Plaignant
M. Marcel Monette
Mis en cause
Mme Josianne Yelle, journaliste; M. Dave Parent, directeur de l’information et L’Écho de la Rive-Nord
Résumé de la plainte
M. Marcel Monette porte plainte contre la journaliste Mme Josiane Yelle de l’hebdomadaire L’Écho de la Rive-Nord pour avoir publié des informations inexactes, ne pas avoir vérifié la fiabilité d’une de ses sources et d’avoir porté atteinte à sa réputation, dans un article intitulé « Courbe de la 335 : les travaux sont-ils entrepris pour les bonnes raisons? », paru le 5 mai 2011. M. Monette demande une rectification de la part de la journaliste.
Commentaires du mis en cause
L’Écho de la Rive-Nord, rattaché au groupe Quebecor, n’a pas souhaité répondre à la plainte.
Analyse
Grief 1 : information inexacte
Le plaignant conteste le nombre d’accidents mortels survenus dans la courbe de la route 335. M. Monette compte au moins 8 personnes décédées lors d’accidents dans la fameuse courbe, dont plusieurs sont documentés par des photos qu’il a prises. Dans un cas, quatre personnes sont décédées dans le même accident. Le Journal de Montréal a d’ailleurs répertorié 7 de ces décès et publié les photos de certains des accidents dans un article, le 14 juillet 2009. M. Monette a aussi fait parvenir au Conseil une lettre datée du 11 août 1976, signée par le ministre des Transports de l’époque, M. Denis Hardy, qui soulignait déjà les dangers de cette courbe « où se sont produits de graves accidents et des pertes de vie ».
Le Conseil note que dans son article, la journaliste cite une porte-parole du ministère des Transports du Québec, Mme Sarah Couillard, qui affirme que « dans les trente dernières années, il y a eu deux accidents mortels ». L’article cite aussi M. Pierre Limoge, ancien propriétaire du journal Le Bruchésien de Sainte-Anne-des-Plaines qui dit : « Ça fait 43 ans que j’habite à Sainte-Anne-des-Plaines et je pense qu’il y a eu juste un ou deux accidents mortels ». Le Conseil a pu s’entretenir avec Mme Couillard, du ministère des Transports qui a précisé que les archives du ministère, pour les années 70 à 80, sont très incomplètes et qu’il se peut qu’il y ait eu plus que deux accidents. Selon les dires de M. Monette et aussi selon les articles du Journal de Montréal qui, au fil des ans, a traité à plusieurs reprises des accidents de la fameuse courte de la 335, photos à l’appui, le Conseil constate que depuis 30 ans, il y a eu effectivement 2 accidents mortels, comme l’affirme la représentante du ministère des Transports. Cependant entre 1973 et 1989, il y aurait eu cinq autres décès, dont quatre dans un seul accident, en 1976. Ainsi, en plus de quarante ans, on peut compter sept accidents. Le Conseil est d’avis que la journaliste, Mme Yelle, n’a pas effectué les recherches nécessaires et cherché à établir avec exactitude le nombre d’accidents et de décès survenus dans la courbe de la route 335, et ce même si M. Monette avait mis à sa disposition toutes les informations qu’il avait amassées au fil des ans.
Le Conseil rappelle que selon le guide de déontologie : « Les organes de presse et les journalistes ont le devoir de livrer au public une information complète, rigoureuse et conforme aux faits et aux événements […]. La rigueur intellectuelle et professionnelle dont doivent faire preuve les médias et les journalistes […] est synonyme d’exactitude, de précision, d’intégrité, de respect des personnes et des groupes, des faits et des événements. » (DERP, p. 21). Le grief pour information inexacte est retenu.
Grief 2 : titre et sous-titre sensationnalistes
Le plaignant déplore que la journaliste, Mme Yelle, se base sur une seule source, soit, M. Pierre Limoges ex-propriétaire du journal Le Bruchésien, pour laisser sous-entendre que la correction de la courbe de la route 335 n’est qu’une affaire politique visant à permettre à M. Monette de faire un coup d’argent à l’occasion de son expropriation. Le titre de l’article : « Courbe de la 335 : les travaux sont-ils entrepris pour les bonnes raisons? » de même que le sous-titre : « Un coup d’argent » constituent, selon le plaignant, des insinuations non fondées.
Selon le guide de déontologie du Conseil, il est mentionné que « Les manchettes et les titres doivent respecter le sens, l’esprit et le contenu des textes auxquels ils renvoient. Les responsables doivent éviter le sensationnalisme et veiller à ce que les manchettes et les titres ne servent pas de véhicules aux préjugés et aux partis pris. » (DERP, p. 30).
Le Conseil juge que le titre et le sous-titre affirment que M. Monette a fait un coup d’argent lors de son expropriation sans que l’article en fasse la démonstration. En effet, le Conseil n’a pu retracer, dans l’article de Mme Yelle, l’origine précise de ses allégations, ni la preuve du conflit d’intérêts dans lequel serait placé M. Monette, introduisant ainsi une interprétation abusive des faits. Le Conseil retient donc le grief pour titre et sous-titre sensationnalistes.
Grief 3 : refus de rectification
Monsieur Monette demande une « rectification rigoureuse dans le journal L’Écho de la Rive-Nord avec la même ampleur et des caractères gras imprimés ».
Le Conseil croit que, compte tenu des informations inexactes véhiculées, le journal se devait de publier une rectification des faits dans une édition ultérieure. Le grief pour refus de rectification est retenu.
Grief 4 : atteinte à la réputation
Le plaignant reproche à la journaliste d’avoir atteint à sa réputation.
Le Conseil rappelle que l’atteinte à la réputation, la diffamation et le libelle ne sont pas considérés comme du ressort de la déontologie journalistique, mais qu’ils relèvent plutôt de la sphère judiciaire. Comme le Conseil de presse ne rend pas de décision en la matière, le grief pour atteinte à la réputation n’a pas été traité.
Refus de collaborer
L’Écho de la Rive-Nord, rattaché au groupe Quebecor, n’a pas souhaité répondre à la plainte.
Le Conseil reproche à L’Écho de la Rive-Nord son manque de collaboration pour avoir refusé de répondre, devant le Tribunal d’honneur, de la plainte les concernant.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse retient la plainte de M. Marcel Monette contre la journaliste Mme Josiane Yelle et l’hebdomadaire L’Écho de la Rive-Nord pour information inexacte, titre et sous-titre sensationnalistes et refus de rectification.
Pour son manque de collaboration, en refusant de répondre à la présente plainte, le Conseil de presse blâme L’Écho de la Rive-Nord.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C17A Diffamation
- C19A Absence/refus de rectification
- C24A Manque de collaboration