Plaignant
M. John Symon
Mis en cause
Mme Heather Baylis, rédactrice en chef et le mensuel The Informer
Résumé de la plainte
M. Symon porte plainte contre The Informer, une publication distribuée dans l’arrondissement de Montréal-Ouest, puisqu’il estime que certaines informations concernant un projet de l’arrondissement, à savoir la construction d’un obstacle pour bloquer la rue Broughton aux automobilistes, ont été mal rapportées. En effet, le plaignant avance que le texte fautif, publié dans l’édition d’octobre 2010, est inexact, puisqu’il rapporte les propos selon lui mensongers que le maire de l’arrondissement aurait tenus au conseil municipal. Il reproche en outre à la publication de refuser de publier un correctif ou une clarification, d’avoir systématiquement refusé de publier des opinions critiques à l’égard du projet en question, d’avoir fait preuve de déséquilibre dans sa couverture du projet et d’entretenir une certaine confusion quant à la nature de la publication, qu’il juge être davantage l’organe de presse de la mairie que le mensuel indépendant qu’il prétend être, notamment à cause du financement reçu de l’arrondissement. Il critique en outre l’utilisation du terme « viewspaper » inscrit dans la cartouche de titre, qu’il juge trop vague.
Mme Baylis, pour sa part, rétorque, en premier lieu, que le texte en question, qui ne visait qu’à reproduire le procès-verbal du conseil municipal, était en tout point conforme au document officiel. Elle avance, en second lieu, que The Informer n’a jamais abordé cette question au cours des deux dernières années, sinon par le biais d’une rubrique rapportant fidèlement les procès-verbaux du conseil municipal. Troisièmement, elle précise que le mensuel n’est que partiellement financé par Montréal-Ouest, que jamais l’administration de l’arrondissement ne s’est mêlée du contenu de la publication, et que le montant reçu est toujours divulgué dans les pages du mensuel. Finalement, elle estime que The Informer est davantage un bulletin d’information communautaire (newsletter) qu’un journal.
Analyse
De l’avis du Conseil, il est nécessaire de trancher d’abord sur la recevabilité même de la plainte, puisque, comme le souligne, lui-même, le plaignant, il n’est pas évident qu’il s’agisse effectivement d’un média d’information à vocation journalistique.
En scrutant quelques exemplaires récents du mensuel, le Conseil a pu constater que les textes qui sont publiés dans The Informer, à quelques exceptions près, ne laissent aucun doute quant à leur nature : ce ne sont pas des produits journalistiques, c’est-à-dire les fruits d’un acte journalistique. Tel que défini dans la Politique de recevabilité du Conseil de presse, l’acte journalistique est un « acte de recherche, de traitement et de diffusion d’informations, réalisé pour le compte, ou sous la responsabilité d’une entreprise de presse ». Or, à l’évidence, les textes publiés dans The Informer, dans la très grande majorité des cas, n’ont aucun traitement journalistique. On y retrouve plutôt, entre des textes non signés relatant des événements locaux ou invitant la population à participer à certaines activités, plusieurs contributions de citoyens (tels que des enseignants, des conseillers municipaux, des parents d’élèves, des responsables d’organismes communautaires, etc.), qui écrivent le plus souvent à la première personne du singulier ou du pluriel, sans pour autant tomber dans ce qui pourrait ressembler à du journalisme d’opinion. Ainsi, un lecteur peut difficilement se méprendre et croire qu’il se trouve devant un produit journalistique.
Par sa très grande ouverture aux contributions du public, par le style emprunté par ceux qui y contribuent et par la nature des textes qui paraissent dans The Informer, le Conseil estime donc que cette publication ne peut être considérée comme un média d’information journalistique, mais plutôt comme un babillard communautaire, et en conséquence, que la plainte ne peut être reçue.
Décision
COMMENTAIRES
Pour éviter toute possibilité de confusion, le Conseil est cependant d’avis qu’il serait opportun d’éviter l’emploi du terme viewspaper, que l’on retrouve dans la cartouche de titre, puisque ce terme, un néologisme que l’on ne retrouve dans aucun dictionnaire anglais, ne permet pas au public de juger du genre de publication qu’est The Informer.
En outre, le Conseil estime que les citoyens qui signent des textes devraient également se doter d’un titre ou d’une description de leur lien avec le thème abordé (par exemple : enseignant, responsable de l’organisme, parent d’un élève, etc.), de sorte que le lecteur comprenne explicitement que les textes ne sont pas le fruit de journalistes, mais bien de simples citoyens ou de représentants d’organismes locaux.
Au vu de ce qui précède, le Conseil ne peut donner suite à la plainte de M. Symon, jugée irrecevable.