Plaignant
M. Jean-Marc Bessette
Mis en cause
M. Jean-François Bouchard, journaliste; M. René Alary, rédacteur en chef et l’hebdomadaire L’Avantage
Résumé de la plainte
M. Jean-Marc Bessette porte plainte contre l’hebdomadaire L’Avantage, dont le rédacteur est M. René Alary. Il met en cause des articles du journaliste, Jean-François Bouchard. Selon le plaignant, le mis-en-cause, dans plusieurs de ses articles, ferait preuve de manque de rigueur et d’équilibre. Il reproche également au journal de ne pas avoir publié les rectifications envoyées par le plaignant.
Griefs du plaignant
Le plaignant, M. Jean-Marc Bessette, porte plainte contre l’hebdomadaire L’Avantage, et plus particulièrement le journaliste, Jean-François Bouchard. Selon le plaignant, plusieurs des articles du mis-en-cause manqueraient de rigueur, et comporteraient des inexactitudes. Après avoir apporté les preuves des erreurs et les rectifications au journal, le plaignant déplore la non- publication de ses textes.
Pour précision, le plaignant a envoyé au Conseil de presse une première plainte mettant en cause deux articles du journaliste, Jean-François Bouchard, puis quelques jours plus tard un complément à la plainte visant quatre articles supplémentaires. Le plaignant organise sa plainte relativement à chaque article et signe en tant que membre de l’organisme « Papa pour toujours, les Enfants d’abord ».
En premier lieu, il porte plainte contre l’article intitulé « une campagne contre la violence ». Il accuse le journaliste d’avoir manqué de rigueur en ne vérifiant pas l’authenticité de ses sources et d’avoir, dès lors, écrit des inexactitudes relativement aux statistiques rapportées. Lorsque dans le complément à la plainte il revient sur cet article, il accuse le journaliste de faire preuve de désinformation et de « continuer de travailler pour l’augmentation de la violence mensongère envers les hommes, des suicides masculins, de la dénatalité… ». Pour prouver les erreurs en matière de chiffres, il ajoute à son argumentaire les commentaires de Jean-Pierre Gagnon de l’après-rupture.
Concernant le second article mis en cause, « Susciter de l’intérêt pour la politique active », le plaignant reproche au journaliste son incurie dans le traitement de l’information, et ses manquements en matière de vérifications de données statistiques rapportées, d’où des inexactitudes.
Relativement au troisième article, intitulé « Parce que les mots aussi tuent », le plaignant relève une nouvelle fois un manquement en regard de la rigueur journalistique. Il accuse le journaliste de « colporter mensonges et haines ». Il reproche encore un manque de vérifications. Il ajoute que le mis-en-cause s’abreuve de paroles partiales « laissant croire que seules les femmes sont victimes ».
Ensuite, le plaignant s’attaque à un quatrième article, titré « Un appel à la vigilance ». Il accuse le journaliste de ne pas dire la vérité au complet et de faire preuve cette fois aussi de manque de vérifications.
Puis, l’article, « Un défi régional », est aussi mis en cause par le plaignant qui déplore un manque de rigueur et d’objectivité. Il reproche une nouvelle fois de ne pas traiter le sujet au complet en disant « que de questions il ne pose pas ». Puis, le plaignant reproche encore un manque d’équilibre de l’information en accusant le mis-en-cause de n’être « qu’un simple « rapporteux » à la solde d’une propagande monolithique ».
Enfin, le plaignant évoque l’article « Offensive pour favoriser la relève » pour dénoncer un traitement partial du sujet.
Finalement, le plaignant souligne qu’il a envoyé plusieurs courriers de rectifications à l’hebdomadaire L’Avantage, et que ceux-ci n’ont jamais été publiés.
Commentaires du mis en cause
M. René Alary, rédacteur en chef, rejette l’affirmation du plaignant voulant que le journaliste Jean-François Bouchard « écrit mais n’importe quoi sans jamais vérifier l’authenticité de ses sources ». L’argumentation du mis-en-cause ne vise que deux articles, et les traitent séparément.
Tout d’abord, le mis-en-cause met en contexte la rédaction du premier article incriminé, « Une compagne contre la violence est lancée » et rappelle que l’angle choisi par le journaliste était le lancement de la campagne de sensibilisation de C-TA-C (Contres toutes agressions conjugales). « Il ne visait pas à établir qui des hommes ou des femmes sont plus violent(e)s dans un contexte conjugal. »
Au grief concernant la vérification des sources et l’inexactitude des chiffres, le mis-en-cause répond que les données statistiques ont été citées par le C-TA-C, qui est « un organisme communautaire crédible », et rapportées par le ministère de la Santé et des Services sociaux, « considéré également comme crédible ».
