Plaignant
M. Denis Dion
Mis en cause
M. Patrick Lagacé, journaliste; M. Mario Girard, directeur de l’information et le quotidien La Presse
Résumé de la plainte
Le plaignant déplore que le journaliste, M. Patrick Lagacé, ait comparé le cardinal Marc Ouellet à l’imam Kazem Sadaghi, dans un article de La Presse publié le 17 mai 2010 et intitulé « Le mépris de Kazem Ouellet ». M. Dion se dit particulièrement outré par une phrase qui constitue, selon lui, un propos haineux portant à la dignité de Mgr Ouellet.
Analyse
Grief 1 : propos injurieux, atteinte à la dignité
Le plaignant, M. Dion, s’en prend particulièrement à une phrase de l’article de Patrick Lagacé où il traite de l’euthanasie, qui dit ceci : « Le cardinal Ouellet va mourir, un jour. J’espère qu’il mourra d’une longue et pénible maladie. » M. Dion estime que ce souhait de l’auteur est méprisant pour Mgr Ouellet et porte atteinte la dignité de ce dernier.
Le directeur de l’information de La Presse, Mario Girard répond que M. Lagacé est bien connu pour ses positions. Il voulait réagir de manière saisissante aux idées du cardinal et il était en droit d’utiliser un style percutant pour illustrer son opinion.
La déontologie du conseil précise que le journalisme d’opinion permet aux journalistes « d’adopter un ton polémiste pour prendre parti et exprimer leurs critiques dans le style qui leur est propre […] ». (DERP, p. 18)
Le Conseil remarque que la phrase contestée : « Le cardinal Ouellet va mourir un jour. J’espère qu’il mourra d’une longue et pénible maladie. », est suivie de celle-ci : « J’espère qu’il pourra comprendre pourquoi certaines personnes quand elles n’ont plus que la peau sur les os, quand elles vomissent leurs excréments, aimeraient pouvoir en finir légalement. » Dans un tel contexte, le lecteur moyen aura compris que l’auteur ne souhaitait pas vraiment la mort du cardinal Ouellet, mais aurait aimé qu’il comprenne mieux le désir ardent de certaines personnes de vouloir mettre fin à leurs souffrances atroces. Le Conseil considère que, dans le cadre d’une chronique qui aborde certaines idées très contestées de Mgr Ouellet, M. Lagacé était en droit d’exprimer une critique caustique et n’a pas commis de faute professionnelle bien qu’il soit allé à l’extrémité de ce que permet la liberté d’expression. Le Conseil ne retient donc pas le grief pour propos injurieux et atteinte à la dignité.
Toutefois, le Conseil tient à formuler une remarque éthique au journaliste qui aurait dû néanmoins utiliser plus de tact et de délicatesse en évitant d’écrire qu’il « espère » la mort du cardinal à la suite d’une longue et pénible maladie. Il aurait pu adresser le même message en utilisant une tournure de phrase moins virulente.
DÉCISION
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse rejette la plainte de M. Denis Dion contre le journaliste Patrick Lagacé et le quotidien La Presse.
Analyse de la décision
- C17C Injure
- C17G Atteinte à l’image