Plaignant
M. Slawomir Poplawski
Mis en cause
M. Neale McDevitt, rédacteur en chef par intérim et le bimensuel McGill Reporter
Décision sur la recevabilité de la plainte
Le Conseil de presse estime que le McGill Reporter ne peut être considéré comme un véritable média d’information, publié par une entreprise de presse. En effet, dans une décision rendue par le Conseil dans le dossier D1999-03-081, ce dernier statuait que ce dossier était irrecevable. La décision reposait sur la base suivante : « Le périodique CAmagazine ne peut être considéré comme un véritable média d’information, publié par une entreprise de presse. Le périodique est édité par une corporation professionnelle, soit l’Institut canadien des comptables agréés, et constitue par le fait même l’organe officiel de l’organisme, donc son bulletin de liaison. Conséquemment, le contenu de CAmagazine n’entre pas dans la juridiction du Conseil de presse du Québec. »
Puisque le McGill Reporter est édité par le service des affaires universitaires de l’Université McGill qui représente le personnel enseignant et non enseignant, il constitue par le fait même l’organe officiel de ce service, donc son bulletin de liaison.
Au terme de ce qui précède, le Conseil de presse ne peut donner suite à la démarche et considère la plainte actuelle comme irrecevable.
Résumé de la plainte
M. Slawomir Poplawski porte plainte contre M. Neale McDevitt, rédacteur en chef et le McGill Reporter, le journal du personnel enseignant et non enseignant de l’Université McGill. Il est publié deux fois par mois par le service des affaires universitaires. Il dénonce la censure, exercée par la rédaction du journal envers les lettres qu’il a fait parvenir pour publication dans le courrier des lecteurs.
Griefs du plaignant
M. Slawomir Poplawski reproche au rédacteur en chef et au McGill Reporter de ne pas avoir publié sa lettre, datée du 15 novembre 2006, dans laquelle il questionnait le service administratif de McGill. Il se dit censuré par le journal, car il aurait une opinion différente de la leur.
Il reproche au journal de ne pas lui avoir donné d’explication raisonnable au refus de publier une de ses lettres. Il déplore la réponse du rédacteur en chef qui lui aurait mentionné que le journal était libre de choisir le matériel qu’il voulait publier. Selon le plaignant, cela confirmerait le fait que le journal étant financé par le service administratif, ne rapporterait que la vision de ce dernier qui ne voudrait surtout pas créer de débat dans la communauté. Il dénonce la propagande de l’administration à travers le journal. Sa lettre du 15 novembre 2006 présentait aussi ses inquiétudes face à la pratique journalistique du McGill Reporter qu’il juge éthiquement inacceptable.
Il conclut en soulignant que depuis plusieurs années, le McGill Reporter, n’a publié aucun de ses textes.
Commentaires du mis en cause
Selon M. Neale McDevitt, M. Poplawski écrit de longs textes et son dernier contenait 300 mots en trop. Le mis-en-cause explique que l’heure de tombée et le texte trop long de M. Poplawski, n’a pu permettre la publication de son texte. M. McDevitt explique qu’il est difficile de publier les lettres des lecteurs dans une publication de 12 pages. Les articles contiennent, en moyenne, 400 mots et depuis qu’il est au journal, soit 18 mois, il n’est arrivé qu’une fois ou peut-être deux, de publier un texte de 900 mots.
Le mis-en-cause souligne que le journal publie rarement des lettres provenant des lecteurs, précisément parce qu’il y a très peu de place et que lorsqu’il peut en inclure une, l’espace se retrouve supplanté par l’annonce d’une recherche majeure ou d’une découverte médicale. Il dit recevoir de nombreuses lettres, par exemple, il affirme en avoir reçu plus de 40 en octobre 2006.
Selon M. McDevitt, les lettres de M. Poplawski comporteraient des accusations non fondées et ce dernier ne validerait pas son information par des sources. De plus, ajoute-t-il, les lettres du plaignant seraient souvent incendiaires, et non informatives. Il souligne que son travail est de maintenir l’intégrité éditoriale du journal et qu’il croit que les lettres de M. Poplawski n’y ont pas leur place.
Finalement, M. McDevitt affirme avoir discuté avec le plaignant en lui mentionnant qu’il devrait faire publier ses lettres dans d’autres publications. Il termine en soulignant que le McGill Reporter se réserve le droit de publier uniquement ce qu’il juge pertinent.
Réplique du plaignant
Selon M. Poplawski, l’Université McGill serait financé à 80 % par les payeurs de taxes, mais depuis l’an dernier, elle serait administrée comme une corporation avec des dépenses excessives et cette structure aurait introduit un système de valeur questionnable au sein de la communauté universitaire. C’est ce qu’il aurait tenté de présenter dans sa lettre du 15 novembre 2006. Selon lui, il n’est plus possible, pour les employés et le public, d’émettre des opinions contraires à celles de l’administration. Le journal a moins de liberté car, selon lui, il serait financé en entier par l’administration ce qui subordonnerait le bimensuel à ses opinions.
Selon le plaignant, M. McDevitt ainsi que l’ex-rédactrice en chef (Mme Maeve Haldane) ne pouvaient publier des opinions contraires à celles des gestionnaires. Il ajoute que, le rédacteur en chef précédant, utilisait 10 % de l’espace pour publier les lettres des lecteurs et qu’il aurait publié treize de ses lettres. Le plaignant affirme qu’après le départ de ce rédacteur en chef et durant la période de Mme Maeve Haldane la publication de lettres aurait diminué de moitié. Depuis l’arrivée de M. McDevitt, aucune lettre n’aurait été publiée dans le journal. Il ajoute que lorsqu’il a souligné cette situation à M. McDevitt, ce dernier lui aurait indiqué qu’il avait publié une lettre de l’ancien ministre de la justice M. Cotler. Il juge cette réponse cynique.
Selon lui, M. McDevitt ne lui aurait jamais demandé ses sources qui confirmeraient ses arguments parce que dit-il, ce dernier n’aurait, de toute façon, pas publié sa lettre.
La réponse du rédacteur en chef, concernant la longueur excessive de son texte déçoit le plaignant. Il dit lui avoir expliqué que sa lettre était divisée en trois parties et lui aurait demandé laquelle il voulait publier. Et la réponse de M. McDevitt fut : « I have work to do ».
Finalement, il fait remarquer que le site du McGill Reporter précise : « Letters to the editor : We’re always delighted to receive letters which relate to stories that have appeared in the newspaper or to issues that are relevant to the University community, but cannot guarantee publication. The maximum word length for a letter to the editor is 500 words. We reserve the right to exercise our judgement in editing or printing the letter. » Et en regard des textes d’opinions : « From time to time, the McGill Reporter will publish opinion pieces from faculty, staff and students on issues of general interest to the University community. Proposals should be discussed with the editor prior to submission. Opinion pieces should be roughly 1,000 words in length. » Il ne comprend donc pas que M. McDevitt soulève, dans ses commentaires, le point à l’effet que sa lettre contenant plus de 900 mots n’était pas éligible pour publication.