Plaignant
M. Jean-Marc Fortier
Mis en cause
M. Louis Poulin, animateur et journaliste; M. Patrice Moore, animateur et journaliste; M. Maurice Marcotte, directeur des opérations; l’émission « Prends ça cool » et la station de radio COOL-FM 103,5
Résumé de la plainte
M. Jean-Marc Fortier porte plainte contre M. Louis Poulin, animateur, pour avoir « sacré » en ondes, lors de l’émission « Prends ça cool », du 1er mai 2009. Le plaignant soulève également la responsabilité de MM. Patrice Moore et Maurice Marcotte, le premier en tant que responsable de l’émission et le second en tant que directeur général de la station.
Griefs du plaignant
M. Fortier se plaint de ce que M. Louis Poulin, coanimateur de l’émission diffusée le matin sur COOL FM – 103,5, a fait usage d’un registre de langage inapproprié en tenant les propos suivants : « Je vais le dire là parce que je le pense : ç’a pas de chrisse de bon sens. »
De l’avis du plaignant, M. Patrice Moore, animateur et responsable de l’émission, ne s’est pas excusé pour le manquement à la déontologie commis par son coanimateur. De plus, en tant que directeur des opérations, M. Maurice Marcotte avait, selon lui, la responsabilité de faire respecter les normes éthiques et déontologiques en vigueur.
M. Fortier conclut en demandant que des excuses soient formulées publiquement sur les ondes de la radio.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de M. Maurice Marcotte, directeur des opérations :
Le mis-en-cause explique que la station de radio qu’il dirige fait fréquemment l’objet de plaintes en provenance de M. Fortier qui les adresse également au Conseil canadien des normes de radiotélévision (CCNR).
M. Marcotte mentionne qu’il considère que cette plainte est futile, frivole et non fondée. Il invite le Conseil de presse à prendre connaissance des décisions du CCNR, afin qu’il puisse se rendre compte que les responsabilités journalistiques qui sont celles de COOL-FM 103,5 sont exercées avec sérieux et rigueur et qu’aucun motif allégué par le plaignant n’a déjà été retenu comme faute professionnelle.
Il conclut en mentionnant qu’il considère ne pas avoir à transmettre les copies de l’enregistrement de l’émission en question, en plus de rejeter l’idée de faire des excuses en ondes.
Réplique du plaignant
M. Fortier explique qu’il formule des plaintes à l’endroit de cette station de radio dans l’intérêt des auditeurs et ce, afin d’améliorer la qualité des interventions des animateurs.
Le plaignant rappelle que, dans un précédent dossier porté à l’attention du Conseil, ce dernier a établi que « pour l’ensemble de ces raisons et au motif de propos, attitude et ton irrespectueux à l’endroit du plaignant, le Conseil de presse retient la plainte contre les animateurs et journalistes […] et la station radiophonique 103,5 COOL-FM, CHRB-FM, Radio-Beauce Inc. » (D2008-06-088).
Le plaignant ajoute que le refus de la station de fournir les enregistrements de l’émission est une preuve de son désir de ne pas collaborer ainsi que de sa mauvaise foi.
M. Fortier mentionne que, dans une lettre datant de février 2009, M. Marcotte l’aurait informé du fait que les critères de communication avaient été resserrés. à son avis, il y aurait eu certaines améliorations, mais toutefois pas de changement majeur dans la qualité des propos émis en ondes.
INFORMATIONS COMPLéMENTAIRES
Dans le cadre de ses recherches, le Conseil de presse a recueilli la décision rendue par le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) et qui portait notamment sur le même grief que celui qui lui a été soumis par M. Fortier. Contrairement à la plainte soumise au Conseil, la demande soumise au CCNR comportait plusieurs autres termes jugés grossiers.
La décision du CCNR concernant l’expression « ç’a pas de chrisse de bon sens » est à l’effet que la diffusion du mot « chrisse » durant l’émission « Prends ça cool » du 1er mai 2009 a enfreint l’alinéa 9c) du Code déontologique de l’Association canadienne des radiodiffuseurs qui recommande à ces derniers de veiller à ce que leurs émissions ne comprennent pas de langage grossier et injurieux.
Analyse
M. Jean-Marc Fortier porte plainte contre MM. Louis Poulin et Patrice Moore, animateurs de l’émission « Prends ça cool », diffusée à la station COOL-FM 103,5 ainsi qu’à l’encontre de M. Maurice Marcotte, directeur général de la station.
Grief 1 : propos grossiers
Le plaignant déplore que M. Poulin ait prononcé on ondes les propos suivants : « Je vais le dire là parce que je le pense : ç’a pas de chrisse de bon sens. » Il considère que le vocabulaire utilisé par l’animateur n’avait pas sa place en ondes. Après quelques recherches, le Conseil a constaté que les propos, prononcés par M. Poulin, s’inscrivaient dans le cadre d’une discussion qu’il tenait avec M. Moore sur les garanties de prêt aux banques.
Le guide de déontologie du Conseil mentionne que les animateurs de tribunes téléphoniques et, par extension, les animateurs de radio, ne doivent pas tenir des propos grossiers. (DERP, p. 29). Par contre, le guide de déontologie n’offre pas de définition précise de « propos grossiers », cette notion dépendant en fait de ce qui est jugé acceptable ou inacceptable par une société, à une époque donnée. En elle même, l’expression « ça pas de chrisse de bon sens » ne témoigne, certes pas, d’un niveau de langage élevé, mais le Conseil estime qu’on ne saurait parler ici de « grossièreté » flagrante.
Par ailleurs, le guide mentionne que les animateurs sont tenus d’éviter, par le langage dont ils font usage, de porter atteinte à la dignité des personnes. La même expression, attribuée à une personne (« Elle n’a pas de chrisse de bon sens »), aurait pu être jugée offensante. Mais le Conseil constate que, dans le cas qui nous est soumis, les propos tenus, par M. Poulin, ne visaient pas une personne ou un groupe de personnes.
Considérant ce principe, le Conseil conclut que, prise isolément, l’expression « ç’a pas de chrisse de bon sens » ne constitue pas une faute d’ordre déontologique.
Préoccupé par le niveau général de langue en vigueur dans les « radios d’opinions », le Conseil invite toutefois les animateurs de ces radios à faire usage de plus de discernement et à rehausser le niveau de leur langage.
Décision
Au terme de cette réflexion, le Conseil de presse rejette la plainte de M. Jean-Marc Fortier, portant sur l’emploi de langage grossier en ondes, contre MM. Louis Poulin et Patrice Moore ainsi qu’à l’encontre de la station COOL-FM 103,5.
Soulignant toutefois, que la direction de la station COOL-FM 103,5 a refusé de collaborer avec le Conseil en ne lui fournissant pas l’enregistrement de l’émission, le Conseil prononce un blâme à son endroit.
Analyse de la décision
- C15I Propos irresponsable