Plaignant
M. H. Claude Frédette
Mis en cause
M. Raymond Giroux, chroniqueur; M. Pierre-Paul Noreau, directeur de l’éditorial et le quotidien Le Soleil
Résumé de la plainte
M. H. Claude Frédette porte plainte contre le journaliste Raymond Giroux, concernant une chronique parue le 3 octobre 2008 dans le quotidien Le Soleil. Il lui reproche l’utilisation des expressions « homme à abattre » et « elle vise la jugulaire ».
Griefs du plaignant
M. H. Claude Frédette reproche au chroniqueur Raymond Giroux d’avoir utilisé les termes « homme à abattre » et « elle vise la jugulaire » dans un texte publié le 3 octobre 2008, dans le quotidien Le Soleil.
Il souligne que le Conseil de presse aurait déjà sanctionné un journaliste, dans les années 80, qui aurait utilisé une expression semblable, voire identique.
Commentaires du mis en cause
M. Pierre-Paul Noreau questionne le Conseil de presse sur la recevabilité de cette plainte en demandant, « s’il n’y aurait pas lieu de resserrer un peu les exigences pour qu’une plainte soit jugée recevable? ».
M. Noreau souligne qu’il répondra tout de même à la plainte. Dans le cadre de la chronique de M. Giroux, il se demande ce qu’il y a de litigieux dans l’utilisation des expressions « homme à abattre » et « elle vise la jugulaire ». Il conclut que ce texte ne comprend aucune incitation à la violence.
Le mis-en-cause explique qu’en cette période post-campagne électorale, dans la foulée de commentaires émis par différents journalistes, chroniqueurs, au lendemain du débat des chefs au Québec, ont utilisé des expressions musclées pour décrire la joute politique en cours, tels que « lui passer le K.O. », « lancer des bombes aux visages », « sortir les griffes », « servir une pluie d’attaques », « attendre avec une brique et un fanal », « tomber sous les coups des adversaires », etc.
Selon M. Noreau, les lecteurs et auditeurs ont compris la métaphore qui veut qu’une course à la direction d’un parti politique ou un débat entre politiciens équivaut à un combat dans l’arène où l’objectif est « d’éliminer son ou ses adversaires, ou à tout le moins les affaiblir en les frappant là où ils sont vulnérables ». Il ajoute que le plaignant a été le seul lecteur du Soleil à ne pas comprendre, à ne pas accepter l’image ou à trouver à redire.
Il conclut en soulignant qu’il fallait comprendre que le chroniqueur, dans le contexte électoral, n’évoluait pas dans le registre de l’encouragement direct à la violence, mais bel et bien dans celui de la métaphore caustique descriptive.
Réplique du plaignant
M. Frédette laisse le soin au Conseil de presse de faire sa propre appréciation de la question.
Analyse
M. H. Claude Frédette porte plainte contre le journaliste Raymond Giroux, concernant une chronique parue le 3 octobre 2008 dans le quotidien Le Soleil. Il lui reproche l’utilisation des expressions « homme à abattre » et « elle vise la jugulaire ».
Grief 1 : propos irresponsables
La fonction de chroniqueur donne une grande latitude dans le traitement d’un sujet d’information. Elle permet aux journalistes qui la pratiquent d’adopter un ton polémiste pour prendre parti et exprimer leurs critiques, dans le style qui leur est propre, même par le biais de l’humour et de la satire.
Toutefois, le chroniqueur doit éviter, tant par le ton que par le vocabulaire qu’il emploie, de donner aux événements une signification qu’ils n’ont pas ou de laisser planer des malentendus qui risquent de discréditer les personnes ou les groupes.
Afin de bien comprendre l’utilisation des expressions contestées, « homme à abattre » et « elle vise la jugulaire », le Conseil de presse s’est penché sur la chronique en entier. à la lumière de cette lecture, il faut retenir que la chronique relatait le débat des chefs qui avait été télédiffusé à la veille de la publication de l’article.
Dans son ensemble, le chroniqueur rapportait les forces et les faiblesses des intervenants et truffait son texte d’expressions telles que : « par la peau des dents », « ne s’est pas laissé manger la laine sur le dos », « les assauts de ses quatre rivaux », etc. Il relatait la joute qui s’est jouée entre les participants. L’utilisation d’expressions apparaît de façon récurrente dans la chronique et se justifie par la forme journalistique adoptée par le journaliste. Le Conseil ne considère pas ces expressions comme excessives et n’y a pas vu de manquement à la déontologie. Le grief est rejeté.
Décision
En regard de ce qui précède, le Conseil de presse rejette la plainte de M. H. Claude Frédette à l’encontre du journaliste M. Raymond Giroux et du quotidien Le Soleil.
Analyse de la décision
- C15I Propos irresponsable