Plaignant
M. Yves Drapeau, cinéaste
Mis en cause
M. Nicolas Falcimaigne, président de la Coopérative de solidarité d’information des Basques; M. Serge Gagnon, directeur de la publication et le mensuel L’Horizon
Résumé de la plainte
Le cinéaste M. Yves Drapeau porte plainte contre le journal de la coopérative des Basques, L’Horizon, dirigé par M. Nicolas Falcimaigne, président et le directeur de la publication du mensuel, M. Serge Gagnon. Il leur reproche de ne pas avoir publié d’articles relatifs à son projet, alors qu’il avait invité des journalistes à une conférence de presse sur ce sujet. Selon le plaignant, ce choix rédactionnel s’expliquerait par un conflit d’intérêts dans lequel se serait placé le directeur de la publication du mensuel, M. Serge Gagnon.
Griefs du plaignant
Le plaignant, M. Yves Drapeau, reproche au mensuel L’Horizon de ne pas avoir traité de son projet de film qu’il a présenté lors d’une conférence de presse. Il accuse le directeur du journal d’avoir fait un choix rédactionnel biaisé par un conflit d’intérêts.
Le plaignant reproche au mensuel L’Horizon son « silence complice » au suivi de la conférence de presse qu’il a organisée en juillet dernier, relativement à son projet de film et le manque de soutien des élus locaux.
Le plaignant explique ce choix rédactionnel par un conflit d’intérêts mettant en cause le directeur de publication M. Serge Gagnon qui serait, en même temps, graphiste pour la Ville de Trois-Pistoles et du centre local de développement (CLD). Le plaignant demande la démission du directeur du journal.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de M. Nicolas Falcimaigne, président de la Coopérative de solidarité d’information des Basques :
Le président de la Coopérative, mise en cause dans ce dossier, avoue n’avoir pris connaissance du dossier de M. Drapeau que lorsqu’il s’est retrouvé devant le Conseil de presse. Pour autant, il prétend connaître le plaignant dans la mesure où celui-ci aurait déjà été publié dans la rubrique « Idées » du mensuel.
Le mis-en-cause justifie le fait de ne pas avoir choisi de publier d’articles sur la conférence de presse par le fait qu’ils ne peuvent pas tout traiter. La rédaction a choisi de privilégier l’information sur l’opinion, c’est-à-dire « une information exempte d’éléments litigieux ou erronés tels que ceux défendus par M. Drapeau lors de la conférence de presse en question ». Il précise aussi que l’équipe de rédaction choisit et priorise les sujets couverts en fonction de l’intérêt général des citoyens du territoire de distribution.
Relativement à l’accusation de conflit d’intérêts à l’égard du directeur de la publication, le président répond que la participation de ce dernier a été essentielle dans la création du journal, notamment en raison de son expertise. Il ajoute que le mis-en-cause est en poste pour un an afin d’assurer le démarrage du journal et que la direction forme actuellement une personne afin de lui succéder.
Le président récuse l’accusation d’apparence de conflit d’intérêts dans la mesure où le journal n’est en aucune manière soutenu par la Ville de Trois-Pistoles et rencontre même des difficultés dans ses relations avec elle. Il souligne que l’indépendance de la rédaction est un principe majeur pour l’entreprise de presse qu’il préside.
Réplique du plaignant
Le plaignant réfute plusieurs affirmations faites par le mis-en-cause.
Tout d’abord, il assure n’avoir eu aucun contact avec le président de la Coopérative si ce n’est que ce dernier aurait assisté à une réunion d’une organisation sans but lucratif (OSBL) du mis-en-cause.
Le plaignant n’aurait pas envoyé un texte d’opinion non signé.
Il affirme que, si le journal prétend réellement faire de l’information, il aurait au moins pu accorder un encart informatif sur le projet cinématographique du plaignant, dans la mesure où il traite du territoire couvert par le journal.
Le plaignant se plaint une nouvelle fois d’être victime d’une sorte de complot. Il rétorque au mis-en-cause qu’un journal ne peut passer outre les polémiques et controverses qui émergent sur son territoire.
Il réaffirme que ce « silence complice » dont fait preuve le mensuel est lié au conflit d’intérêts du directeur de la publication qui a « toujours une main plongée dans le « beurrier » du CLD et l’autre dans celui de la Ville de Trois-Pistoles ». Il renouvelle son appel à la démission de M. Serge Gagnon qui, selon lui, reste en situation de conflit d’intérêts.
Analyse
Le plaignant reprochait au mensuel L’Horizon de ne pas avoir traité de son projet cinématographique, dont il fut question dans une conférence de presse. Le plaignant contestait ce choix rédactionnel qui s’expliquerait par le conflit d’intérêts dans lequel se trouverait le directeur de la publication, puisqu’il occuperait également des fonctions de graphiste à la Ville de Trois-Pistoles. Or, cette municipalité était critiquée lors de la conférence de presse du plaignant.
Grief 1 : absence de couverture
15. Tout d’abord, le plaignant reprochait au journal de ne pas avoir traité de son projet cinématographique, présenté lors d’une conférence de presse couverte par une des journalistes du mensuel. Il invoque l’intérêt public de son projet et sa portée culturelle pour toute la région.
En matière de choix rédactionnel, le guide de déontologie du Conseil de presse stipule clairement qu’il relève de la liberté des salles de rédaction, d’autant que chaque édition fait nécessairement l’objet de choix : « Le choix des faits et des événements rapportés, de même que celui des questions d’intérêt public traitées, relèvent de la discrétion des directions des salles de nouvelles des organes de presse et des journalistes. » DERP, p. 14
Au vu de ce qui précède, le Conseil rejette le grief relatif à l’absence de couverture du mensuel.
Grief 2 : conflit d’intérêts
Ensuite, le plaignant reprochait au directeur de la publication d’être en conflit d’intérêts, ce qui expliquerait le choix rédactionnel le discriminant. Le directeur de la publication serait parallèlement graphiste pour la Ville de Trois-Pistoles, dont le plaignant critiquait le comportement lors de la conférence de presse.
En matière de conflit d’intérêts, le guide de déontologie des Droits et responsabilités de la presse exprime : « Les entreprises de presse et les journalistes doivent éviter les conflits d’intérêts. Ils doivent, au surplus, éviter toute situation qui risque de les faire paraître en conflit d’intérêts, ou donner l’impression qu’ils ont partie liée avec des intérêts particuliers ou quelque pouvoir politique, financier ou autre. » DERP, p. 24
Le Conseil estime que le mis-en-cause est en conflit d’intérêts en exerçant une fonction de responsable dans une entreprise de presse et de contractuel pour une municipalité. Le mensuel est régulièrement appelé à couvrir des sujets concernant la municipalité. Cette situation met en cause la crédibilité du journal. Le Conseil retient le grief pour conflit d’intérêts.
Décision
Au vu de tout ce qui précède, le Conseil de presse retient la plainte de M. Yves Drapeau, contre le mensuel L’Horizon et son directeur de la publication, M. Serge Gagnon pour conflit d’intérêts.
Analyse de la décision
- C03C Sélection des faits rapportés
- C22E Travail extérieur incompatible