Plaignant
L’après-rupture et M. Jean-Claude Boucher, président
Mis en cause
M. Benoît Chartier, éditeur; M. Martin Bourassa, rédacteur en chef et l’hebdomadaire Le Clairon régional de Saint-Hyacinthe
Résumé de la plainte
M. Jean-Claude Boucher porte plainte contre l’hebdomadaire Le Clairon régional de Saint-Hyacinthe relativement aux chroniques « La Clé sur la Porte ». Il reproche à celles-ci d’être sexistes sur le sujet de la violence conjugale en plus de véhiculer des informations inexactes.
Griefs du plaignant
M. Jean-Claude Boucher explique que quatre éléments viennent soutenir sa démarche consistant à porter plainte au Conseil de presse.
Il déplore dans un premier temps que l’hebdomadaire n’ait pas fait précéder les chroniques de l’organisme « La Clé sur la Porte » de la mention « publireportage » et ajoute qu’elles ne sont pas signées.
Dans un second temps, M. Boucher reproche à ces mêmes chroniques d’être sexistes.
Il remarque ensuite qu’elles ne feraient mention d’aucune source scientifique permettant d’appuyer certaines affirmations en plus de contredire les analyses de Statistique Canada et de l’Institut de la statistique du Québec.
Enfin, le plaignant déplore n’avoir pu obtenir un droit de réplique de la part de l’hebdomadaire à la suite d’une lettre qu’il lui a fait parvenir le 8 mars 2008 pour proposer la publication d’une chronique régulière émanant de l’organisme « L’après-rupture » dont il est le président.
à titre d’exemple, M. Boucher joint à sa plainte les chroniques parues dans le Clairon régional de Saint-Hyacinthe en date du 1er et 8 mars 2008.
Commentaires du mis en cause
Selon M. Martin Bourassa, rédacteur en chef, la plainte de M. Boucher est sans fondement. Dans un premier temps, il explique que rien ne justifiait qu’il soit mentionné qu’il s’agissait d’un publireportage puisqu’il s’agissait d’une chronique, identifiée comme telle à la une du journal. Le mis-en-cause ajoute que ces chroniques sont coiffées du logo de l’organisme qui en est l’auteur.
M. Bourassa réfute ensuite l’idée selon laquelle les chroniques de « La Clé sur la Porte » qui sont publiées dans l’hebdomadaire sont sexistes. De son avis, elles traitent d’un problème de société bien réel et ne contiennent aucune généralité pouvant laisser croire que tous les hommes battent leurs femmes. Il ajoute que, pour la plupart, ces chroniques sont appuyées sur des références qu’il qualifie de « pertinentes ».
Il affirme enfin qu’il est inexact de prétendre que l’organisme « L’après-rupture » n’a pu obtenir un droit de réplique au sein de l’hebdomadaire. De l’avis de M. Bourassa, il aurait tout d’abord fallu que la demande en soit officiellement faite à l’hebdomadaire puisque l’échange ne s’est limité qu’à l’envoi d’un courriel proposant une chronique régulière de « L’après-rupture » qui ferait contrepoids à celle de « La Clé sur la Porte ». Selon le mis-en-cause, cette demande ne pouvait s’apparenter à un droit de réplique puisque ce dernier nécessite d’abord que l’organisme soit interpellé. Il ajoute que la rédaction ne peut accéder de façon favorable à toutes les demandes qu’elle reçoit en provenance d’organismes communautaires et ce, en raison de l’espace limité. Le mis-en-cause précise que les chroniques font l’objet d’un suivi rigoureux ainsi que d’une évaluation régulière.
M. Bourassa termine en sensibilisant le Conseil aux différends qui opposent les deux organismes que sont « La Clé sous la Porte » et « L’après-rupture » et regrette que sa publication soit le terrain de leur conflit.
Réplique du plaignant
Le plaignant n’a soumis aucune réplique.
