Plaignant
M. Mathieu Morin
Mis en cause
M. Carl Monette, animateur; M. André Tremblay, journaliste; Mme Annie Tremblay, directrice générale; l’émission « Le Show du matin » et la station KYK Radio X-Saguenay 95,7 FM
Résumé de la plainte
M. Mathieu Morin porte plainte, le 8 novembre 2012, contre l’animateur Carl Monette et le journaliste André Tremblay ainsi qu’à l’encontre de la station KYK Radio-X Saguenay 95,7 FM, relativement à l’émission « Le Show du matin », diffusée le 7 novembre 2011. M. Morin y dénonce des informations inexactes et l’acharnement, à son endroit de même qu’à l’endroit d’un de ses amis, Alexandre Banville, dont ont fait preuve les mis en cause. Le plaignant a demandé à rectifier les faits sur les ondes de KYK Radio, mais on ne lui a jamais retourné son appel.
Commentaires du mis en cause
La station KYK Radio X-Saguenay 95,7 FM a refusé de répondre à la présente plainte.
Analyse
Grief 1 : informations inexactes
Le plaignant dénonce cinq inexactitudes, rapportées par l’animateur et le journaliste, relatives à (1) la FECQ (Fédération étudiante collégiale du Québec) auquel le plaignant est associé; (2) au poste qu’occuperait le plaignant à la FEUQ (Fédération étudiante universitaire du Québec); (3) à l’organisation qui attribue le prix Gilles-Duceppe; (4) aux fonctions qu’occupait Gilles Duceppe à la CSN et (5) aux expériences de militantisme syndical et étudiant du plaignant.
En regard de l’association du plaignant à la FEUQ, M. Morin précise qu’il a plutôt été un des dirigeants de la FECQ. Le Conseil constate que les mis en cause ont rapidement corrigé l’erreur sur ce point en identifiant la bonne association. Comme dans tous les cas similaires, le Conseil ne retient pas cette partie du grief pour le reproche mentionné au présent paragraphe.
Concernant son implication au sein de l’association étudiante, le plaignant souligne qu’il n’occupait plus cette fonction depuis six mois au moment de la diffusion de l’émission. Considérant que l’animateur a mentionné à tort que le plaignant était encore vice-président de la FECQ, cette partie du grief est donc retenue.
Au point concernant le prix Gilles-Duceppe, le plaignant souligne que c’est le Bloc Québécois qui remet ce prix. Bien que les mis en cause soulignent la proximité de Gilles Duceppe avec le PQ, jamais ils ne mentionnent que ce prix est décerné par le PQ. Cette partie du grief est rejetée.
En regard de l’affirmation, des mis en cause concernant la présidence de M. Duceppe à la tête de la CSN, il s’avère que M. Duceppe a plutôt été conseiller syndical à la centrale de 1983 à 1990. Cette partie du grief est retenue.
Finalement, en ce qui a trait à l’activité syndicale et étudiante du plaignant, ce dernier dit n’avoir jamais rien caché. Toutes les informations à son sujet se retrouvent sur son profil Facebook et Twitter, que M. Monette, dit-il, a d’ailleurs consulté. Cette partie du grief est retenue.
Ainsi, le Conseil retient le grief pour informations inexactes pour trois des cinq points déposés par le plaignant.
Grief 2 : acharnement
Le plaignant estime que l’animateur Car Monette et le journaliste André Tremblay ont fait preuve d’un acharnement questionnable envers lui. Il rappelle ce que les deux mis en cause ont dit sur les ondes : « On me reproche mon manque d’objectivité, mais moi je ne me cache pas, je ne cache pas mes couleurs politiques, je ne cache pas mes convictions tandis qu’eux, c’est un futur journaliste impliqué par-dessus la tête dans plein d’affaires et il ne le dira pas dans ses textes. » Et finalement, « Moi au moins je ne suis pas hypocrite, je ne fais pas de l’objectivité subjective. » Selon M. Morin, MM Monette et Tremblay l’accusent de mauvaise foi sans jamais lui avoir donné la chance de se défendre ou de s’expliquer.
Étant donné que l’émission durant laquelle le cas de M. Morin a été abordé est une émission d’opinion, que les commentaires émis ont été de courte durée et qu’il n’a pas été démontré que les mis en cause abordaient ce sujet de façon répétée et excessive, le Conseil considère qu’il n’y a pas eu d’acharnement. MM. Monette et Tremblay ont exercé leur droit de liberté d’opinion. Le guide du Conseil rappelle que « Le journalisme d’opinion accorde aux professionnels de l’information une grande latitude dans l’expression de leurs points de vue, commentaires, opinions, prises de position, critiques ainsi que dans le choix du ton et du style qu’ils adoptent pour ce faire. » (DERP, p. 17)
Le Conseil rejette donc le grief pour acharnement.
Grief 3 : refus de rectification et de droit de réplique
M. Mathieu Morin dénonce le fait qu’il n’a jamais eu de réponse à sa demande de rectification et qu’on ne l’a jamais contacté pour donner sa version des faits.
Le Conseil croit que, compte tenu des informations inexactes énoncées dans leur émission de radio et des jugements critiques sur les agissements et les écrits du plaignant, sans aucune preuve, KYK Radio X-Saguenay 95,7 FM avait le devoir de corriger ces informations : « Il relève de la responsabilité des médias de trouver les meilleurs moyens pour corriger leurs manquements et leurs erreurs à l’égard de personnes, de groupes ou d’instances mis en cause dans leurs productions journalistiques, que celles-ci relèvent de l’information ou de l’opinion. Cependant, les rétractations et les rectifications devraient être faites de façon à remédier pleinement et avec diligence au tort causé. Les médias n’ont aucune excuse pour se soustraire à l’obligation de réparer leurs erreurs, que les victimes l’exigent ou non, et ils doivent consacrer aux rétractations et aux rectifications qu’ils publient ou diffusent une forme, un espace, et une importance de nature à permettre au public de faire la part des choses. » (DERP, p. 46)
Le grief pour refus de rectification et de droit de réplique est retenu.
Refus de collaborer
La station KYK Radio X-Saguenay 95,7 FM a refusé de répondre à la présente plainte.
Le Conseil reproche à la station KYK Radio X-Saguenay 95,7 FM leur manque de collaboration pour avoir refusé de répondre, devant le Tribunal d’honneur, de la plainte des concernant.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient partiellement la plainte de M. Mathieu Morin et blâme MM. Carl Monette, animateur et André Tremblay, journaliste de même que la station KYK Radio X-Saguenay 95,7 FM, pour informations inexactes, refus de rectification et droit de réplique. Cependant, le Conseil rejette le grief pour acharnement.
Pour son manque de collaboration, en refusant de répondre à la présente plainte, le Conseil de presse blâme la station KYK Radio X-Saguenay 95,7 FM.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C12C Absence d’une version des faits
- C17E Attaques personnelles
- C19A Absence/refus de rectification
- C24A Manque de collaboration