Plaignant
Commission scolaire des Samares et Mme Marie-élène Laperrière, secrétaire générale
Mis en cause
M. Mathieu Ferland, journaliste; M. Jacques Plante, éditeur et l’hebdomadaire Le Journal de Joliette
Résumé de la plainte
La Commission scolaire des Samarres porte plainte contre le journaliste M. Mathieu Ferland, du Journal de Joliette, relativement à l’article paru le 21 octobre 2010, intitulé : « Oubliée par le service de garde, une fillette rentre seule à la maison ». La secrétaire générale de la Commission scolaire, Mme Marie-élène Laperrière, estime que le journaliste a fait preuve de manquement en regard de l’exactitude et la rigueur de l’information et s’est placé en situation de conflit d’intérêts.
Analyse
Grief 1 : inexactitude de l’information
La plaignante, Mme Laperrière, précise qu’il est faux de dire, comme l’écrit M. Ferland, que la Commission scolaire et l’école n’ont pas présenté leurs excuses à la mère de l’enfant, Mme Myriam Grenier (dont la fillette a été oubliée par le service de garde et reconduite à la maison où elle a passé deux heures à attendre ses parents dans la cour arrière). Mme Laperrière a dit au Conseil qu’elle et la direction de l’école Lorenzo-Gauthier ont parlé à deux reprises à Mme Grenier à la suite de l’incident et avant la publication de l’article dans le Journal de Joliette.
Le Conseil n’a pu s’entretenir avec le journaliste M. Mathieu Ferland dont l’employeur, Le Journal de Joliette, fait partie du groupe Quebecor Media et donc n’est pas membre du Conseil de presse. Par contre, le Conseil a rejoint les parents de l’enfant qui, selon l’article, affirment n’avoir reçu aucune excuse de la part des gens du service de garde directement impliqué dans l’affaire. Cependant, Mme Grenier, la mère, nous a confirmé que la direction de l’école où se trouve la garderie ainsi que la Commission scolaire ont toute deux communiqués avec elle peu de temps après l’incident. Une lettre d’excuses formelle a été émise après la parution de l’article de M. Ferland.
La secrétaire générale de la Commission scolaire des Samarres, Mme Marie-élène Laperrière, confirme que le journaliste a communiqué avec elle avant d’écrire son article pour entendre sa version des faits. Elle confirme aussi lui avoir mentionné qu’elle avait parlé à Mme Grenier, la mère de l’enfant peu de temps après l’incident. Dans son article, M. Ferland rapporte les paroles de cette dernière qui dit : « J’aurais aimé recevoir des excuses, une lettre n’importe quoi, mais l’établissement et la Commission scolaire n’ont rien fait à notre égard. » Même s’il comprenait que Mme Grenier parlait des gens du service de garde spécifiquement, le journaliste aurait dû apporter des nuances et préciser que, malgré tout, les autorités scolaires avaient communiqué avec Mme Grenier pour s’enquérir de la situation. Son article laisse croire qu’aucune démarche n’a été entreprise ni de la part de l’école ni de la part de la Commission scolaire immédiatement après l’incident, ce qui est faux. Le grief pour information inexacte est retenu sur ce point.
La plaignante reproche, par ailleurs, au journaliste d’avoir laissé sous-entendre que la faute (d’avoir retourné l’enfant chez elle) incombait à la responsable du service de garde, ce qui est inexact, de même qu’il est faux de dire que l’enfant avait été oubliée par la coordonnatrice. La secrétaire générale de la Commission scolaire des Samarres, Mme Marie-élène Laperrière, insiste pour dire que c’est plutôt le « système d’inscription » des enfants à la garderie qui est à blâmer et qu’on ne doit pas pointer du doigt des individus. Elle reconnaît cependant que l’imputabilité revient à toute la direction de l’école et de la Commission scolaire.
Dans son article, le journaliste Mathieu Ferland écrit : « […] leur fille de 5 ans a été retournée chez elle par le service de garde ». Il n’a pas fait mention de la responsable du service de garde, comme le prétend la plaignante. Par ailleurs, l’auteur ajoute : « elle (la fillette) a été oubliée par la coordonnatrice ». Quand on demande à la secrétaire générale qui, des gens du service de garde, est responsable de l’oubli, elle répond qu’elle ne veut pointer personne du doigt puisque c’est le « système qui a fait défaut ». La plaignante n’a pas fait la démonstration que l’information était fausse. Quant à Mme Grenier, la mère de l’enfant, elle est sous l’impression que la responsable du service de garde et la coordonnatrice sont en fait la même personne.
Le Conseil estime que M. Ferland a agi en journaliste responsable et a conclu que la version de la mère, Mme Grenier, était exacte. Ce deuxième élément du grief pour inexactitude est rejeté.
Grief 2 : conflit d’intérêts
La plaignante reproche à M. Mathieu Ferland, d’avoir usé de son statut de journaliste afin de servir les intérêts personnels d’une connaissance, puisque le journaliste et la mère de la fillette sont des amis. Mme Laperrière dénonce en plus le fait que M. Ferland ait écrit un commentaire sur la page Facebook de Mme Grenier, signalant un autre incident similaire survenu dans un autre établissement.
Le Conseil estime que le fait de connaître personnellement la mère de la fillette qui fait l’objet de l’article ne constitue pas un frein à la couverture de l’événement. Joliette est un plus petit milieu qu’une grande ville et il est fréquent que les gens se connaissent. De plus, oublier un enfant au service de garde et la retourner seule chez elle est un sujet d’intérêt public et le journaliste était tout à fait justifié d’en traiter dans son journal. Rien dans cette histoire ne laisse soupçonner que le journaliste ou la famille de la petite Laurence a eu des intérêts personnels dans la publication du reportage.
De la même façon, Facebook est du domaine public et il est naturel que des « amis » Facebook échangent sur un sujet. M. Ferland a simplement fait part à Mme Grenier de son intention de poursuivre le dossier étant donné qu’un autre cas similaire semblait exister. Le grief pour conflit d’intérêts est donc rejeté.
Refus de collaborer
Le Journal de Joliette n’a pas souhaité répondre à la plainte de la Commission scolaire des Samarres en raison de son retrait du Conseil de presse depuis juin 2010.
Le Conseil reproche au Journal de Joliette son manque de collaboration pour avoir refusé de répondre, devant le Tribunal d’honneur, de la plainte le concernant.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse retient partiellement la plainte de la Commission scolaire des Samarres contre le journaliste Mathieu Ferland et Le Journal de Joliette pour information inexacte. Le grief pour conflit d’intérêts est rejeté.
Par ailleurs, pour son manque de collaboration, le Conseil de presse blâme Le Journal de Joliette.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C15A Manque de rigueur
- C22F Liens personnels
- C24A Manque de collaboration