Plaignant
Comité de Vigilance de Beloeil et M. Gilles Corno, président
Mis en cause
M. Guy Gilbert Sr., éditeur et l’hebdomadaire L’Oeil Régional
Résumé de la plainte
Dans un éditorial publié le 7 novembre 2009, l’hebdomadaire L’Oeil Régional aurait qualifié le Comité de Vigilance de Beloeil de « comité bidon ». Pour le président de ce comité, il s’agirait d’une information à la fois fausse et malicieuse.
Griefs du plaignant
Au nom du Comité de Vigilance de Beloeil, le président M. Gilles Corno porte plainte contre l’hebdomadaire L’Oeil Régional. Dans un éditorial publié le 7 novembre 2009, l’éditeur aurait qualifié le Comité de Vigilance de Beloeil de « comité bidon ». Pour son président, il s’agirait d’une information à la fois fausse et malicieuse.
Selon M. Corno, le Comité de Vigilance de Beloeil existe depuis plus de 10 ans. Il est immatriculé au ministère des Institutions financières, il exige une contribution annuelle de 30 $ et remet même une carte de membre. L’organisme tient également des réunions mensuelles avec ordre du jour et procès verbal.
Le président ajoute que toutes ces informations étaient connues ou, à tout le moins, facilement disponibles, puisque le journal possède les coordonnées des membres de l’exécutif. Ainsi, qualifier ce comité de « bidon » relèverait de la mauvaise foi, selon M. Corno.
à la demande du Comité, le lundi 16 novembre 2009, le plaignant, accompagné du vice-président de l’organisme, aurait rencontré l’éditeur du journal. Ce dernier aurait alors admis que le Comité n’était pas « bidon », mais aurait refusé de se rétracter. Il aurait toutefois accepté de publier une mise au point qui lui serait envoyée et dont une copie est annexée à sa plainte. Elle n’aurait finalement pas été publiée par le journal.
Commentaires du mis en cause
Commentaires de M. Guy Gilbert Sr., éditeur :
M. Gilbert conteste l’affirmation de M. Corno voulant que les détails sur le fonctionnement du Comité de Vigilance de Beloeil fussent connus et disponibles pour le journal. En réalité, selon l’éditeur, aucune information n’est disponible à son sujet. Par exemple, le Comité n’aurait jamais été présenté publiquement, la liste de ses membres serait inconnue et aucune information ne serait disponible à son sujet sur Internet. D’ailleurs, lors de la rencontre, les deux principaux porte-parole de l’organisme n’auraient pas eu en leur possession leur carte de membre.
En ce qui a trait à l’information, à l’effet qu’il aurait admis lors de la rencontre que le Comité n’était pas bidon, M. Gilbert affirme que cette réponse est tout à fait fausse. Il lui aurait plutôt répondu qu’avec l’information qu’il a reçue, il semblerait que le Comité de Vigilance était bel et bien un comité légal, mais qu’il manquait toujours à son devoir de « vigilance ». L’éditeur aurait d’ailleurs donné, à cette occasion, un exemple de ce qu’il avançait. Ayant reçu pour réponse que le Comité de Vigilance ne voulait pas s’immiscer dans la campagne électorale, il en conclut que ce silence prouve plutôt que le Comité de Vigilance voulait appuyer un de ses membres dans la campagne électorale et ne pas lui nuire.
En ce qui concerne la mise au point, le journal ne l’aurait pas publiée puisque ce n’est pas une lettre d’opinion en réaction à son éditorial, mais plutôt une annonce de recrutement pour le Comité de Vigilance de Beloeil.
Réplique du plaignant
M. Corno reprend point par point les commentaires de l’éditeur. Au sujet de la connaissance du Comité de Vigilance de Beloeil, il affirme que son groupe intervient, depuis plus de dix ans, aux réunions du conseil municipal et qu’au cours de la dernière année, sept membres sont intervenus en se présentant comme membres du Comité. De plus, les vice-président et secrétaire du groupe auraient été interviewés à la télévision communautaire TRV9, et l’entrevue a été diffusée 4 fois après le 9 mai 2009. En outre, L’Oeil Régional aurait lui même publié, à l’automne 2008, les noms des membres de l’exécutif du Comité.
En ce qui a trait aux cartes de membres, il explique que ce n’est pas parce qu’on ne les porte pas sur soi que le Comité devient bidon. D’autre part, au sujet de la campagne électorale, le plaignant estime que même si le Comité de Vigilance avait déjà décidé, par résolution, de ne pas y participer, cette décision n’avait aucune conséquence sur la nature du Comité.