Analyse
M. Jean-Claude Boucher, président de l’organisme « L’après-rupture » portait plainte contre l’hebdomadaire Le Clairon régional de Saint-Hyacinthe qui a publié les chroniques de « La Clé sur la Porte ». Plaignant et mis-en-cause ont fait parvenir au Conseil deux de ces chroniques.
Dans un premier temps, le plaignant déplorait que les articles n’aient pas été signés et qu’ils n’aient pas été précédés de la mention « publireportage ».
Les journalistes sont libres de signer ou non les textes ou les reportages qu’ils produisent. Le fait de ne pas signer certains textes n’élude toutefois pas la responsabilité des auteurs à l’égard de leur production, ni celle des médias face à ce qu’ils publient. Afin d’éviter toute confusion sur la nature des textes d’opinion, il est par ailleurs primordial pour les médias de bien identifier les textes de commentaires. L’absence d’indication sur la nature particulière de ce genre journalistique pourrait conduire le public à assimiler l’opinion d’un journaliste, partiale par définition, à un article d’information.
Après analyse, le Conseil conclut que l’organisme « La Clé sur la Porte » pouvait librement signer ses chroniques sous cette mention et non du nom d’une personne en particulier. L’analyse de leur contenu a également permis au Conseil d’établir qu’il s’agissait bien de chroniques et nullement d’un exercice d’autopromotion comme le suggérait le plaignant. Le Conseil remarque néanmoins que la rédaction de l’hebdomadaire n’a pas, à l’exception de la manchette sur la page de une, spécifiquement fait précéder ses chroniques d’un intitulé informant les lecteurs qu’il s’agissait de textes d’opinion et souligne qu’il aurait eu avantage à le faire afin d’éviter toute confusion de la part des lecteurs.
Le plaignant reprochait également aux chroniques de « La Clé sur la Porte » de ne pas avoir fait référence à des sources d’information scientifique en plus d’être en contradiction avec les analyses de Statistique Canada et de l’Institut de la statistique du Québec. Il ajoutait que les chroniques étaient, selon lui, sexistes.
Le Conseil remarque, pour les deux chroniques qu’il a pu analyser, que la source d’information sur laquelle elles se basaient, un ouvrage intitulé « Quand l’amour ne va plus », a été rappelée au début de la première mais non de la seconde d’entre elles bien qu’il ait été préférable que ce soit le cas. Les chroniques ne contenaient aucune donnée chiffrée et proposaient au lecteur un ensemble de questions s’adressant aux femmes désireuses de réaliser si elles sont ou non sous l’emprise d’un conjoint contrôlant. Par conséquent, elles ne contenaient aucune affirmation catégorique susceptible d’entrer en contradiction avec des données statistiques pas plus qu’elles n’étaient sexistes. Les griefs sont rejetés.
Enfin M. Boucher regrettait que l’hebdomadaire n’ait pas consenti à accorder un droit de réponse à son organisme afin que puissent être rétablis les faits.
Le guide des Droits et responsabilités de la presse précise à cet effet que les médias et les journalistes ont le devoir de favoriser un droit de réplique raisonnable du public face à l’information qu’ils ont publiée ou diffusée. Même si la publication de lettres de lecteurs et la diffusion de mises au point ne constituent pas toujours le meilleur moyen de réparer le préjudice causé, les médias doivent s’ouvrir aux commentaires des personnes victimes d’erreurs.
L’analyse des chroniques n’a pas permis au Conseil d’établir que l’hebdomadaire Le Clairon régional de Saint-Hyacinthe avait commis une entorse à la déontologie en publiant les chroniques de l’organisme « La Clé sur la Porte ». Par conséquent, rien ne justifiait que soient rétablis les faits.
Décision
Sous réserve des commentaires qui ont été précédemment formulés, le Conseil de presse rejette la plainte de M. Jean-Claude Boucher à l’encontre de l’hebdomadaire Le Clairon régional de Saint-Hyacinthe.
Analyse de la décision
- C09A Refus d’un droit de réponse
- C15A Manque de rigueur
- C18C Préjugés/stéréotypes
- C21A Publicité déguisée en information