Dans un deuxième temps, le mis-en-cause traite du deuxième article incriminé, « Susciter de l’intérêt pour la politique active ». Après une mise en contexte de l’article, le mis-en-cause insiste sur le fait que les propos contestés par le plaignant sont des phrases rapportées et mises entre guillemets par le journaliste. « Il s’agit de l’interprétation de (Mme Asselin) ». Au mis-en-cause d’ajouter que le journaliste a nuancé ces remarques en citant les données statistiques de l’Institut de la statistique du Québec.
Enfin, le mis-en-cause écrit un paragraphe concernant la crédibilité du plaignant. Il rapporte pour cela un incident antérieur, datant de septembre 2007, selon lequel le plaignant leur avait fournit une fausse information. Ce serait la raison pour laquelle le journal L’Avantage aurait refusé de donner suite aux nombreux courriels du plaignant, ne le considérant pas comme « crédible sur le plan journalistique ».
Réplique du plaignant
La réplique du plaignant est alimentée de plusieurs documents non utiles au Conseil dans le traitement d’une plainte relativement au respect de la déontologie journalistique.
Tout d’abord, le plaignant réitère le manque de rigueur du mis-en-cause relativement aux données statistiques et met en avant les chiffres de l’Institut de la statistique du Québec ou de Statistiques Canada, plutôt que ceux du ministère de la Santé et des Services sociaux dont les données ont été retirées pour erreur. Dès lors le plaignant remet en cause les chiffres sur les femmes battues et sur la réalité salariale.
Analyse
Le plaignant, M. Jean-Marc Bessette, portait plainte contre le journaliste de l’hebdomadaire L’Avantage, Jean-François Bouchard. à partir de six articles du mis-en-cause, le plaignant déplorait un manque de rigueur journalistique et d’équilibre. Puis, il reprochait au rédacteur du journal, M. René Alary de ne pas avoir publié les rectificatifs envoyés par le plaignant.
En premier lieu, le plaignant reprochait au journaliste son manque de rigueur. Il pointait des inexactitudes relativement aux données statistiques. Selon lui, la cause de ces erreurs serait le manque de vérifications de l’authenticité des sources.
Le Conseil observe, après examen, que les sources utilisées par le mis-en-cause sont le ministère de la Santé et des Services sociaux, ou les conférenciers des différentes réunions dont le journaliste fait un compte rendu. Le Conseil remarque que le Ministère est une source crédible et que le mis-en-cause ne commet pas une faute déontologique en les publiant. Relativement aux chiffres rapportés par les conférenciers, le Conseil indique que le mis-en-cause les a mis entre guillemets et dans un des articles incriminés, il les nuance par des données d’un autre organisme de statistiques.
En matière de sources et de collecte de l’information, le guide de déontologie, Droits et responsabilités de presse stipule que cela relève de la discrétion des médias et journalistes mais que ceux-ci se doivent d’être critique à leur égard. Après examen, le Conseil rejette le grief pour manque de rigueur journalistique relatif à l’exactitude des informations.
Ensuite, le plaignant déplorait un manque d’équilibre dans le traitement des informations rapportées par le journaliste, qui mettent en avant la cause des femmes. Il accusait le mis-en-cause de s’abreuver de paroles partiales et de ne pas être objectif en laissant des questions en suspens et en ne disant pas « la vérité au complet ».
Après examen, le Conseil remarque que les articles sont tous des comptes rendus de conférences et qu’en aucun cas le journaliste n’aborde de lui-même les sujets en choisissant un discours plutôt qu’un autre.
Le guide de la déontologie soutient la liberté rédactionnelle des médias et journalistes dans le choix et le contenu des articles. Dans le cas de comptes rendus ou nouvelles, il indique que le journaliste se doit de rester factuel.
De plus, le guide de la déontologie précise que l’équilibre de l’information se vérifie sur le qualitatif et sur le long terme. Rien n’indique que le mis-en-cause ne couvrirait pas une conférence d’un organisme crédible qui voudrait défendre la cause des hommes, des hommes violentés. Le Conseil ne peut pas conclure à un déséquilibre tel que décrit par le guide déontologique. Le Conseil de presse rejette le grief concernant le manque d’équilibre de l’information.
Enfin, le plaignant reprochait au journal et à son rédacteur de ne pas avoir publié les rectificatifs qu’il leur a envoyés. Le Conseil observe que le mis-en-cause n’était pas tenu de le faire dans la mesure où ses informations étaient jugées exactes et issues de sources fiables.
Concernant les contributions du public, le guide de la déontologie journalistique estime que le média n’est pas obligé de les publier, bien qu’incité à favoriser la libre expression en démocratie. Après examen, le Conseil ne retient pas le grief pour manquement au regard de la publication des contributions du public.
Décision
Au vu de tout ce qui précède, le Conseil de presse rejette la plainte de M. Jean-Marc Bessette contre le journaliste Jean-François Bouchard et l’hebdomadaire L’Avantage.
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C12A Manque d’équilibre
- C12B Information incomplète
- C15A Manque de rigueur
- C15D Manque de vérification
- C19A Absence/refus de rectification