaignants dénonçaient aussi l’information contenue sur la bande déroulante, lors de la diffusion de la conférence de presse de la Ville de Montréal le 25 août 2006. Sachant que cette conférence a été présentée en direct sur les ondes de RDI et que la santé publique pouvait directement y émettre son avis, prenant en compte également que la majorité des piscines ont été rouvertes à la suite de cette intervention et compte tenu des réserves exprimées par M. John Carlsey de la direction de la santé publique de Montréal, les mis-en-cause pouvaient supposer que cette conférence viserait à émettre certaines réserves sur les résultats de l’étude de BioMedco.
9. Le Conseil a estimé que, dans l’extrait lié à la déclaration de Jacques Bissonnet en regard de la crédibilité accordée par la Ville de Montréal à l’étude de BioMedco, le journaliste rapportait les propos tenus par la représentante de la santé publique de Montréal. Comme la Ville n’a pas souhaité se prononcer sur les résultats des études précédentes et qu’elle a rouvert une majorité de piscines après avoir effectué ses propres tests, il n’était pas inexact de supposer qu’elle accordait peu de crédibilité à l’étude. Le Conseil a également considéré que le reportage qui suit cette déclaration présentait à la fois les conclusions des études de la Ville de Montréal, les réactions de certains usagers des piscines publiques et les réactions de M. Pekovic. En raison de l’ensemble du reportage et du contexte dans lequel le journaliste a émis ce commentaire, le Conseil estime que cet extrait était conforme à la déontologie.
10. Au dixième point, le plaignant mentionnait que les divergences d’opinions, concernant une étude, ne signifient pas que sa valeur scientifique soit remise en question, comme le prétendrait les reportages. Or, bien que le plaignant estime qu’il soit normal en science de faire face à deux écoles de pensées, le débat sur les piscines publiques se faisait dans un contexte médiatique, et comme la journaliste présentait l’opinion de divers intervenants qui contestaient la méthodologie de l’étude, rien ne démontre que cette affirmation était inexacte.
11. En regard des dates d’échantillonnage, le Conseil observe que la journaliste a rapporté les propos d’intervenants des piscines soutenant que ces dates étaient inexactes, de même que les commentaires de M. Pekovic affirmant le contraire. Les deux versions ont donc été présentées au public et, devant celles-ci, le Conseil ne peut retenir le grief sur cet aspect.
Au terme de ces observations, outre la mise en garde en regard de la mention à l’effet que M. Pekovic n’a pas prétendu être médecin, le premier groupe de griefs a été rejeté.
Le second groupe de griefs concernait le manque d’équilibre de l’information. Le représentant du laboratoire BioMedco reprochait à la SRC-RDI d’avoir présenté une information déséquilibrée et de ne pas lui avoir permis de présenter sa version des faits. Il illustrait cette doléance par une série de 11 exemples tirés des reportages mis en cause.
Sur ce point, le Conseil rappelle que l’information livrée par les médias fait nécessairement l’objet de choix qui doivent être faits dans un esprit d’équité et de justice, mais qui ne se mesurent pas seulement de façon quantitative, sur la base d’une seule émission, pas plus qu’au temps d’antenne. Ils doivent être évalués de façon qualitative, en fonction de l’importance de l’information et de son degré d’intérêt public.
Le Conseil a donc analysé l’ensemble des reportages et des points de vues présentés par les mis-en-cause dans le cadre de ce dossier. Au terme de cette analyse, le Conseil a établi que M. Pekovic a eu l’occasion de s’exprimer à l’intérieur de plusieurs reportages diffusés sur la chaîne et d’exposer son point de vue. De même, les résultats des tests effectués par le laboratoire BioMedco, les réactions des différents acteurs dans le dossier et l’impact de ces résultats furent couverts. Ainsi, les émissions lors desquelles le plaignant n’a pu répondre se voulaient majoritairement des revues de presse ou des résumés de l’actualité. En regard des points supplémentaires évoqués par le plaignant et des émissions auxquelles il n’a pu participer, le Conseil a estimé qu’il s’agissait surtout de malentendus entre M. Pekovic et les mis-en-cause, mais que ceux-ci ne semblaient aucunement découler d’une volonté de dissimuler un point de vue ou de biaiser l’information. Enfin, pour les éléments qui n’avaient pas été couverts, selon le plaignant, le Conseil a estimé qu’il s’agissait d’un choix rédactionnel et que les informations présentées étaient néanmoins complètes. Ainsi, ce second groupe de griefs a été rejeté.
Venaient ensuite les reproches quant à des manquements à la pondération de l’information. Le plaignant invoquait les propos de la présentatrice de RDI, à l’intérieur du bulletin présenté le 25 août 2006, qui seraient sensationnalistes en regard de l’affirmation du Dr. Robert, secrétaire du Collège des médecins. L’analyse des documents soumis au dossier a permis au Conseil d’établir que, bien que M. Pekovic conteste la véracité de ces propos, il reconnaît que le Dr. Robert a bien remis en question la crédibilité de l’étude de BioMedco et sa rigueur scientifique. Ainsi, la présentatrice a rapporté ces propos conformément à ceux que M. Pekovic rapporte dans cette plainte. Ce grief n’a donc pas été démontré.
Le quatrième bloc de griefs se rattachait au choix de couverture et de contenu ainsi qu’à la discrétion rédactionnelle. Ces griefs reposaient sur huit éléments, à savoir la crédibilité et la compétence des experts interrogés, la présence de sources anonymes, les sources compétentes pour se pencher sur un travail scientifique et l’évaluer publiquement, l’évaluation d’un rapport d’étude préliminaire, la mise en scène de la conférence de presse et l’importance accordée aux piscines demeurées fermées.