Pour ce qui est du refus de publication, si l’éditeur a vu en ce texte une annonce de recrutement, il serait bien le seul, selon le plaignant. Et « si une partie du texte faisait problème, on aurait pu facilement s’entendre pour la faire sauter », ajoute-t-il.
Le plaignant conclut en précisant qu’il ne s’agissait pas d’un éditorial avec lequel le Comité n’était pas d’accord, mais de diffamation en toute connaissance de cause. Le Comité de Vigilance de Beloeil ne serait pas un comité bidon et de l’avoir écrit dans un éditorial serait injustifié et malveillant.
Analyse
Selon le plaignant, dans un éditorial publié le 7 novembre 2009 dans l’hebdomadaire L’Oeil Régional, M. Guy Gilbert aurait qualifié le Comité de Vigilance de Beloeil de « comité bidon ». Pour son président, il s’agirait d’une information à la fois fausse et malicieuse qu’il considère comme de la diffamation.
Le Conseil de presse rappelle que la diffamation, le libelle et l’atteinte à la réputation ne sont pas considérés comme du ressort de la déontologie journalistique, mais qu’ils relèvent plutôt de la sphère juridique. Comme le Conseil ne rend pas de décisions en la matière, le grief pour propos diffamatoires n’a pas été traité.
Grief 1 : information inexacte
Le plaignant reproche à l’éditeur de L’Oeil Régional d’avoir qualifié le Comité de Vigilance de Beloeil de « comité bidon ». Il s’agirait d’une information à la fois fausse et malicieuse. Il explique que le Comité existe depuis 10 ans et donne une série d’exemples pour démontrer ses activités, y compris certaines mentions dans l’hebdomadaire au cours de ces années.
Au sujet de la latitude reconnue au journalisme d’opinion, auquel appartient l’éditorial, le guide Droits et responsabilités de la presse (DERP) du Conseil indique : « Le journalisme d’opinion accorde aux professionnels de l’information une grande latitude dans l’expression de leurs points de vue, commentaires, opinions, prises de position, critiques, ainsi que dans le choix du ton et du style qu’ils adoptent pour ce faire. » DERP, p. 17
Selon le Conseil, le sens que l’éditorialiste prête au qualificatif « bidon » est précisé dans cet extrait : « Depuis les quatre dernières années, les séances publiques ont été paralysées par les mêmes petites gangs d’opposants qui scandent les mêmes slogans encore et encore. Les comités bidon (Comité de transparence et Comité de vigilance) assistent systématiquement aux séances publiques dans le but de perturber le conseil municipal. Des gens qui disent représenter la population et qui démontrent, par leurs gestes, qu’ils sont contre toute forme de progrès. »
En utilisant le qualificatif « bidon », l’éditorialiste lui donne le sens de : (a) « qui n’est pas sérieux, qui ne joue pas le rôle qu’il prétend jouer (par exemple, dénoncer des informations fausses qui circulent durant la campagne électorale) » et (b) « qui est factice et dont la substance est peu réelle (pas de liste de membres, mode de fonctionnement inconnu, etc.) ».
Le Conseil estime qu’en qualifiant un comité de « bidon », l’éditorialiste exprime un jugement de valeur, une opinion. Or, selon le Conseil, s’il expose les éléments sur lesquels il fonde son appréciation, tout journaliste d’opinion peut exposer son idée sur une réalité qu’il commente, sans outrepasser pour autant les limites de la déontologie journalistique. Le grief pour information inexacte n’est donc pas retenu.
Grief 2 : absence de rectification
Selon le plaignant, à la suite de sa rencontre avec l’éditeur de l’hebdomadaire, celui ci aurait accepté de publier une mise au point, au sujet des inexactitudes dénoncées au grief précédent, mais il ne l’a jamais fait.
Puisque l’analyse du Conseil a conclu qu’il n’y avait aucun manquement à la déontologie journalistique au grief précédent, l’hebdomadaire n’était pas tenu de publier la mise au point demandée par le plaignant. Le grief pour absence de rectification est rejeté.
Toutefois, vu sous l’angle de l’éthique journalistique qui vise la recherche des plus hauts standards en pratique journalistique, le Conseil estime que l’éditeur mis en cause aurait élevé la qualité de son travail professionnel en favorisant la réplique du plaignant. Les lecteurs auraient pu profiter ainsi d’une plus grande diversité d’opinions.
Décision
Au vu de tout ce qui précède et sous réserve de la dernière remarque à caractère éthique, le Conseil de presse rejette la plainte du Comité de Vigilance de Beloeil contre l’hebdomadaire L’Oeil Régional et son éditeur, M. Guy Gilbert Sr.
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C19A Absence/refus de rectification