Plaignant
M. Dominic Bilodeau
Mis en cause
M. Étienne Laberge, journaliste; M. André Beauvais, rédacteur en chef et le quotidien 24 heures
M. Éric Cliche, directeur de l’information et le quotidien Le Journal de Québec
Résumé de la plainte
M. Dominic Bilodeau porte plainte, le 30 mai 2011, contre le journaliste Étienne Laberge pour information inexacte, absence de rectification et atteinte à la réputation, dans un article intitulé : « Deux policiers suspendus pour usage de force excessive », paru dans le journal électronique 24 heures, le 23 janvier 2011 ainsi que dans le Journal de Québec, version électronique et papier, le 24 janvier 2011.
Commentaires du mis en cause
Les quotidiens 24 heures et Le Journal de Québec ont refusé de répondre à la présente plainte.
Analyse
Grief 1 : information inexacte et absence de rectification
M. Bilodeau précise que ces articles, s’inspirant du jugement du Comité de déontologie policière, ont donné une version erronée et que l’événement rapporté est une « histoire transformée ». Le plaignant souligne que 24 heures a corrigé l’inexactitude, mais déplore que Le Journal de Québec n’ait fait aucune rectification.
Le Conseil observe que dans l’article du 24 heures du 23 janvier paru à 15 h 00, 15 h 09 et 15 h 14 sur Internet et dans la version électronique du Journal de Québec ainsi que dans la version papier du Journal de Québec du 24 janvier, il est écrit que deux policiers du service de police de la Ville de Montréal ont été condamnés « pour avoir battu un chauffeur de taxi ». Or, selon le jugement du Comité de déontologie policière, dont le Conseil a obtenu copie, les policiers ont plutôt répondu à un appel de détresse d’un chauffeur de taxi qui avait été blessé par un individu du nom de Simon Langevin. C’est en tentant d’arrêter le suspect, Simon Langevin, que les policiers ont eu recours à « une force plus grande que nécessaire ». Le Conseil constate donc l’existence d’une information inexacte.
En regard de la rectification, le Conseil rappelle que : « Il relève de la responsabilité des médias de trouver les meilleurs moyens pour corriger leurs manquements et leurs erreurs à l’égard de personnes, de groupes ou d’instances mis en cause dans leurs productions journalistiques, que celles-ci relèvent de l’information ou de l’opinion. […] les rétractations et les rectifications devraient être faites de façon à remédier pleinement et avec diligence au tort causé. » (DERP, p. 46)
Après avoir été avisé par le service des relations avec les médias du SPVM, le journaliste, dans la version de 16 h 58 de l’article publié dans 24 heures, a corrigé sa version des faits pour refléter plus fidèlement le jugement du Comité de déontologie policière. Comme le veut la pratique du Conseil, puisque le mis en cause a apporté rapidement les corrections nécessaires à la bonne compréhension de l’histoire, le grief pour absence de rectification ne sera pas retenu contre le 24 heures.
M. Bilodeau déplore également que la version électronique du Journal de Québec du 23 janvier ainsi que la version papier du 24 janvier aient publié l’histoire erronée de l’événement alors que le 24 heures électronique publiait une version corrigée dès 16 h 58 le 23 janvier.
Considérant que Le Journal de Québec avait, lui aussi, le temps nécessaire de corriger les erreurs d’exactitude avant la sortie de l’édition du 24 janvier et qu’il n’a apporté aucune correction, le grief d’information inexacte et absence de rectification est retenu.
Grief 2 : atteinte à la réputation
L’agent Dominic Bilodeau estime que le fait d’écrire que lui et son collègue avaient « battu un chauffeur de taxi » porte atteinte à leur réputation.
Le Conseil rappelle que la diffamation, le libelle et l’atteinte à la réputation ne sont pas considérés comme du ressort de la déontologie journalistique, mais qu’ils relèvent plutôt de la sphère judiciaire. Comme le Conseil de presse ne rend pas de décisions en la matière, le grief pour atteinte à la réputation n’a pas été traité.
Refus de collaborer
Le 24 heures et Le Journal de Québec ont refusé de répondre à la plainte.
Le Conseil reproche au 24 heures et au Journal de Québec leur manque de collaboration pour avoir refusé de répondre, devant le Tribunal d’honneur, de la plainte les concernant.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient la plainte de M. Dominic Bilodeau contre Le Journal de Québec pour information inexacte ainsi que pour absence de rectification. Toutefois, le Conseil ne retient aucun grief contre le journaliste Étienne Laberge et le 24 heures.
Pour leur manque de collaboration, en refusant de répondre à la présente plainte, le Conseil de presse blâme le 24 heures et Le Journal de Québec.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C17A Diffamation
- C19A Absence/refus de rectification
- C24A Manque de collaboration