En regard des experts rencontrés, le parcours et la formation de chacun des intervenants rencontrés par les mis-en-cause démontrent qu’ils étaient aptes à se prononcer dans le dossier. De même la SRC-RDI a vérifié son information auprès de plusieurs sources. Le Conseil estime que l’utilisation de sources anonymes doit être justifiée et demeurer exceptionnelle. Or, il appert au Conseil que le recours à ces sources anonymes visait uniquement à confirmer l’information déjà apportée par les sources identifiées. Comme la journaliste est en mesure d’identifier ces intervenants et que d’autres experts sont venus confirmer ces propos en ondes, le Conseil n’y voit pas de manquements déontologiques en regard du recours aux sources anonymes. Le Conseil rappelle qu’un média est libre d’avoir recours aux experts de son choix pour commenter une étude rendue publique. Ainsi, lorsqu’un média estime que le sujet d’une étude scientifique est d’intérêt public, rien ne l’empêche de traiter de ce sujet et de choisir des experts qualifiés pour ce faire, il en va de la liberté journalistique.
En outre, bien qu’il comprenne que le texte rendu public sur le site de Canoë n’était qu’un rapport préliminaire de l’étude, le Conseil considère que ce rapport préliminaire permettait aux intervenants de se prononcer sur la méthodologie utilisée et sur les premiers résultats rendus publics. Le Conseil n’y voit donc pas de manquement déontologique.
Le plaignant reprochait également aux mis-en-cause d’avoir orchestré l’émission du 25 août 2006 présentant la conférence de presse de la santé publique de la Ville de Montréal. Comme cette conférence fut présentée en direct, il semble impossible que la chaîne ait pu sciemment la mettre en scène dans l’intention de nuire au laboratoire BioMedco. Le Conseil n’a pas retenu ce point.
M. Pekovic affirmait également que la SRC-RDI avait minimisé l’importance des piscines demeurées fermées après la présentation des tests effectués par la santé publique de la Ville de Montréal. Or, il appert au Conseil qu’au cours du « Téléjournal Montréal » et du « Téléjournal Le Point » du 25 août 2006, le journaliste Jacques Bissonnet ait expliqué qu’une vingtaine de piscines demeuraient fermées et que 43 étaient rouvertes, en présentant les raisons de ces fermetures et de ces réouvertures. Au terme de ces observations, comme le Conseil n’a retenu aucun des points se rattachant à ce quatrième bloc de griefs, les reproches se rapportant au choix de couverture et de contenu ont été rejetés.
Le Conseil a ensuite étudié le bloc de griefs se rapportant à la liberté, à l’indépendance des journalistes, à l’impartialité de l’information et au conflit d’intérêts. à ce chapitre, les griefs évoqués étaient l’attitude partiale des mis-en-cause, liée à une jalousie malsaine et une guerre de concurrence envers les médias du groupe Quebecor, de même qu’une collusion entre la SRC-RDI et le quotidien La Presse pour dénigrer l’étude. Le plaignant évoquait enfin un manque de compétence scientifique de la part des mis-en-cause pour réaliser les reportages visés par la plainte.
Le Conseil a étudié les motifs invoqués sur ce point. Les propos contenus dans La Presse ont été rapportés dans le cadre des émissions régulières présentant la revue de presse et une seule de ces informations, concernant le Collège des médecins, fut reprise plus tard dans le bulletin de nouvelles. Le Conseil tient également à faire remarquer que, lors de ces émissions, les informations contenues dans le Journal de Montréal, touchant à l’étude de BioMedco, ont été largement couvertes. De l’avis du Conseil, on ne peut donc déceler, à la lecture de l’information soumise par le plaignant, aucune collusion entre la chaîne publique et La Presse. En regard des compétences des journalistes, il appert que ce ne sont pas les journalistes qui ont eu à se pencher sur les aspects scientifiques de l’étude, mais bien les experts interrogés dans le cadre des reportages. Les journalistes, pour leur part, avaient à comprendre les enjeux du sujet et son intérêt public. Les griefs n’ayant pas été démontrés, ils ont donc été rejetés.
Le dernier bloc de griefs visait le respect de la réputation de M. Pekovic et du laboratoire BioMedco.
à ce propos, le Conseil rappelle que son rôle n’est pas de déterminer s’il y a eu diffamation ou d’évaluer le degré d’atteinte à la réputation des plaignants, cela relève des tribunaux. Le Conseil a étudié le dossier sous l’angle de l’éthique professionnelle. Puisque cette atteinte découlerait du fait de fautes professionnelles de la part des mis-en-cause, et puisque aucun des griefs n’a été retenu, le grief a été rejeté.
Décision
Au terme de cette analyse, le Conseil rejette la plainte du Laboratoire BioMedco Services Inc., contre les journalistes Mme Jacinthe Taillon et M. Jacques Bissonnet et la chaîne SRC-RDI.
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture
- C02B Moment de publication/diffusion
- C03B Sources d’information
- C03C Sélection des faits rapportés
- C03D Emplacement/visibilité de l’information
- C06H Affectation des journalistes
- C11A Erreur
- C11B Information inexacte
- C11C Déformation des faits
- C11F Titre/présentation de l’information
- C11G Rapporter des propos/témoignages erronés
- C12A Manque d’équilibre
- C12B Information incomplète
- C12C Absence d’une version des faits
- C13A Partialité
- C14A Sensationnalisme/exagération/insistance indue
- C15A Manque de rigueur
- C15B Reprendre une information sans la vérifier
- C15C Information non établie
- C15D Manque de vérification
- C17A Diffamation
- C17D Discréditer/ridiculiser
- C17E Attaques personnelles
- C17G Atteinte à l’image
- C22C Intérêts financiers
- C22H Détourner la presse de ses fins